Big Little Lies
« Quelqu’un est mort » est le titre du premier épisode de la série tv Big Little Lies. Qui ? Ça vous le savez, si vous avez lu le roman de Liane Moriarty. Sinon, non seulement vous ne savez pas qui est mort, mais vous ne savez pas non plus qui est le meurtrier. Ou qui sera mort, et qui sera le meurtrier.
La série, transposée d’Australie en Californie, est scénarisée par David E. Kelley et mise en scène par Jean-Marc Vallée, dont le film Dallas Buyers Club a récolté trois Oscars).
L’histoire : dans la petite ville côtière de Monterey, en Californie, la vie est apparemment bien tranquille. Mais lors d’une réunion de parents dans une école primaire, un meurtre est commis.
L’histoire est alors racontée en flash-back du point de vue de trois mères de famille : Jane Chapman, une jeune femme venant d’emménager à Monterey afin de donner une meilleure vie à son fils, Ziggy ; Madeline Mackenzie, employée à temps partiel, mère d’une petite fille, et qui se lie d’amitié avec Jane le jour de la rentrée scolaire ; et Celeste Wright, amie de longue date de Madeline et maman dévouée de jumeaux. Leurs vies sont apparemment parfaites, mais toutes trois cachent en réalité de lourds secrets. Et à mesure qu’elles deviennent amies, le temps se fait aux confidences
Secrets, rumeurs et mensonges ne faisant pas bon ménage, tout l’univers de la petite ville de Monterey va être secoué.
Jane Chapman (Shailene Woodley) se présente avec son fils Ziggy dans la ville de Monterey et est adoptée par Madeline Martha Mackenzie (Reese Witherspoon) et Celeste (Nicole Kidman). Ces deux dernières ont de belles maisons avec vue sur le Pacifique, des beaux maris et tout est presque parfait.
Sauf que bien entendu rien n’est jamais comme on le perçoit. Un incident à l’école primaire le jour de la rentrée. Quelqu’un fait mal à Amabella, la petite fille de Renata. Oui, c’est Amabella avec un « m ». Une excellente façon de traiter l’incident aussi – un nom très public et la honte à l’heure de ramassage, devant tout le monde, les parents inclus. Et comme c’est le premier jour et que les enfants ne connaissent pas encore bien les noms des autres, il s’agit de pointer du doigt le coupable : Amabella désigne Ziggy.
Ziggy semble être un petit garçon gentil, réfléchi et timide. A-t-il vraiment essayé d’étrangler Amabella? Peut-être le prénom ridicule l’a poussé à bout ?
Quoi qu’il en soit, les parents prennent partie. Les factions se forment, et soudain, ce qui ressemblait à la perfection est fissuré et imparfait.
La vie de chacune de ces femmes n’est pas tout à fait semblable, mais une lutte de pouvoir, une vague furieuse de jalousies, de violence et d’insécurités se révèle.
Ce n’est pas seulement à travers le miroir sans tain de la salle d’interrogatoire du poste de police que les gens sont surveillés. Tout le monde l’est, tout le temps, de différentes façons et pour différentes raisons, surtout les mauvaises. La police, par ailleurs, est elle-même une fenêtre sur un monde différent, moins glamour, où les îlots de cuisine ne sont pas de la même taille.
Les fissures sont nombreuses. Sociale, celle entre riches et pauvres, potentiellement aussi volatile et dangereuse que la fissure amoureuse et familiale.
Madeline est dans son deuxième mariage, toujours blessée par le départ de son premier mari pour une prof de yoga (Zoé Kravitz), plus jeune, plus souple et plus cool qu’elle. Maintenant elle s’inquiète de perdre sa fille aînée, adolescente.
Tout aussi jolie, plus jeune et moins « type A » que Madeline, Jane est relativement normale. Maman célibataire, elle garde un voile de mystère sur son passé, et cache un révolver sous son oreiller. On en sait plus dans le 3e épisode…
Quant à Celeste, son couple si parfait se révèle être toxique, sexy et dangereux avec Perry (Alexander Skarsgård), son mari violent et manipulateur. Un homme qui n’arrive pas à dissocier la passion de la rage.
Le sérieux des personnages pose Big Little Lies dans le genre de comédie dramatique. Ce n’est pas un équilibre parfait, et il arrive parfois que certaines scènes apparaissent forcées mais les scénaristes respectent les passions des personnages tout en levant parfois un sourcil face à leur ridicule.
Malgré les métaphores poussées sur la violence, comme les vagues qui s’écrasent sur les rochers, Big Little Lies est à voir en raison de ses acteurs extraordinaires, qui apportent tous un coté sombre à leur personnage.
Adam Scott trouve une place parfaite dans le rôle de Ed, le mari de Madeline,. Un gars sensible et raisonnable qui craint que le ressentiment de Madeline contre son ex-mari puisse être une admission qu’elle l’adore et considère Ed comme un «prix de consolation». Scott est un un homme bien, avec des failles qui le rendent juste et empathique.
De même, Madeline est jouée comme une version adulte et déçue d’un autre personnage de Reese Witherspoon – Tracy Flick dans L‘Arriviste – mais elle l’investit d’une tristesse codée (toujours canalisée dans des croisades sociales de justice passionnée). Elle n’est jamais dans la caricature, drôle courageuse et attachante, on lui souhaite de trouver la paix. Laura Dern est Renata, une avocate qui parle fort, qui est mariée à un dirigeant de pouvoir (Jeffrey Nordling) et se promène dans la ville, autour de l’école et ailleurs, avec le sentiment de légitimité arrogante que possèdent les gens riches et/ou de pouvoir.
Shailene Woodley et Nicole Kidman ont des rôles plus silencieux, plus subtils qui sont basés sur la dissimulation plutôt que sur l’émotion révélatrice. Elles sont différentes, blessées tout autant émotionnellement que physiquement. Et aussi impressionnantes que les autres.
Seule, Bonnie (Zoé Kravitz ) est mal servie d’abord, utilisée principalement comme pendant pour Madeline, alors que son histoire personnelle est toute aussi dense que les autres (dans le roman).
Enfin, les enfants sont aussi touchants que résolument mystérieux. Comme les adultes, ils ont leur vie intérieure, leurs craintes, leurs problèmes et les attentes et pressions de leurs parents à assumer. Leur histoire existe.
Il y a quelque chose de La gifle de Christos Tsiolkas dans cette histoire de familles, de violence, de petite ville et de secrets. Quelque chose d’australien dans la façon de traiter ces thèmes, mais parfaitement transposé dans une ville américaine.
David E. Kelley est le producteur de Ally Mc Beal. Une série loufoque, drôle et qui donnait le premier rôle aux femmes. C’est également le cas avec Little Big Lies. Les amitiés féminines sont très justement montrées : un mélange de vulnérabilité, de confiance spontanée, de compassion, de pudeur et d’impudeur partagées. Des confidences sont faites mais les larmes sont cachées, privées. Et encore une fois, c’est une histoire de femmes imparfaites, avec l’impossible tâche imposée de faire toujours de leur mieux.
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