Écrire,  Lire

Sur la solitude … et des livres

C’est quand il est tombé malade qu’il s’est rendu compte de sa solitude. Plusieurs jours sans visiteurs, personne pour se soucier de lui, passer à l’improviste pour lui apporter une soupe ou voir s’il avait besoin de quelque chose. Il a compris ce jour là que la proximité physique avec ceux qu’il aimait ne changeait rien. Il était seul. Comme c’était agaçant de demander de l’aide ou de l’attention ! Et humiliant. Il ne voulait plus demander. Il croyait que si on aimait quelqu’un on n’attendait pas qu’il demande de l’aide. On faisait les premiers pas, quitte à faire le forcing. Il avait tort, probablement…

C’était comme ça la solitude. Étranger sur la terre, étranger à soi-même, étranger aux autres…

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Man lying on a wall L.S Lowry

Des livres:

Tout avait commencé avec Crusoé et ses 28 années passées sur une île presque déserte. Et puis Les carnets du sous-sol de Dostoievski où la solitude qui fait souffrir est préférable à la présence des autres.

Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Un homme plutôt désagréable. Je crois que j’ai le foie malade. D’ailleurs, je ne comprends rien du tout à ma maladie et ne sais même pas au juste ce qui me fait mal. Je ne me soigne pas et ne me suis jamais soigné. C’est bien par méchanceté que je ne me soigne pas. J’ai mal au foie ! Tant mieux ! Qu’il me fasse souffrir encore plus.    

Les récits de Kafka ont suivi. Ensuite L’étranger et L’attrape-coeur qui traitent aussi de la solitude. Mais toute histoire de solitude n’est pas l’histoire d’un isolement extrême.  Il y a aussi ces histoires d’individus apparemment bien intégrés dans la société, qui néanmoins passent le plus clair de leur temps avec eux-mêmes. Et se sentent différents, à part, ou en dehors du monde? Par choix ou par obligation.

Mémoires d’Hadrien – Marguerite Yourcenar

Hadrien est un philhellène solitaire, sensuel, introverti et philosophe, qui pour le bien de Rome, doit être un homme public. C’est l’histoire d’un homme seul. Et Yourcenar l’a écrite. Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc-Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. Flaubert

Les vestiges du jour – Kazuo Ishiguro

L’évocation de Kazuo Ishiguro d’un majordome psychologiquement castré continue de m’impressionner. La rectitude creuse de Stevens et sa méticulosité ne visent qu’à se tromper lui-même. Il est seul, malgré lui. Tous les livres traitent de la solitude. Auprès de moi toujours est aussi une histoire de solitudes.

Le journal d’Edith – Patricia Highsmith

Quand faire le bilan de sa vie est souffrance et que tout n’est que naufrage et échec, pourquoi ne pas écrire un journal et s’inventer une autre vie où la solitude n’existe plus. Fantasmes, rêves et désirs pour aider à vivre ou sombrer dans la folie.

Le coeur est un chasseur solitaire – Carson Mc Cullers

Tous les personnages sont hantés par la solitude. Lire ce livre c’est savoir que son coeur sera arraché, piétiné et jeté à la mer pour être dévoré par les requins. Comme je l’ai fait mon chemin à travers ce voyage, J’ai espéré et espéré que les choses se passeraient bien pour ces personnes brisées. Mais les choses ne se passent pas toujours bien dans la vie. Nous avons tous l’expérience tragique, et nous sommes, chacun d’entre nous, des chasseurs solitaires.

Le maître – Colm Toibin

Le portrait fictionnel d’Henry James et une description poignante d’un homme seul, qui se coupe du monde  pour plonger dans la création.

Une trop bruyante solitude – Bohumil Hrabal

Parce qu’il faut aussi lire des fables politiques, absurdes et révoltées sur la solitude. Et parce qu’il n’y a pas que Kundera comme écrivain tchèque.

La petite sirène – Hans Christian Andersen

Oui je sais, c’est un choix étrange. Enfant, c’était mon conte favori de par sa fin malheureuse  (docteur?).  Il raconte l’histoire d’une jeune sirène qui tombe amoureuse d’un prince humain, sacrifiant tout pour devenir humaine, et avoir une chance de gagner son amour et une âme immortelle. Bien entendu, le  message implicite que pour trouver l’amour (et en effet, le salut) une femme doit changer quelque chose de fondamental dans sa nature, et devenir quelque chose qu’elle n’est pas, va à l’encontre de ce que je ressens. Et  bien malgré tout,  je me trouve attirée cette histoire, toujours aux prises avec son récit de la solitude, du sacrifice et de la souffrance des femmes.

La mer, la mer – Iris Murdoch

Que dire? Que parfois vouloir devenir un hermite est un combat de tous les instants contre les autres…

 

Je crois que chaque créature humaine est une île. Si je n’avais pas été seul, aucun de mon travail ne serait arrivé.

L.S Lowry

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