Aux abonnés absents

Written by murielle

Combien de temps avait-il passé au téléphone cette semaine? Un coup de fil pour prendre rendez vous avec son médecin et quelques longues minutes passées avec un ami pour organiser sa visite le week end prochain. Il avait aussi parlé avec son beau-frère pour l’achat d’un cadeau d’anniversaire. Enfin il y avait eu deux appels avec numéro caché qu’il avait ignorés. C’est tout. Il avait jonglé avec les sms et les mails pour le reste de ses communications.

Ceux qui le connaissent savent combien il n’aime pas le téléphone. Il n’aime pas téléphoner et n’aime pas recevoir des appels. Tous essaient de l’appeler en espérant ou en voulant être l’exception, « il ne répond pas aux autres mais moi il m’aime plus alors il répondra… » En vain. Ils s’étaient faits à l’idée que les sentiments et les préférences ne rentraient pas en compte. Il aime mais il ne répond pas. Alors ils se font une raison, ils n’appellent plus et font comme les autres: texter, e-mailer, laisser des messages et attendre.

Ils ne comprennent pas qu’il n’aime pas ne pas voir son interlocuteur. Les petits bruits autour – ou les silences – lui font imaginer que l’autre n’est pas totalement dans la conversation, qu’il feuillette un magazine, regarde la télé ou a d’autres activités en cours toutes aussi ou plus passionnantes que lui.

Puis il y a le moment du départ. Pourquoi est-ce si difficile? Même si la conversation a duré un long moment, même si il a pris le temps de répondre, il n’aime pas que son interlocuteur prenne un ton chagriné quand il annonce enfin son intention de raccrocher. Alors qu’il a dit ou essayé de dire plus ou moins subtilement que ce n’était pas le bon moment, qu’il était occupé, sur le point de partir ou qu’il y avait le feu dans la maison… Il va se sentir coupable. Ou plutôt, il va se sentir encore plus coupable qu’il ne l’était quand il a répondu. Savoir dire bonjour et au revoir est un art qu’il ne maîtrise absolument pas.

Les conversations ne sont pas faites pour le téléphone, elles existent uniquement si on peut se regarder dans les yeux. Le téléphone ne devrait être utilisé que par les amoureux longue distance ou par des professionnels de la ligne. Pas ce genre de professionnel(le)s qui demandent votre numéro de carte bancaire avant de converser, mais ceux et celles qui savent parler, écouter, interrompre en douceur, relancer dans les silences et raccrocher au bon moment sans frustrer l’autre ni être frustré soi-même. Malheureusement il n’appartient pas à ces catégories, alors il va rester encore un peu aux abonnés absents.

10 thoughts on “Aux abonnés absents

  1. Nathalie says:

    Je ne comprends pas. Il ne tient pas compte des autres alors, c’est comme si les autres autour de lui, même ceux qu’il aime, ne comptaient pas pour lui. Il n’a pas de considération pour eux. Je trouve son comportment égoiste.

    • Peut être oui. Ou peut être pas. Ce n’est pas un objet convivial le téléphone.

    • Laurent says:

      Il (ou elle) n’aime manifestement pas le téléphone. Ce n’est pas égoïste mais la manifestation d’une phobie dont plus de 40% de la population font partie (lu sur wikipedia). C’est un objet cruel le téléphone, comme le dit Murielle, pas convivial :-)
      Je le comprends. C’est formidable d’entendre la voix de l’être aimé, de parler avec lui ou elle quand on est loin, de se dire des mots doux, de rire ensemble ou de partager un silence. A part pour ces moments là, le téléphone est inutile et j’espère qu’il deviendra obsolète un jour.

  2. ce que je n’aime pas par dessus tout au téléphone c’est les voix enregistré qui te disent de peser sur le 1 si on veut ceci ou le 2 …. ou nous mettent en attente en disant que notre appel est important pour eux (toujours la voix enregistré) sous une musique qui te tape sur les nerfs …

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