Check your privilege
Voilà ce que c’est de quitter le cocon de wordpress. com pour héberger son site ailleurs et perdre dans le déménagement quelques articles et photos. Ce n’est pas si grave, c’est l’occasion de revisiter des sujets qui me tiennent à coeur.
Merci tout d’abord pour tous les commentaires sur le dernier « je n’aime pas ». Je n’ai pas répondu individuellement par manque de temps, d’énergie. Franchement je n’avais pas le coeur à discuter les pour et les contre, à enchainer les conversations que des réponses n’auraient pas manqué d’engendrer.
Donc… L’injonction « check your privilege » (« vérifiez votre privilège ») est devenu l’un des grands cris de ralliement de 2013 dans les pays anglo-saxons , et si vous ne l’avez pas encore entendu ou lu ici, j’espère que ce le sera bientôt. Parce qu’il serait temps que les politiques et quelques médias y soient confrontés plus souvent.
Pour être juste envers eux, son sens n’est pas toujours évident, parce que trop souvent on abuse de l’expression bien intentionnée. Mais grosso modo, c’est une façon de dire à quelqu’un qui donne un avis qu’il doit se rappeler qu’il parle à partir d’une position privilégiée, parce qu’il est – assez souvent – blanc, mâle, hétérosexuel, valide et financièrement aisé.
Avoir un privilège c’est penser que quelque chose n’est pas un problème parce que ce n’est pas un problème pour soi. C’est une exhortation impertinente à reconnaître la politique d’identité et l’intersectionnalité (l’école de pensée qui dit, par exemple, que les différentes minorités subissent l’oppression différemment).
C’est ce « check your privilege » qui manque souvent aux commentateurs de la vie politique, sociale, etc. C’est peut-être ce « check » qui manque à la presse générale. C’est ce même « check your privilege » qui fait défaut aux internautes quand quelqu’un se plaint de racisme ambiant, d’antisémitisme ou autre ségrégation et qu’on l’ignore ou le moque.
Cela va pour les classes sociales, les histoires de vie, les sexualités, les physiques, les handicaps, les origines, les maladies, etc.
Ceux, qui comme moi, passent trop de leur temps sur les médias de langue anglaise, sont habitués à voir cette phrase apparaître dans les commentaires. Une des premières utilisations est apparue sur un site qui parlait de justice sociale, quand un blogueur a calmement écrit sur la façon dont tout le monde parle dans une certaine mesure d’une position de privilège et qu’ils devraient prendre en compte que les autres ne sont pas aussi privilégiés qu’eux.
En gros, qu’il faudrait penser parfois à se mettre dans la peau d’un autre, ou « walk a mile in my shoes »…
Puis l’expression a trouvé sa place naturellement sur les blogs – souvent féministes – parce qu’il y avait un ras-le-bol des femmes de se voir opposer des arguments venant d’hommes qui n’avaient absolument aucune idée de ce qu’une femme pouvait parfois subir dans sa vie personnelle, sociale ou au travail.
Bien sûr, « check your privilege » peut être envisagé comme un trope profondément stupide qui indique que seuls ceux ayant une expérience personnelle de quelque chose devrait commenter, éliminant ainsi toute objectivité. Mais bien employé, ce n’est pas le cas. Il n’est pas question de censurer, de se taire ou de réprimer. Il est là pour mettre le spot sur les inégalités, les éliminer et promouvoir la diversité.
C’est plutôt un rappel bien intentionné pour pousser les classes politiques, les responsables de l’opinion et quelques individuels à écouter et entendre d’autres voix, puis prendre leur part de responsabilité et faire leur travail.
Et de laisser la liberté aux satiristes, artistes, auteurs, clowns et comédiens de faire le leur…
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4 commentaires
Pierre
Aujourd’hui j’ai appris un nouveau mot : intersectionnalité. Ton article est intéressant mais naïf. Que ce soit sur internet ou dans la vie, les gens qu’ils soient au pouvoir ou pas, se fichent de savoir comment c’est pour l’autre. Il y a une manif mais ensuite on revient dans sa petite vie, chacun pour soi, chacun ses problèmes et on ne comprend pas que l’autre puisse voir et ressentir différemment. En plus, vérifier ses privilèges entraine le politoquement correct à outrance. On n’osera pas dire des choses de peur d’être corrigé avec un tu ne peux pas savoir, tu ne connais pas le problème, etc etc…
Sim
Voeu pieu de penser que check your privilege serait utilisé par les politiques. Faut voir le manque de diversité à l’assemblée. L’intérêt personnel a pris le pas sur l’intérêt du peuple. Faut voir la récupération politique d’hier. Écoeurant de voir des politiques étrangers qui viennent manifester en France et ne protègent pas la liberté d’expression dans leur propre pays.
Nathalie
Finalement check your privilege est la manière aussi de mettre les responsables politiques et les citoyens face à leur responsabilité en acceptant les différences.
Fred
C’est plutôt un rappel bien intentionné pour pousser les classes politiques, les responsables de l’opinion et quelques individuels à écouter et entendre d’autres voix, puis prendre leur part de responsabilité et faire leur travail.
Et de laisser la liberté aux satiristes, artistes, auteurs, clowns et comédiens de faire le leur…
Bravo!