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Retour à Little Wing

Il y a des livres qui sont l’équivalent littéraire de quelqu’un – un chanteur- qui vous saisit par la gorge et vous crie dessus pour que vous les écoutiez. Et il y a des livres, comme celui de Nickolas Butler, Retour à Little Wing, qui font les choses plus discrètement, lentement, qui trouvent leur chemin jusqu’à votre âme jusqu’à ce que vous entendiez leur mélodie pour ne pas l’oublier.

Celui-ci est un cadeau. Par quelqu’un qui savait que j’avais besoin de cette douceur et qui me savait fan de Justin Vernon.  Un roman comme une chanson.

nickolas-butler-retour-little-wingPrésentation de l’éditeur :

« Ces hommes qui sont tous nés dans le même hôpital, qui ont grandi ensemble, fréquenté les mêmes filles, respiré le même air. Ils ont développé une langue à eux, comme des bêtes sauvages. » Ils étaient quatre. Inséparables, du moins le pensaient-ils. Arrivés à l’âge adulte, ils ont pris des chemins différents. Certains sont partis loin, d’autres sont restés. Ils sont devenus fermier, rock star, courtier et champion de rodéo. Une chose les unit encore : l’attachement indéfectible à leur ville natale, Little Wing, et à sa communauté. Aujourd’hui, l’heure des retrouvailles a sonné. Pour ces jeunes trentenaires, c’est aussi celle des bilans, de la nostalgie, du doute… Nickolas Butler signe un premier roman singulier, subtil et tendre, récit d’une magnifique amitié et véritable chant d’amour au Midwest américain.»

« Ecrivez sur ce que vous savez » est souvent le premier conseil donné aux aspirants écrivains de fiction, et il ne fait aucun doute que Butler connait Little Wing sous toutes ses coutures, une ville agricole qui occupe une place centrale dans le cœur de quatre hommes – amis d’enfance. C’est un roman à plusieurs voix, les hommes et une femme qui était l’amie d’enfance d’au moins deux d’entre eux. Chacun leur tour, ils nous racontent – dans les chapitres alternés – leur Winsconsin, leur rapport à leur terre, leur vie, leur espérance, leur amour et aussi leur désillusion.

Kip est un ex-trader arrogant et antipathique qui a fait fortune à Chicago et a dans l’idée de transformer la vieille fabrique désaffectée en restaurant. Kip, ex-trader arrogant et antipathique, a fait des millions pour les autres et pour lui-même mais est revenu à Little Wing afin de restaurer la vieille fabrique désaffectée et d’en faire un centre commercial. Il veut aussi montrer la belle femme qui sera la sienne.

Hank et Beth, son amour de jeunesse, sont le couple qui est resté à la ferme à Little Wing et, en dépit de leurs difficultés financières, sont en quelque sorte l’envie des autres.

«C’est drôle d’être mariée à quelqu’un depuis si longtemps, d’être sa meilleure amie depuis si longtemps. Parce que en ces rares occasions où il vous surprend, on a l’impression d’assister à un événement sensationnel, comme si le ciel se fissurait ou que la lune apparaissait à l’horizon vingt fois plus grosse que d’habitude»

Lee, dit «Corvus», est le meilleur ami de Hank, folk star – inspirée du formidable Justin Vernon/Bon Iver – avec lequel Butler était au lycée – qui parcourt le monde mais revient se ressourcer dans sa ville d’enfance.

«Il écrivait des chansons sur notre coin du monde : les champs de maïs à perte de vue, les forêts reboisées, les collines bossues et les vallons striés. Le froid tranchant comme une lame, les journées trop courtes, la neige, la neige, la neige. Ses chansons étaient nos hymnes – nos porte-voix, nos micros, nos poèmes de juke-box. Nous l’adorions ; nos femmes l’adoraient. Nous connaissions toutes les paroles de ses chansons, et parfois, nous y figurions.»

Ronny, lui, est un ex-champion de rodéo, alcoolique, qui est un peu différent après plusieurs accidents.

« Notre ami Ronny Taylor était alcoolique. La boisson lui avait joué un sale tour. Un soir, ivre, il était tombé sur le trottoir devant le bar des VFW1, dans la rue principale, et il s’était violemment cogné la tête, se brisant aussi quelques dents.

Toute la nuit et tôt le lendemain matin, pendant que Ronny était bouclé en cellule de dégrisement, son cerveau s’était vidé de son sang. Quand le shérif l’avait transporté aux urgences de l’hôpital d’Eau Claire pour y être opéré, il était trop tard. Les séquelles seraient lourdes et irréversibles. Personne ne l’avait exprimé clairement, mais nous nous étions demandé si tout cet alcool n’avait pas fluidifié son sang et aggravé l’hémorragie. Ronny n’avait plus jamais été le même, il était devenu comme une nouvelle version ralentie de lui-même.»

Il y a quelques mariages dans le roman, des séparations, un voyage à New-York et beaucoup de confessions provoquées par l’ivresse. Mais il y a aussi une profonde empathie pour les personnages et cette ville que le lecteur partagera probablement, une appréciation de ce que l’Amérique était, ou pourrait être.

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Malgré quelques défauts un peu «soap-opera», Retour à Little Wing va toucher une corde sensible chez le lecteur qui vit sa vie comme une chanson folk.

Parce que la folk music raconte une vérité avec des mots simples. Une vie tendre et douloureuse, comme nostalgique de quelque chose qui n’a peut-être jamais été ou alors trop fugacement. Une vie difficile, qui ne connait pas le repos de l’âme mais veut garder un sens moral même quand tout semble si fragile comme asphyxié.

Enfin et surtout c’est une ode à l’amitié.

Un roman comme une chanson du merveilleux Pete Seeger …

When I think of the ways that I’ve grown
I know I couldn’t a’ made it alone
I owe a lot to the sharing, caring, daring
Wonderful friends that I’ve known
I owe a lot to the sharing, caring, daring
Wonderful friends that I’ve known

Here we are all in one place
All gathered together
We’ve helped each other down this road
Whatever the weather
We have no need for pots of gold
For friends are a treasure
So hold hands and sing it again

Pete Seeger – Wonderful friends

4 commentaires

  • Fred

    Oui. Un roman comme une chanson. Je lis souvent de romans qui me mettent une musique dans la tête, rock, punk ou autre. Toi bien entendu, celui qui t’as offert ce livre te connait et doit t’aimer un peu pour savoir si bien t’avoir touché avec cette histoire.
    Il faut que j’ajoute ma part de compliment au commentaire de Marie-Claire dans un autre article. Bravo pour ta façon de parler des livres.

  • Nathalie

    C’est une très bonne comparaison. Un roman est une longue chanson finalement et son histoire, le rythme des mots choisis en feront la mélodie. J’ai très envie de le lire parce que ça parle de personnes et de vies.

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