des oui et des non

Written by murielle

Quand je dis oui c’est la plupart du temps avec un sourire et enthousiasme non feints. Puis, quelques minutes après je le regrette et ce jusqu’au moment où j’aurais à faire ce qu’on m’a demandé de faire. Ensuite tout ira bien. C’est le « avant » qui me pose problème.

L’anticipation devrait être positive, joyeuse ou au pire neutre, mais chez moi elle est synonyme de corvée, d’obligation et d’envie de tout annuler.

J’aime les sorties ciné/théâtre/spectacle/anniversaire/soirée/restaurant mais le trajet, le choix d’une tenue – qui ne va jamais  – d’un cadeau, d’un met à préparer ou d’un nouvel endroit deviennent des obstacles pourtant naturellement surmontables.

 

woman-sleepingL’envie de dormir qui se présente opportunément quelques heures avant le « faire », les yeux impossibles à garder ouverts, les bâillements intempestifs, l’envie de se glisser dans sa tenue la plus confortable – et qui n’inclut pas le port de sous-vêtements – la tentation d’une tasse de thé et d’une vidéo se révèlent tout aussi attrayants que n’importe quelle invitation.

Et de regretter alors d’avoir dit oui à une invitation. Mais, et parce que la nature m’a faite contradictoire, je serais également très malheureuse si je ne faisais pas partie de la liste d’invités. Le sentiment de rejet serait péniblement supporté et incompris…

C’est à se demander ce que cela veut dire psychologiquement. Parce que tout de même, les invitations acceptées ne se sont aucunement révélées désastreuses. Enfin, du moins à mes yeux,  ignorante bienheureuse du fracas causé ou des commentaires issus dès mon départ.

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Je suis plutôt sociable, j’aime rire et je peux à l’occasion converser sérieusement. Je sais également contenir mon envie de contredire quelqu’un et lui prouver par a plus b que son raisonnement ne tient pas la route.

Personne ne m’a encore mise à la porte, ni appelé les forces de l’ordre. Je considère ce constat positif.

Alors pourquoi donc ce regret d’avoir dit oui alors que je sais pertinemment que je m’amuserai, et que je serai en bonne compagnie? Il fut une période de rendez vous manqués, ignorés et évités.

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Mais par bonheur  il est des choses auxquelles j’ai dit oui et que je n’ai pas regrettées.

Mon dernier RDV chez le dentiste. Cette fichue dent m’a fait souffrir le martyre et le passage sur le fauteuil du dentiste fut encore plus douloureux. Jusqu’à ce que ce soit terminé et que je puisse à nouveau mâcher et parler sans baver…

Le brunch du week-end avant 11h du mat’. Tout d’abord parce qu’un brunch se doit d’être après 11h. Breakfast et lunch mélangés ce n’est pas à 9h ou 10h. Sinon ça s’appelle un petit-déjeuner. Mais ce n’est pas mal non plus.

Aller chez le psy. Ces quelques minutes quand je montais l’escalier et qui n’ont aucun rapport avec celles envisagées par Clémenceau. Ce quelque chose proche du trac, cette boule dans le ventre qui me disait que cette fois quelque chose allait sortir, que ce serait douloureux. Mais tellement mieux après.

Dire oui à un RDV tôt le matin et offrir à mon inconscient l’opportunité de jouer avec mes sens et programmer une insomnie. Mais ressembler naturellement à une mi-zombie mi-droguée me prépare à une carrière comme figurante dans une série Z.

Aller faire les magasins. Je déteste faire les magasins. Je déteste attendre, piétiner, entendre la même musique casse-oreilles dans chaque boutique. Je déteste l’odeur du neuf ou pire celle de la poussière propre aux boutiques de vêtement. Mais parfois, un sac ou un t-shirt me fera de l’oeil et plaira à mon budget serré.

Le restaurant à la dernière minute malgré la fatigue, la chaleur et le reste. Parce qu’on prend le temps de faire connaissance avec de nouvelles têtes amicales, on goûte un nouveau vin, on plaisante, on s’amuse et on apprécie la simplicité d’une soirée en petit groupe dans lequel on se sent bienvenue.

Le revoir. Accepter une nouvelle invitation et savoir qu’elle n’est pas anodine. Savoir qu’il est la raison de ma nervosité. Qu’aller prendre un verre après le spectacle ne sera pas prendre un café comme avec les autres. Non pas parce qu’il est différent de tous les autres, mais parce qu’il est mieux.

10 thoughts on “des oui et des non

  1. Fred says:

    J’ai pour principe de dire oui et de ne pas le regretter. Il faut souvent se faire violence quand sa nature est introvertie et apprécier le moment.

