Râler,  Sourire

horresco referens…

Je n’ai absolument pas pour habitude de détester les enfants. Développer une aversion pour quelqu’un de beaucoup plus petit et fragile que soi, quelqu’un que l’on peut prendre et soulever avec un seul bras, est hors de question. Les enfants sont, en principe, des êtres innocents, charmants quoique parfois bruyants et fatiguants.  Mais la semaine dernière, oh… la semaine dernière …

La semaine dernière, il y a eu un sursaut du soleil après des semaines à bouder le ciel. Un temps ensoleillé parfait pour aller au parc avec un enfant de presque 3 ans. Beaucoup de gens ont eu la même idée de génie. Pour un enfant qui est dans le processus d’apprentissage de notions de base telles que le partage, le respect et l’équité – notions apparemment démodées dans la vie adulte – jouer est un passe-temps formidable. Le parc était une société modèle, un lieu ouvert à tous, un lieu où un ballon à moitié dégonflé, un bout de bois, un ver de terre et un bac à sable font le bonheur de ces êtres de petite taille.

Jusqu’au moment où un enfant est venu avec sa tablette super bruyante et super brillante. Et de voir tous les enfants lâcher leurs trésors pour vouloir jouer avec la modernité.

« Je veux la même chose! » a crié un bambin. « Blah mma mil tati » a répété un autre plus petit.

« Vous ne pouvez pas l’avoir » a déclaré la dure réalité. « Mais pourquoi?! » dit le bambin, déjà en larmes. Et ce fut la fin. Il était inconsolable. J’ai regardé autour de moi, et j’ai vu des enfants tout aussi bouleversés. Quant au petit garçon à tablette, il continuait tranquillement son chemin, ses parents derrière lui, complètement indifférents au drame qu’ils avaient provoqué, apparemment sourds aux hurlements des victimes innocentes laissées dans leur sillage.

Et j’ai pensé: « vous êtes les pires personnes au monde ». C’était bien entendu avant que je me souvienne qu’il y avait aussi sur cette terre Christine Boutin, Marc Aillet, David Cameron, Paolo Di Canio, Ludovine de la Rochère, Jean-François Copé, Buju Banton, Bachar el-Assad et Vladimir Putine (liste bien entendu non exhaustive).

Naturellement, j’ai confronté les parents, arrêté la progression de leur enfant en le retenant par la capuche avant de les réprimander bruyamment sur leur comportement irresponsable tandis que les gens autour de nous regardaient, m’acclamaient et scandaient mon nom, ébaubis et impressionnés par ma juste indignation.

Ça, c’était dans ma tête. Bien entendu, en réalité, je n’ai rien fait. Enfin, presque rien, j’ai un peu remué la tête en levant les yeux au ciel. Et plus tard, quand je suis rentrée chez moi, j’ai héroïquement cherché sur internet le prix de la tablette, dans l’espoir de découvrir que ça coûtait une fortune afin que je puisse haïr ces parents deux fois plus.

Mais non: c’était beaucoup moins cher que mon estimation. Encore un montant injustifiable à dépenser pour un si jeune enfant, mais pas aussi financièrement révoltant que je l’avais prévu – ce qui en fait est encore pire.

Quelque chose d’accessible veut dire qu’il y aura beaucoup plus de ces choses dans les cours de récré et dans les squares pour changer les esprits et ruiner des moments parfaitement heureux. Il y a des dizaines d’enfants aussi jeunes que 3 ans qui grandissent en pensant que c’est tout à fait normal d’avoir tout et plus encore. Finalement, la baisse du prix pousse les parents à acheter à leur progéniture le dernier gadget à la mode pour les anniversaires et les Noëls, de peur d’être poursuivis en justice pour négligence des années plus tard. On dépense beaucoup et on oublie que peu c’est parfois mieux.

Une seule chose à faire. Le gouvernement devrait saisir chacun de ces gadgets et employer un sosie de Freddy Krueger pour les brûler en direct sur Gulli un samedi matin. Vous serez d’accord avec moi, ceci est la seule action raisonnable.

10 commentaires

quelque chose à dire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur DES CHOSES À DIRE

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture