Audrey
Elle s’est toujours sentie différente, parfois supérieure. Une supériorité née de l’opposition, de ce sentiment de révolte contre des attentes médiocres. On attendait peu d’elle. Son joli visage suffirait à lui trouver un mari qui s’occuperait d’elle. Elle travaillerait certainement comme secrétaire, elle aimait lire et ne faisait aucune faute.
Mais elle se savait mieux que ça. Peut être que ce sentiment de supériorité était en elle depuis sa naissance. Quelque chose d’inné et non pas d’acquis. Elle savait qu’elle était bien mieux que tous les autres.
Cette intelligence c’était elle, son moi intime, son bien le plus précieux. Elle ne voulait pas le partager. Aucun homme ni aucune femme ne trouvait grâce à ses yeux, aucun ne méritait de la connaître si bien.
Elle savait se montrer charmante, agréable; on la disait gentille et aimable. Ils étaient tous dupes. Elle n’était rien de tout ça. Elle jouait un rôle, amusant parfois, fatiguant souvent. Elle ne s’était pas mariée, on la soupçconnait lesbienne. Elle s’en moquait. La vérité est qu’elle s’aimait plus que tous les corps qu’elle avait caressés. Ils n’étaient que ça, des corps, des prénoms, Pierre, Philippe, Elise, Eric, Marie et les autres.
Elle avait été dure avec ceux qui lui voulaient du bien. Elle s’en moquait. C’est pour ça qu’elle n’avait jamais pris de drogues, pas même fumé des joints. L’herbe faisait se sentir bien. Elle ne voulait pas se sentir bien et éprouver un bonheur ou une sensation qui vienne d’ailleurs. Elle voulait uniquement ressentir ce quelque chose qui venait de l’intérieur d’elle-même, parce que c’était tout ce qu’elle avait. Elle aimait ce contrôle des sentiments, ne pas donner son affection, ne pas se laisser aller au plaisir. Simuler un sourire ou une jouissance était devenu de plus en plus facile. Faire semblant. Elle savait qu’elle jouerait encore longtemps la comédie de l’amour et de l’amitié.
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14 commentaires
nhetic
Tristement humaine et assez proche de certaines personnes que j’ai pu croisé dans mon parcours de vie. Bref, bien loin d’être si psychopathe que ça, juste dans une norme assez individualiste et égoïste ;)
L’écriture reflète bien le personnage.
murielle
J’aurais tendance à lui trouver des circonstances atténuantes. Qui sait son vécu? Faire semblant est peut être sa manière de survivre. Ou alors oui, elle est simplement, malheureusement, individualiste et égoïste :-)
nhetic
Je ne la juge pas vraiment. Elle a juste su s’adapter à une société aliénante qui t’oblige à jouer ce ballet social où chacun-e avance masqué-e de peur de dévoiler ses faiblesses ou inadéquations avec la norme ambiante :)
Laurent
Tout sauf « Sex and the City » tes articles! Plus proche d’un Patrick Bateman au féminin…
murielle
Ou alors une Carrie Bradshaw sociopathe. Elle aime les sacs à mains plus que les humains…
mu64
Elle fait même peur aux crocodiles alors !
Fred
Cette fois ci je vais lire ce texte comme une fiction sans aucun élément autobiographique dedans. Sinon il y a de quoi avoir peur et pitié de toi/cette femme :-)
murielle
Entièrement fictionnel bien entendu… Ou pas?… :-)
Fred
He he. Je ne crois pas que ce soit toi. Je sais maintenant que tu es parfaitement capable d’écrire quelque chose d’entièrement fictionnel
Audrey
Oh mon dieu! C’est moi cette psychopathe!!??!?
murielle
Oups! Non! Je n’ai pas du tout réfléchi quand j’ai choisi ce prénom. Tu veux que je change?
Audrey
Non c’est bon. :-)
murielle
Ouf!