The Jinx

Written by murielle

La vie c’est comme la littérature  ou le cinéma en mieux. On voit un film, on lit un roman et on se dit, bon sang quelle histoire. Puis on apprend que c’est tiré d’une histoire vraie. Puis des années après on apprend que le protagoniste fait l’objet d’un documentaire. Puis ce documentaire fait parler de lui avec une révélation explosive. Tout ça n’est pas très clair, je sais.

Il y a quelques années, un film « All good things » est sorti. Je vous en avais parlé un petit peu ici pour souligner le travail et le talent de Ryan Gosling.

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Pour résumer l’histoire, le film parlait de Robert Durst, un riche héritier américain, soupçonné des meurtres de sa femme ainsi que de sa meilleure amie et de son voisin dans les années 1980. Il a été diagnostiqué schizophrène par des médecins, mais son implication dans ces trois meurtres n’a jamais été prouvée.

Puis un documentaire américain en six parties The Jinx  : The Life and Deaths of Robert Durst est créé. Il est actuellement sur la chaîne tv HBO. Le réalisateur  n’aurait pas souhaité meilleure fin pour cette série puisque il y a seulement deux jours dans le dernier épisode, on entend Robert Durst murmurer pour lui-même : « Et merde, qu’est-ce que j’ai fait ? Je les ai tous tués, bien sûr », ignorant que son micro sans fil était toujours allumé pendant qu’il était aux toilettes.

A la demande de la police de Los Angeles, l’homme âgé de 71 ans a été interpellé samedi dans un hôtel de La Nouvelle-Orléans et placé en détention. C’est un dénouement sensationnel de l’affaire Durst qui passionne les amateurs de vie=roman. Comme l’affaire von Bülow auparavant.

On pouvait se douter que The Jinx serait une bonne série. Après tout le réalisateur est Andrew Jarecki dont le dernier travail Capturing the Friedman avait marqué les esprits. Jarecki a bien une qualité, c’est celle de choisir ses sujets.

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Ce qui est remarquable est la présence à l’écran de Durst lui-même. Il a contacté Jarecki après avoir vu  All Good Things, et a fini par accepter de s’asseoir pour une série de conversations avec le réalisateur. Juridiquement parlant – et c’était incroyable, compte tenu des preuves accablantes – Durst ne pouvait pas être appelé un meurtrier. Bien qu’il ait admis avoir démembré le corps de Morris Black avec un couteau, deux scies, et une hache lors de son procès en 2003, le jury l’avait acquitté.

Mais Durst est une présence toujours vile, et contrairement aux autres films ou livres romanesques construits autour de gens qui sont certainement ou très probablement responsables de la mort violente d’autres personnes – comme The Fog of War, The Act of Killing ou De sang-froid, on ne sentait pas le cinéaste aller chercher en lui une vérité plus profonde. Peut-être parce que c’était impossible. Difficile de composer avec un homme qui présente une personnalité si trouble et une maladie aux composantes – et conséquences – si différentes d’un être à l’autre.

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Dans The Jinx, comme dans son procès et dans les diverses déclarations publiques, Durst est détaché – sa maladie psychique certainement accentuée par sa richesse – de tout ce qui ressemble à l’empathie.

Mais c’est encore une fois une leçon de cinéma documentariste, comme un long chemin à parcourir avec la révélation finale incroyable.

4 thoughts on “The Jinx

  1. Fred says:

    Je me souviens avoir vu le film et je n’avais même pas fait le lien avec l’info hier! Je me demande tout de même si le mec était dans son état normal quand il était aux toilettes. Avec la pression de l’interview et son état psychiatrique, il pouvait très bien parler tout seul à une voix et être dans un état psychotique. Et son avocat pourra encore plaider l’état psy de l’accusé.

  2. Nathalie says:

    Oui je pense aussi qu’il ne sera pas inculpé. Pour avoir lu tes articles et un peu les liens sur les maladies psychiques, je pense qu’il peut fonctionner normalement aux yeux d’un public non averti mais qu’il souffre d’un état psy qui peut lui faire dire des choses. On le voit bien quand une personne parle seule dans la rue et qu’elle semble parler à quelqu’un d’invisible. Je pense que c’est le cas pour lui. Et que ce qu’il dit dans un état psychotique ne peut pas être compté pour vérité, même si effectivement il a tué sa femme et les deux autres. Mais son histoire est fascinante.

  3. Benoit says:

    Ça donne très envie de voir le film et de suivre avec le documentaire!

  4. Eric says:

    Bonsoir. J’ai essayé plusieurs fois de poster un commentaire mais cela n’apparait jamais. Je pense qu’il y a un problème avec mon adresse IP puisque sur un autre réseau je peux. Merci de voir si je suis bloqué?

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