Questionner,  Râler

Une colère

Quand est-ce qu’une actualité est juste une actualité ? Et quand est-ce que cette actualité devient un débat ? C’est une question difficile à répondre, en particulier pour les journalistes et les éditeurs sous la pression de budgets et de délais serrés poussés à faire de l’audience.

Mais la réponse est importante, car elle dicte comment un sujet donné est destiné à être appréhendé par un public et, par conséquent, la manière dont le public va réagir.

Quand j’ai entendu les commentaires enregistrés de Donald Trump qui ont fait surface la semaine dernière, j’ai été frappée par la complaisance avec laquelle il se vantait d’être capable de commettre une agression sexuelle en raison de son statut, un homme blanc, célèbre et puissant. Il fait partie d’une hiérarchie avec laquelle beaucoup de femmes sont familières.

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Puis est venue l’excuse « de conversation sans danger » que Trump, quelques commentateurs étrangers mais aussi français, ont donnée par la suite. Un animateur que j’apprécie (comme c’est décevant) a expliqué que c’est une conversation que les hommes peuvent avoir entre eux en privé.

Oui mais non. En ce qui me concerne, cette fois, les excuses ne marchent pas.

Il y a un moment où la misogynie et la violence, même verbales, deviennent insupportables. Les commentaires sexistes et/ou racistes sont indéfendables. Faut-il être c** et sans imagination pour ne pouvoir commenter et « plaisanter » que sur le sexe ou la couleur.

Les commentaires aussi choquants que ceux de Trump exigent une réponse médiatique beaucoup moins sympathique, surtout à la lumière de la réalité de la violence sexuelle.

Chaque année, en moyenne, on estime que 84 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol. Chaque année, une femme sur cinq connaît une certaine forme d’agression sexuelle dans sa vie. Et, dans un pays où la violence sexuelle n’est pas toujours rapportée et où le blâme reporté sur la victime est omniprésent, le cadrage des débats enverrait un message fort aux femmes sur la façon dont leur expérience est considérée.

Les médias, et ceux qui sont dans le bocal, ont un pouvoir sur l’opinion publique. Présenter quelque chose comme « une blague douteuse » ou pire comme un sujet à débattre, conduit les lecteurs/téléspectateurs et auditeurs à croire qu’il y a deux côtés tout aussi valables à l’histoire. Or, parfois, il n’y en a pas.

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