Écrire

Paul (part1)

Vouloir les choses à ma manière n’est pas quelque chose que j’aime à propos de moi-même. De mon amour des droites perpendiculaires à mon point de vue tenace sur des questions complexes – uniquement coloré en noir et blanc –  je reconnais que je peux être une personne très difficile à vivre.

J’ai d’innombrables habitudes qui ne servent à rien, mais je suis impuissant à les éviter. J’organise mes pièces de monnaie par taille dans mes poches, et rien ne me donne plus de confort que de savoir que mes fourchettes, couteaux et cuillères sont tous au bon endroit, mosaïque magnifiquement organisée dans le tiroir de gauche.

Je suis sûr que beaucoup de gens trouvent qu’il est difficile de s’installer pour regarder un DVD avec une toile d’araignée qui se balance derrière le téléviseur. Mais si la toile d’araignée n’est pas derrière le téléviseur – ou même dans la même pièce – mais se cache dans la chambre d’à côté ? Pourrez-vous vous détendre et apprécier le film?

Si je devais avoir un motto, ce serait, « le plaisir doit être sacrifié à l’efficacité. » C’est plus difficile d’essayer tout le temps, c’est plus difficile d’être monogame que de dormir avec qui vous voulez et c’est plus difficile d’être déçu par l’échec que d’en rire et de passer à autre chose.  Je ne tente plus rien de nouveau parce que j’ai peur d’échouer. Dans mon garage, il y a un sanctuaire dédié à la personne que j’aurais pu devenir : de nombreux instruments de musique cassés, une raquette de squash, un appareil photo dans sa boîte d’origine, ma Roland VM-3100.

Une expérience n’apporte aucun plaisir, à moins que ce soit parfaitement réussi la première fois. Mais il y a une autre partie de moi qui se demande pourquoi, si ma voie est la bonne, elle m’a amené à vivre seul, loin de ma famille et amis. J’ai déménagé ici quand j’ai quitté l’université. J’ai voulu déscendre du tapis de course et prendre le contrôle de mon avenir. Je voulais un endroit où je pourrais être anonyme pour atteindre mon but, sans rien ni personne pour me distraire. Cette ville me semblait l’endroit idéal pour me réinventer. Pourtant à aucun moment de mon adolescence je n’ai pensé: « quand j’aurai 20 ans, je vais avoir mon propre appart, près d’un hypermarché et avec un bon réseau de transports. »

Je tiens à souligner ici qu’il y a beaucoup de points positifs à prendre la vie au sérieux, comme je le fais. Par exemple, je ne me souviens pas de la dernière fois que je suis tombé. Qu’il neige ou qu’il gêle, je peux rester debout, bien moins par ma grâce féline que, par mon refus obstiné de quitter la maison. Je préfère rester chez moi que de trébucher et faire rire les passants. Tomber est la démonstration de deux théories opposées: la conséquence inévitable d’une attitude volontariste, le « je tente, je fonce, je prends des risques » ou l’incapacité à accomplir la tâche rudimentaire de marcher. Inutile de dire que j’adhère à la dernière idéologie.

Quand il s’agit des plaisirs simples de la vie, une demi-heure avec une bière et un bêtisier à la télé est difficile à battre. Parfois, je dois revenir en arrière et regarder le même clip, encore et encore (je parle de toi, la fille qui tombe de son embarcation dans le lac). Je ris, incontrôlable, de soulagement. « Ç’aurait pu être moi ». Je regarde les gens se cogner dans les baies vitrées, les hommes recevoir une balle dans les parties et je traite chaque spectacle comme un manuel de formation pour la vie, en évitant les passe-temps qui représentent un risque inutile. Je ne connais pas les jeux improvisés, je ne cours pas dans l’herbe quand il pleut, je ne mets jamais de t-shirt blanc et je ne porte pas le gâteau d’anniversaire surprise.

Je sais que les chutes finissent toujours dans la douleur et l’humiliation; tomber, tomber en disgrâce. Et même, dans mon expérience, tomber amoureux.

(à suivre)

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