Une envie de râler un peu
Parce qu’il n’y a rien de mieux pour le système que râler un peu voici en plus ou moins bref deux choses lues dans Vanity Fair qui m’ont prodigieusement agacée.
1. Robin Thicke décrit son couple comme John et Yoko. J’hésite. Entre simplement dire « mais quel con! » – quoique « sleazy wanker » sonne bien bien mieux – ou développer. Et dire qu’il faut beaucoup de grandeur d’âme et de retenue pour ne pas souhaiter à ce un mec vulgaire, fils d’un acteur célèbre, qui n’a rien de prolétaire, avec une voix loin d’être d’exceptionnelle, dont le seul hit est une chanson catchy mais ambigüe, qui n’a aucune conscience politique ou sociale (à moins que l’objectification des jeunes femmes et son insistance à leur dire qu’elles « en veulent » soit une philosophie), la même fin terrible que John Lennon.
Et de conseiller pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, le film superbe de Sam Taylor-Johnson Nowhere Boy
2. L’interview de Mia Farrow. A croire qu’il a été fait pour illustrer la citation de Woody Allen: « Je préfère l’incinération à l’enterrement, et les deux à un week-end avec ma famille ». Parce que parler de lecture inconfortable est encore loin de la vérité et si Allen lit cet article, la mort serait certainement un soulagement bienvenu.
L’interview apparaît dans le numéro de Novembre du magazine, et couvre toute la gamme du simplement grotesque – la fille du couple se demande comment Woody a le culot de lui dire que ses filles avec sa belle-fille/épouse Soon-Yi la considèrent comme leur sœur – aux horreurs indicibles jusqu’ici: « je me souviens de ce qui s’est passé dans le grenier », par sa fille Dylan Farrow.
Quant à Ronan, toujours décrit comme le fils biologique de Woody et Mia avec la désinvolture horrible qu’ont les gens pour faire la distinction entre les enfants adoptés et naturels – eh bien, il s’avère qu’il pourrait être de la version non-biologique. Interrogée d’emblée par Vanity Fair si Ronan est le fils de Sinatra, Farrow répond: « Peut-être ».
Mais si ce détail peut être apprécié comme une curiosité show-business – et une trame de fond pour un film à succès – le reste de la confession est incroyablement de mauvais goût. De l’exhumation de l’argumentation juridique et médicale sur les accusations d’abus sexuels sur Dylan, y compris les enquêteurs anonymes qui parlent avec une candeur troublante de leurs doutes, jusqu’à une resucée sordide de cette bataille jurifique frénétique d’il y a quelques années – je me demande pourquoi Farrow a décidé de parler de tout ceci à nouveau.
Ce n’est pas le genre de choses avec lequel on peut faire la paix, bien sûr, mais en exposant ainsi à la publicité , une famille avec ses fragilités et ses besoins spéciaux, elle semble prête à payer un prix élevé pour rappeler au monde ces histoires sordides. Si, en effet, c’est ce qu’elle cherche à faire. Mia Farrow: mère de l’année?
Et c’est peut-être là l’aspect le plus ironique du destin de Woody Allen: il est souvent un auteur/réalisateur touché par la grâce, capable de mettre en scene avec un sens extraordinaire de l’humour des vignettes de vie des plus ridicules aux plus poétiques. Mais les deux dernières décennies de sa vie sont lues comme une série d’intrigues si scandaleusement bas de gamme, si grotesques que même les scénaristes de télé-réalité n’en veulent pas. Peut-être que la révélation Sinatra va avoir une place dans l’inspiration artistique de Woody Allen – le petit gars juif qui se marie avec l’ex de cette star, seulement pour qu’il devienne évident qu’ils ne sont pas vraiment exes, et qu’il a été cocufié par le crooner qui chante « New York, New York ».
Parce que même moi, je peux l’imaginer discuter cette histoire dans une scène comique avec Alan Alda dans un restaurant chic de Big Apple.
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7 commentaires
Ranx Ze Vox
Mia Farrow a eu un enfant avec le démon, ça n’a pas dû l’arranger. Soyons indulgent.
Hugo
murielle
Eh oui c’est vrai j’avais oublié! :-)
burntoast
En ce moment aux Etats-Unis, on parle aussi de la ressemblance entre Ronan et Sinatra et des « aveux » de Mia Farrow. L’analyse ADN devrait trancher (si Ronan l’accepte).
Je n’aime pas trop le ton général de Vanity Fair. J’avais acheté le 1er numéro et le deuxième pour Audrey Hepburn.
Nathalie
Cette photo de John et Yoko est magnifique.
Nathalie
Je savais pas qui était le père de robin thicke.
Nowhere Boy est super. Je crois qu’on comprend mieux John Lennon avec ce film. C’est très émouvant, j’ai beaucoup pleuré!
Audrey
Elle est tout de même bizarre Mia Farrow. C’est difficile de savoir le faux du vrai et de mêler ses engagements humanitaires en Afrique et parler de la vie plus que privée de ses enfants, c’est presque malsain.
Diane Keaton c’est autre chose!
Laurent
C’est clair que tu n’aimes pas Thicke. Sleazy wanker :-)
Le cas Mia Farrow est vachement plus délicat. Si ce qui s’est passé est avéré, le fait d’étaler tout ça sur la place publique est ridicule. Et puis en parlant avec tant de mal de leur père, en disant qu’ils n’ont pas été aimés, c’est un truc qui les suivra toute leur vie. Comment on se construit psychologiquement avec tout ça?