Réflexion légère sur la colère et l’indignation
« If you’re not angry, you’re not paying attention » est une phrase souvent vue dans les manifs américaines ou anglaises. Et c’est quelque chose d’encore plus vrai sur les réseaux sociaux. Dans ces quelques mois précédant les élections, on se met beaucoup en colère. Mais de plus en plus, ces jours-ci, se fâcher contre ceux qui ne pensent pas comme nous est un substitut à l’action : une expérience émotionnelle addictive. On se met en colère, on poste en ligne, on débat sur quelques commentaires, on like et on passe à un autre débat. On pense être efficace, mais un post sert simplement de distraction. Le problème est la quantité écrasante de trucs qui vaut la peine de se fâcher.
Comment passer d’une colère impuissante à une colère efficace ? Parce que l’impuissance acquise existe. Elle est cette colère ressentie contre laquelle on ne sait pas lutter ou gérer et qui nous mène à l’accepter avec résignation. Il fut un temps où j’ai presque laissé cette colère me ronger et prendre le dessus. Heureusement j’ai un cerveau qui n’aime la colère que positive. Celle qui pousse à faire plutôt qu’à baisser les bras.
On est tellement conditionné… Lorsqu’on se fâche, on se met déjà en condition pour penser que cela ne mène à rien de plus ; le défaitisme s’installe. Ce qui est plutôt commode, du point de vue des politiciens, puisque même s’ils génèrent notre colère, peuvent continuer impunément leur course au pouvoir.
Si vous essayez de maintenir cette intensité de fièvre, d’angoisse, de colère et d’outrage, votre cerveau, pour vous protéger, va simplement baisser le volume sur l’outrage et s’adapter. C’est tentant d’imaginer que la façon de résister à la «normalisation» des choses terribles est de rester constamment en colère contre elles. La logique serait qu’on ne peut pas rester dans la complaisance si on est en colère. Or la logique ne l’est pas.
C’est pourquoi ce n’est pas de l’indulgence, peut-être même un devoir positif, de s’éloigner régulièrement des causes de colère, des réseaux sociaux, de la lecture des journaux, de l’entourage toxique et de chercher les parties agréables de sa vie.
En voulant écrire un article sur cette colère, je suis allée sur TED et suis tombée sur Martin Seligman qui prône la psychologie positive. Au lieu de se concentrer sur les raisons de sa colère, de son mal-être, etc. afin de réduire les troubles neuropsychiatriques comme la dépression, il va travailler avec les parts positives. Qu’est ce qui rend heureux ? Le bonheur comme donner du sens à son action : se servir de ce que l’on a de mieux en soi pour développer son bien-être et puis celui des autres.
Ce peut être considéré comme égoïste ou auto-centré, mais c’est aussi un moyen d’empêcher le ternissement de nos perceptions. De garder ainsi notre capacité d’indignation intacte. Ce qui construit le bonheur est l’engagement – dans une relation amoureuse, une famille, un travail, une communauté, et enfin une cause.
Finalement, la colère, tout comme la plainte, est futile, pour un moment, un petit moment…
Je sais, un peu partout, tout le monde s’entretue, c’est pas gai, mais d’autres s’entrevivent, j’irai les retrouver.
Jacques Prévert
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