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Six Jours

On parle toujours du rêve américain, mais s’il y a bien quelque chose qui est commun aux romans américains, c’est la violence. Qu’elle soit physique ou morale, le pays est presque à part dans son traitement de la violence. Et c’est ce que Ryan Gattis décrit avec beaucoup de force, entre roman et récit, dans Six Jours.

six-jours-ryan-gattisL’histoire:

29 avril-4 mai 1992. Pendant six jours, l’acquittement des policiers coupables d’avoir passé à tabac Rodney King met Los Angeles à feu et à sang. Pendant six jours, dix-sept personnes sont prises dans le chaos. Pendant six jours, Los Angeles a montré au monde ce qui se passe quand les lois n’ont plus cours.

Le roman suit des personnages, des membres de gangs à des ambulanciers, et comment ils vont vivre la rue dans une ville qui se découd. Fiction ou réalité ; la marge est floue dès le début. Après tout, il fut avéré que des crimes ayant eu lieu pendant les révoltes ont été prémédités.

C’est par un de ceux là que le roman commence. Loin de la fureur et du chaos, un jeune homme Ernesto est tué en rentrant de son travail, tabassé à mort. Et sa mort injuste, racontée à la première personne, nous rend fragile. Dès le début la violence nous prend à la gorge, tant la scène est choquante et brutale.

« …Je sais qu’en réalité je suis pas en train de devenir un bout de ciel, je le sais parce que, je le sais parce que »

Et ça continue. La gorge serrée et le cœur remué, on rencontre ces personnages dont le monde et le quotidien sont éloignés du notre, et pour lesquels on ne sait plus quoi éprouver.

Leurs actions sont terribles, ils tuent, tabassent, font du chantage, mettent le feu et pourtant… C’est peut-être ça le talent de Gattis. Mettre de l’humanité dans l’inhumain. Expliquer sans justifier. Comprendre sans approuver.

…pour eux, si tu es basané ou noir, tu vaux rien. Tu es même pas humain. Nous tuer c’est comme sortir les poubelles. Voilà comment ils raisonnent.

On navigue à travers une ville qui implose sous les émeutes et on entend ces voix, on voit ces vies, ces nationalités qui offrent chacune un point de vue. C’est une immersion douloureuse et nécessaire, très documentée parfois trop mais rarement Los Angeles fut montrée ainsi dans la littérature.

« il suffit de regarder tout autour pour constater que c’est une putain de scène à la Mad Max. Des pillages, mais pas comme à la télé, où les gens courent dans tous les sens, entrent par des trous dans les devantures, comme des rats. Ici, on voit pas le truc qui ressemble à de la barbe à papa dans les rues, pas d’incendies. »

 

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