Questionner,  Râler

L’Inde et ailleurs…

Des centaines d’hommes accusés de violence sexuelle envers les femmes, dont plus de 30 accusés de viol, ont été autorisées à se présenter aux élections indiennes au cours des cinq dernières années. Un rapport révèle que des dizaines d’hommes confrontés à des enquêtes criminelles pour « voies de fait », « attentat à la pudeur sur une femme » et autres charges, ont été sélectionnés par les principaux partis pour faire campagne pour des sièges à l’Assemblée Nationale. Les chiffres ont été publiés à Delhi par l’Association pour la réforme démocratique, et sont fondés sur les dossiers des tribunaux et des déclarations électorales déposées par les candidats.

Un soir, il y a deux semaines, une jeune étudiante a quitté un bar et a été prise à partie par une bande d’au moins 18 hommes. Ils l’ont traînée dans la rue par les cheveux, tenté d’arracher ses vêtements et ont souri aux caméras qui filmaient tout cela. Il était environ 21h30 dans l’une des rues les plus fréquentées de Guwahati dans un chaos constant de klaxons.

Mais pendant au moins 20 minutes, personne n’a appelé la police. Ils auraient facilement pu le faire. Beaucoup d’entre eux avaient des téléphones: ils les utilisaient pour filmer la scène. Pourquoi le sait-on? Parce qu’un cameraman de la chaîne de télévision locale était là aussi, capturant sur la pellicule l’attaque, pour le plaisir de ses téléspectateurs sur le canal NewsLive Assam. La jeune femme a été abusée pendant 45 minutes avant l’arrivée des policiers. Lorsque la police est finalement arrivée, elle a été interrogée et soumise à un examen médical pendant que NewsLive re-passait tout au long de la nuit les images de son attaque. Aucune tentative n’a été faite pour arrêter les hommes dont les visages pouvaient clairement être vus en train de rire et de se moquer. Peu de temps après, le rédacteur en chef de NewsLive (qui a démissionné depuis) a fait remarquer sur Twitter que « les prostituées forment une majeure partie des filles qui fréquentent les bars et les boîtes de nuit ».

Cette histoire est un exemple parmi bien d’autres et s’est déroulé bien avant le drame horrible qui fait la une des journaux actuellement.

Il n’y a actuellement aucune loi spéciale en Inde contre les agressions sexuelles ou les harcèlements, et seule la pénétration vaginale par le pénis compte comme viol. Ceux qui ont « molesté » cette jeune femme à Guwahati seront peut-être condamnés pour « outrage ou attentat à la pudeur ». La peine maximale est l’emprisonnement d’un an ou une amende, ou les deux.

De tous les pays riches du G20, l’Inde a été nommée le pire endroit pour être une femme. Mais comment est-ce possible dans un pays qui se targue d’être la plus grande démocratie du monde? Ce sondage de 370 spécialistes du genre qui ont voté l’Inde le pire endroit pour être une femme parmi tous les pays du G20 – avant même l’Arabie saoudite – avait provoqué l’outrage des autorités indiennes à sa publication le mois dernier. Mais les experts étaient clairs dans leur choix. « En Inde, les femmes et les filles continuent d’être vendues comme du bétail, mariées dès l’âge de 10ans, brûlées vives quand il y avait des problèmes de dot et les jeunes filles sont exploitées et maltraitées comme esclaves domestiques».

Bien sûr, l’Inde n’est pas le pire endroit pour être une femme sur la planète – son record de viol n’est pas aussi mauvais que la République démocratique du Congo, par exemple, où plus de 400.000 femmes sont violées chaque année, et les mutilations génitales ne sont pas aussi répandues qu’en Somalie…

Alors oui, on n’est pas si mal que ça en France, mais tout de même… Celles et ceux qui pensent encore aujourd’hui que le féminisme et le combat pour le droit des femmes à vivre dans un climat serein, en étant une égale de l’homme, est un combat dépassé, ringard et uniquement pour les lesbiennes mal baisées, font preuve d’une connerie et d’une ignorance sans limite.

De tous les maux dont l’homme est lui-même responsable, aucun n’est aussi dégradant, choquant ou brutal que son abus de la meilleure moitié de l’humanité, le sexe féminin (et non pas le sexe faible). Gandhi

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