Des séries télé – National Treasure et Barracuda

Written by murielle

Le FIPA vient de se terminer à Biarritz et avec ma bonne chance, il se trouve que j’ai déjà vu quelques unes des séries télé et fictions montrées. Je peux donc dire tout le bien que je pense de National Treasure, Barracuda et NW.

National Treasure

L’homme fait les 100 pas nerveusement, fumant et murmurant. Monsieur Finchley, dit une femme.  Il est temps d’y aller. Il la suit le long d’un long corridor. Dans les coulisses d’un palais de justice peut-être ? Une prison ? Non, pas encore. La femme n’est pas autoritaire, elle est habillée pour une soirée. Ils s’approchent vers les rires. Il est dans les coulisses d’une cérémonie de remise de prix. Et on reconnait les voix de vrais comédiens populaires – Robert Webb, puis Alan Carr qui l’annonce sur scène, Frank Skinner fait un cameo. Paul Finchley est – pour l’instant – un trésor national. Il n’est plus à la pointe de la comédie, ce qui le désole. Mais dans quelques jours ce ne sera plus sa principale préoccupation.

Il y a eu une allégation de viol contre Paul Finchley. Et, quand la presse semble le découvrir (pas tout à fait accidentellement), une autre femme, puis une autre, puis une autre, porte plainte, ad nauseum.

De plus en plus de femmes du passé se présentent, dont certaines étaient des enfants au moment des infractions présumées.  Ils pensent que je suis Jimmy fucking Savile, se plaint Finchley. National Treasure est clairement basé sur des événements réels avec l’obscure ombre en forme d’Yewtree.

Et de nous plonger au cœur des événements, de l’enquête policière, de la presse, des tabloïds, des enjeux politiques. Et le personnage, extraordinairement et courageusement représenté par Robbie Coltrane, n’est pas seulement un monstre, prêt à être lynché par la foule, mais un caractère complexe qui exige au moins une certaine tentative de compréhension. D’autant que le procès n’a pas encore eu lieu – pas dans une cour de justice du moins – même si les tabloïds ont pris leur décision, tout comme les chauffeurs de taxi et le reste du public.

Julie Walters est tout aussi bien en Marie Finchley, avec seulement la tension tangible dans les muscles de son visage et la défaillance occasionnelle dans sa voix trahissant la douleur profonde qu’elle éprouve. Enfin, il y a Andrea Riseborough, qui joue Dee leur fille adulte troublée. Dee est elle-même mère de deux enfants, bien qu’ils vivent avec leur père pendant qu’elle suit un traitement contre la toxicomanie.

Elle est sarcastique, caustique et en colère – employant des stratégies clairement apprises en thérapie pour empêcher sa rage d’exploser envers son père. Quelque part, au fond, il peut y avoir une sorte d’affection père-fille. Ils semblent en fait assez similaires à bien des égards. Mais c’est également très clair qu’il y a aussi quelque chose de plus sombre entre eux.

Trésor national réalisé par Marc Munden est réfléchi, audacieux et accompli, un exemple puissant de la façon dont les questions d’actualités sérieuses – comme le viol de jeunes filles – peuvent être explorées à travers la fiction sans pour autant faire du sensationnalisme.

Barracuda

Danny, le protagoniste du roman de Christos Tsiolkas, Barracuda, est un sacré morceau de sportif. Le sang chaud, égocentrique, obstinément déterminé, dont l’esprit de jeune adulte introverti est un tourbillon d’impulsions contraires, avec beaucoup de colère et de convoitise.

Cela dit, ce n’est pas le Danny (Elias Anton) que nous rencontrons dans l’adaptation plus lisse, réalisée par Robert Connolly. Ou du moins il ne semble pas l’être. Tsiolkas nous avait invités dans l’esprit volcanique de son personnage à travers la perspective de la première personne. Ici, les scénaristes, résistent à la narration de voix-off, résistant à la facilité d’accéder aux pensées intérieures de Danny.

Une chose est très claire : l’idée de nirvana pour ce jeune homme est d’aller au lit avec une médaille d’or de natation autour du cou. Danny a remporté une bourse pour Blackstone College, une école privée où il rejoint une équipe de natation initialement hostile.

Les scènes de natation scéniquement réalisées, incorporant des visions sous-marines en slow-mo et l’eau bleue magnifique, sont évidentes. Mais l’image de la piscine est une chimère…

L’adaptation de Connolly apporte une approche plus disciplinée à l’histoire en se concentrant sur des moments dramatiques clés – en général liés à la natation – par rapport au livre, qui s’aventure hors piste dans des pauses narratives et des descriptions étendues de non-événements. Ici, la chronologie de l’histoire en linéaire offre une trajectoire claire et épurée, qui laisse un peu de coté les amours gays, les expériences charnelles et les fantasmes violents.

Barracuda examine surtout l’obsession de l’Australie avec le triomphe sportif, une machine cruelle qui produit beaucoup plus de perdants que de gagnants. C’est une série précieuse qui se distingue de l’état d’esprit conventionnel des films australiens et des histoires de sports à la télé.

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