  2. Amaya says:

    Toutes ces photos sont amusantes pour illustrer la chose .

    Je ne sais pas si c’est pareil que toi : je suis très enthousiaste à » l’idée de » mais une fois sur le départ , l’énergie est beaucoup moins manifeste :lol: J’ai tendance à préférer la mise en bouche au plat principal . L’élan spontané plus de force que le rendez-vous prévu et j’adore les invitations immédiates ! Tant que le fer est chaud disons
    Sans doute la présence de l’autre , de autres , ou son absence change tout , à bien y réfléchir c’est même sur .

    • Audrey says:

      Je suis d’accord avec toi. Les invitations immédiates sont les plus faciles à accepter, pas le temps de réfléchir ou de se prendre la tête sur sa tenue, sa coiffure et si on est bien maquillée. Oui, battre le fer :-)

  3. frad says:

    Un joli texte encore. Je pense que c’est psychologique ce problème de oui ou non. Perso, j’ai bien du mal souvent à dire non. Quand je dis oui, sur le coup, c’est un vrai oui et puis il se transforme en « j’aurais du dire non ». Entre deux : des peurs qui parfois se transforment en panique/fuite : et là c’est fichu. Souvent ces peurs sont complètement imaginaires et débiles en plus. Je n’ai pas trouvé de remède 100% efficace. La peur est très souvent mauvaise conseillère surtout lorsqu’il n’y a pas de raison qu’elle soit présente.

  4. frad says:

    Je tente une liste des peurs repérées dans le texte :
    – choix de la tenue – qui ne me va jamais : peur de déplaire
    – du cadeau, du met : peur de déplaire
    – commentaires après mon départ (tu les ignore mais tu le dis :)) : peur du jugement
    – je suis sociable, je suis capable de discuter sérieusement aussi : peur du jugement
    – le dentiste : fausse peur – tu sais que c’est pour ton bien (t’as menti je le sens à 3km :))
    – le psy : pas si peur que cela tu as
    – les magasins, la foule, être regarder : ça te fait plus peur que le psy ;)

    Bref, mon analyse à 3 balles : plein de gens te disent que tu es quelqu’un de chouette : accepte. Aies confiance en eux et en toi. Pas besoin d’avoir peur.

    — un angoissé :)

    • Non, non et non et non, non et non, non. J’accepte les compliments, j’en voudrais même plus et tout ça c’est de la psychologie de 4 francs 6 sous :-) mais je pense que mon billet a plus à voir avec le fait que certains sont introvertis et que pour eux, être sociables est plus de l’ordre du devoir que du être. il y a les papillons sociaux qui sont à l’aise dans toutes les situations et les autres, ceux qui prendront un peu sur eux pour participer.

  5. frad says:

    Allez je vais aller trop loin (mais les cons ça osent tout :)) :
    peur de déplaire, peur d’être juger : ça suinte à donf dans ce texte.
    une peur commune peut-être : peur d’être toi et que ça déplaise.

    En même temps, c’est pas gagné être soi si on sait pas trop qui on est. Ca prend une vie au minimum pour le savoir et c’est ça qui la rend aussi intéressante. Seuls les autres peuvent nous aider à nous voir nous-mêmes. Sont chiants :)

    Je suppose que tu es quelqu’un de chouette mais sûrement aussi comme tout le monde tu as des côtés moins chouettes : ils font aussi ce que tu es.
    Là je nage dans l’inconnu en disant : ptet ces côtés moins chouettes il faut aussi les accepter, les montrer, les maîtriser afin qu’ils ne nuisent pas aux autres. Ne pas avoir peur de ne pas être parfaite en somme :)

    ^^ de mon côté j’ai pas eu peur de passer pour un con :)
    zou dodo

    • Bien essayé mais non. Aucune peur de déplaire ou d’être jugée. Je suis vraiment loin de cet état d’esprit. Peut-être que j’aime trop ma compagnie (ce qui est un défaut en soi) et que devoir « faire l’effort » de sortir est parfois grand quand je peux rester chez moi en tenue plus que relax. Mais je me soigne et je profite de cet été pour sortir et voir du monde. Et j’aime ça :-)

  6. frad says:

    Disons c’est vraiment l’impression que j’avais eu à la lecture mais j’ai du faire un transfert de mes angoisses :)
    Tant mieux donc que j’ai eu faux.
    Te souhaitant évidemment un chouette été et de belles rencontres.

  7. MHF says:

    Je me retrouve un peu dans ton texte, envie de faire mille choses et plus elles approchent moins elles me plaisent :(
    Je me force et ensuite je suis contente….
    Je me fatigue moi même d’avoir l’esprit si compliqué.
    Bon journée et bel été à toi.

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