Philippe

Written by murielle

Pendant des années il s’est posé une seule et même question. Une question qu’il a posé à tous ceux qu’il a rencontrés. Il a aussi observé les réactions de chacun en toutes circonstances, comme ça il pouvait avoir les mêmes. Ce qu’ils faisaient, il le faisait aussi. Il était toujours à l’écoute de leurs réponses, et s’il les aimait, leurs réponses devenaient siennes.

Il était comme un bébé; il apprenait en copiant. Il a écouté plus qu’il n’a parlé. Il a aussi lu beaucoup de livres de développement personnel, de psychologie et même d’astrologie. Il n’avait jamais su qui il était et qui il devait être. Il a toujours cherché à se conformer aux attentes des autres. À ce que ses parents attendaient de lui, à ce que sa femme voulait de lui, à ce que ses enfants espéraient de lui.

Il va avoir 40 ans cette année. Son père est mort, sa mère n’en a plus pour longtemps. Il a quitté son boulot. Il s’est séparé de sa femme et ne voit plus ses enfants. Ils sont mieux sans lui. Sa femme est avec un nouvel homme qui s’occupe bien d’eux, il a les mots et les gestes qu’il faut.

Il a arrêté les clopes, l’alcool et les anti-dépresseurs, il ne supporte plus d’être hors de lui même. Il veut apprendre à ressentir, et surtout il veut devenir quelqu’un. Il se donne un an. Un an pour apprendre à fonctionner. Trouver la réponse à l’unique question qui le taraude. Mais il va d’abord commencer par apprivoiser le sommeil. Il a besoin de dormir. Il repense à cette phrase de Nietzsche: « La pensée du suicide est une puissante consolation ; elle aide à passer plus d’une mauvaise nuit ».

Getting strong today, a giant step each day
I’ve been told only fools rush in, only fools rush in

16 thoughts on “Philippe

  1. Nathalie says:

    Quelle est la question qu’il se pose?

    • Eric says:

      Qu’est-ce qu’être un homme?

  2. Fred says:

    Comment vivre?
    Comment être un homme?
    C’est quoi le bonheur?

    • Décidemment j’ai de bons lecteurs qui posent les bonnes questions!

  3. Qui ne tombe pas ou n’est pas tombé dans le trou d’où Philippe veur sortir? Je lui souhaite bonne chance et bon courage.

  4. La question centrale de l’existence: qui suis-je?
    Joli texte qui reflète à merveille ces errances que l’on peut ressentir toute sa vie à partir du moment où l’on sort des rails du paraître.

    • Du paraître ou comme Antonio le souligne aussi justement, être dans un trou, quelque chose proche de la dépression je pense.

      • humm, oui le commentaire d’Antonio est très pertinent même si je pense que ce trou n’est pas vraiment une dépression mais plus une occasion de se remettre en question par rapport à ses propres désirs que l’on a trop tendance à abandonner aux bénéfices du bonheur d’autrui…

        • Nathalie says:

          Poser encore une fois la question du bonheur personnel et l’opposer au bonheur des autres. Encore une multitude d’interprétations! :-)

          • Et c’est très bien comme ça!

  5. Il est sur la pente descendante. Il faut qu’il voie d’urgence un psychothérapeute ou un psychiatre qui l’aident à avoir une personnalité en propre. Nietzsche n’est pas un modèle de vie réussie, même s’il a eu un succès posthume (ce qui lui fait une belle jambe).

    • Et de me mordre la langue dans la vraie vie pour ne pas faire la leçon à celle ou celui qui citerait Nietzsche. Une âme troublée malheureusement très malade.

      Quant aux psychiatres, peuvent-ils vraiment aider?…

      • Ceux qui sont relativement âgés ont une certaine expérience de cas semblables. Après il faut qu’il y ait une sorte d’alchimie entre le patient et l’homme de l’art. Il y a un moment où il faut reconnaître que, tout seul, on ne peut pas y arriver. Cette démarche (de reconnaître que tout seul, on y arrive pas) est souvent le début d’une « guérison » ou au moins d’une stabilisation.

quelque chose à dire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.