Réflexion plus ou moins légère sur la vieillesse

Written by murielle

Nous avons tous vu la vieillesse en action et souvent ce n’est pas joli à voir. Les chances sont qu’elle frappe soudainement. Parce que vieillir est une chose bien étrange. Dans le film de Paolo Sorrentino, Youth, un vieux compositeur joué par Michael Caine résume: « Je suis devenu vieux et je ne sais pas comment j’en suis arrivé là. »

À quel âge devient-on vieux ? Parce qu’en avançant en âge on devient de moins en moins le jeune de quelqu’un et de plus en plus le vieux de beaucoup.

Mais je suis décidée à ne jamais laisser la catastrophe entraver ma bonne humeur et mon bon sens. « Restons pragmatique ». Sachant très bien que la mort est au coin de la rue – mais tout de même dans une lointaine rue – et avant qu’elle ne frappe, je pourrais faire pire que de remplir ce temps impitoyable avec quelques observations légères sur les dangers et les plaisirs que pendre de l’âge apporte.

Vieille – ou plutôt mature – je l’ai été assez jeune finalement. Cette soi-disant sagesse que l’on acquiert avec l’âge ne veut pas dire grand chose pour moi. C’est l’expérience qui nous forge et change ou accentue notre vision et notre ressenti sur les années passées et à venir.

La plupart des écrivains ont un regard sur la vieillesse, nostalgique, acerbe, amer mais aussi positif et souvent ironique. Sans jamais oublier que sous les excentricités qui accompagnent les années, l’incertitude, le chagrin et les pensées de mortalité se font plus présents.

Rien à craindre – Julian Barnes

Lire ce livre, ou n’importe quel livre de Julian Barnes c’est comme faire une longue marche avec un ami aussi érudit et sérieux que divertissant. Barnes est à son plus contemplatif lorsqu’il nous emmène dans sa famille et son enfance et dans les disputes sur l’existence de Dieu (« Je ne crois pas en Dieu, mais il me manque ») et des échanges surprenants avec son frère philosophe :

(Selon Montaigne) « Si vous avez fait votre profit de la vie, vous en estes repu, allez-vous-en satisfait. Si vous n’en savez su user, si elle vous estoit inutile, que vous chault-il de l’avoir perdue ? » (Une proposition qui me semble entièrement réversible : ceux qui sont dans la première catégorie pourraient vouloir que leur vie heureuse continue indéfiniment, et ceux qui sont dans la seconde pourraient espérer un meilleur sort.)

Mais ce qui le préoccupe le plus, c’est la mort et la peur de la mort, la sienne surtout. Comment sera-t-il quand cela arrivera ? Dans de bonnes dispositions ou un rempli de douleur et de regret ?

Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire – Jonas Jonasson

L’histoire de ce centenaire qui passe par la fenêtre pour échapper à la fête qu’on veut lui imposer et file dans un road movie insensé est une énorme bouffée d’air frais. Farfelu, romanesque, ubuesque, absurde, déjantée, elle donne à la vieillesse une nouvelle jeunesse telle qu’on devrait la vivre.

Thérapie – David Lodge

Parce que David Lodge est l’auteur pour qui vieillir est aussi l’occasion d’exposer ses névroses pathétiques, ses obsessions, ses peurs avec le sens de l’humour typiquement british. Son génie réside dans son art à transformer les petites tragédies personnelles en scènes comiques. Ce roman – comme tous ses autres – est une satire faussement naïve, purement honnête et légèrement ridicule d’un homme qui vieillit et connaît la crise.

Tôt ou tard, il faut bien qu’il y ait une dernière fois. L’ennui c’est vous ne le saurez qu’après avoir découvert que tout est fini pour vous.

Un peu, beaucoup, pas du tout – Alice Munro

La reine des nouvelles a écrit dans ce recueil, L’ours traversa la montagne. Cette courte histoire déchirante sur une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer et le cours étrange que prend sa vie pendant que son mari observe avec consternation et confusion, a toutes les vertus honnêtes qui distinguent Munro de pratiquement tous les autres conteurs.

La confusion des sentiments – Stephan Zweig

Cette nouvelle retrace l’histoire d’un universitaire qui, lors de son soixantième anniversaire, se remémore un professeur qui, dans sa jeunesse, l’a fasciné. Parce que l’âge qui avance est aussi l’occasion de révéler sa nature profonde, les sentiments violents, les désirs et les pulsions qui animent l’être. Et d’aborder cette confusion des sentiments, ces doutes et les difficultés avec délicatesse et sensibilité.

Le Roi Lear – William Shakespeare

Le Roi Lear est un roi usé et vieux. Il a décidé de partager son royaume entre ses trois filles en fonction de l’amour qu’elles lui exprimeront. La réponse de sa cadette Cordelia, qui est aussi sa préférée, ne répond pas à son attente. Il la déshérite donc au profit de ses soeurs, bannit le fidèle Kent qui prenait sa défense, et ne conserve de son pouvoir que le titre de Roi ainsi qu’un escorte avec laquelle il séjournera alternativement chez ses gendres.

Ce faisant, le Roi amorce une tragédie qui emportera une grande partie des protagonistes!
Tragique, funèbre étude de la nature humaine mêlée de débat sur la folie, la raison, la prédestination, la vieillesse, le pouvoir, la famille… Parce que la vieillesse est aussi parfois un naufrage.

 

1 thought on “Réflexion plus ou moins légère sur la vieillesse

  1. Fred says:

    On n’est pas vieux à 40 ans. On est vieux dans sa tête à n’importe quel âge !!

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