D’après une histoire vraie
Beaucoup (trop) d’heures de train ces deux derniers jours et l’occasion de travailler ou lire dans le calme. J’ai choisi de lire. Et j’ai choisi Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie. Un roman mi-psycho, mi-thriller, une histoire d’amitié manipulatrice façon Jeune fille recherche appartement matinée de clins d’oeil appuyés à Misery, pourquoi pas? De là à parler d’un thriller oppressant comme certains l’ont fait, faut pas non plus exagérer…
L’histoire : «Ce livre est le récit de sa rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser.»
Oui c’est un « page-turner », il se lit vite, bien et on veut savoir la fin. Mais un jour et une nuit après, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ce roman. La désagréable impression d’être l’objet d’une manipulation qui n’a pas totalement réussi.
Personnellement je me fiche de savoir si c’est une fiction ou si ce roman a de vrais morceaux dedans. Plus je lis, plus je pense que la fiction n’est que le miroir magnifié d’une réalité, d’une personnalité, d’une pensée ou d’un fantasme de l’auteur.
Donc je n’ai aucun problème avec le mélange surtout quand il est accompagné de réflexions sur l’écriture et le processus créatif. C’est le cas ici et s’il y a une chose que j’ai appréciée, c’est le style limpide de l’auteure et son manque de prétention. Elle écrit bien, c’est une évidence. Il y a également une sincérité dans son ressenti ou sa description d’elle même, en tout cas quelque chose de suffisamment universel pour que l’on se retrouve soi-même à se dire « tiens on a des traits communs ».
Elle sait décrire ces amitiés féminines qui sont faites de confidences et de confiance:
« J’aime parler des choses essentielles, émotionnelles, même avec des amis que je ne vois qu’une ou deux fois par an. J’aime chez l’Autre (et chez les femmes souvent) cette capacité à évoquer l’intime sans pour autant être impudique.» […]
« Chacune de ces relations avait sa tonalité propre, son rythme et sa fréquence, ses sujets de prédilection et ses tabous. Mes amies étaient différentes les unes des autres et je partageais avec elles des choses différentes. Chacune comptait pour moi, de manière unique. »
Alors quelle déception de finir l’histoire et rester dubitative, voire déçue. Pourquoi nous avoir amené(e)s sur des chemins de traverse et nous laisser en plan. Les quelques faux jeux de piste – sont inutiles et nous égarent alors que l’essentiel était là : le syndrome de la page blanche, le manque de confiance en soi et ses capacités malgré l’amour et le succès, le désir d’être – une – autre.
«Combien de temps faut-il pour être une femme comme ça, me demandais-je en observant L., comme j’avais observé des dizaines de femmes avant elle, dans le métro, dans la file d’attente des cinémas, aux tables des restaurants ? Coiffées, maquillées, repassées. Sans un faux pli. […] Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas seulement une affaire de disponibilité, mais plutôt de genre, quel genre de femme l’on choisit d’être, si tant est qu’on ait le choix.»
Tout ceci et plus encore sont magnifiquement présents dans ce livre alors pourquoi mettre ci et là des artifices (les lettres anonymes) qui n’apportent pas grand chose à une trame déjà bien tissée et avec un clin d’oeil final qui n’est que trop évident.
Comme si pour lutter contre le manque d’inspiration qui pouvait revenir et la paralyser à nouveau, Delphine de Vigan voulait tout mettre. Trop plutôt que pas assez. Comme s’il fallait se perdre pout aller à l’essentiel.
Partager :
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pocket(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
5 commentaires
Laurent
Ouais mais pas pour moi.
burntoast4460
La encore, je n’ai jamais rien lu d’elle. Je vais voir également.
Nathalie
J’ai lu le roman et j’ai été moins tiède que toi. En revanche pour te suivre depuis longtemps tu as des choses en commun avec elle et certains de tes articles ressemblent à son ressenti.
Francis Palluau
Intéressant. D’autant plus que j’avais publié un article intitulé « d’après une histoire fausse », autour des films, à tort ou à raison, adaptés d’une histoire vraie…
Nathalie
Bonsoir. Puis je avoir le lien de votre article, j’aimerais le lire. Merci.