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Des histoires de voisins et de voisinage

J’ai emménagé en juillet 2020 dans un magnifique appartement dans un vieil immeuble rénové. Il n’y a que quatre appartements, un à chaque étage. Avec donc très peu de possibilités de croiser ses voisins sur le palier.

Je les connais peu. Je croise parfois ceux du premier dans la cour. Un bonjour souriant de la famille avec deux petites filles. Au dessus, un couple. Je ne les vois jamais. Je n’ai pour signe de leur vie, que l’eau qui éclabousse et salit mes carreaux quand elle arrose ses plantes sur le rebord des fenêtres. Et au dernier, quelqu’un, un homme, seul et discret. Une ombre qui part tôt et rentre tard. Je le sais, parce que la lumière de la cour s’allume et passe à travers les volets, quand il part à 5h.

Ces vies se déroulent à proximité. C’est le croisement de l’intimité et de la distance. Comme un modèle de fiction. Je pourrais leur inventer des histoires, leur ajouter de la matière ou leur enlever du concret.

Dans la fiction, les voisins offrent un point de vue unique car ils sont témoins d’une grande partie de la vie à la surface mais sont aveugles aux profondeurs. Et de tenter de maintenir un délicat équilibre de courtoisie et discrétion pour vivre ensemble ou cacher de sombres secrets…

Parmi les livres que j’ai pu lire, les voisins sont tous différents. Histoires sinistres, dangereuses voire incroyables mais aussi tendres et touchantes.

 

La Tour – Bui Doan

La tour, c’est un immeuble à Chinatown à Paris. Des gens, des étrangers, des langues, des accents et des vies. Et un superbe premier roman.

« Pour sa santé mentale, Clément évitait tout contact avec ses voisins de palier mais il était obligé de sortir de chez lui une fois par semaine pour son expédition dans le local à poubelles. Il ne savait s’il fallait prendre l’ascenseur, cabine confinée, réceptacle de tous les germes, ou l’escalier qui ne l’inspirait pas plus.  »

Bon voisinage – Ruth Rendell

Quelqu’un avait raconté à Dex que la reine vivait du coté de Victoria. Lui aussi, mais elle avait un palais et lui, une chambre dans une rue en retrait de Warwick Way. N’empêche, il aimait bien l’idée qu’elle soit sa voisine.Il aimait bien quantité de choses de la nouvelle vie qu’il menait depuis ces derniers mois.

Stephen King dit de Ruth Rendell « Dès qu’il est question d’histoires d’obsession, de paranoïa et de coïncidences malheureuses, personne ne peut rivaliser avec Ruth Rendell ! « .  Une ribambelle de personnages, aucun foncièrement bon, tous méchants au pire, désagréables au mieux. Elle est loin ici de son genre habituel, pas de crime au début, pas de suspense ou de thriller. C’est une photographie d’une rue mêlée à une satire sociale.

Les Catilinaires – Amélie Nothomb

Ah la campagne !… Ou comment un couple de retraités fuit la ville et son voisange bruyant pour un endroit rêvé. Ou pas…

« Mais la sagesse des autres n’a jamais servi à rien. Quand arrive le cyclone, la guerre, l’injustice, l’amour, la maladie, le voisin, on est toujours seul, tout seul, on vient de naître et on est orphelin. »

Chroniques de San Francisco – Armistead Maupin

San Francisco et sa fameuse baie, ses tramways cahotant dans les rues en pente, son pont du Golden Gate, compte désormais un monument de plus : le 28, Barbary Lane, une pension de famille tenue par Anna Madrigal qui materne ses locataires avec bienveillance et polissonnerie enfantine. Plus que des voisins, ils sont des amis, des solitudes réunies en une famille inventée et nécessaire pour survivre et continuer.

Ces chroniques en plusieurs volumes suivent Mary-Ann venue de Cleveland, Mona nouvellement chômeuse, Brian qui cherche l’homme de sa vie et les autres. C’est un portait de gens différents, à part, et un ode à la différence. C’est tendre, douloureux, drôle, choquant et à lire absolument.

Ne fais pas de projets, Prue. Sinon, tu ne pourras pas goûter l’instant présent.

Building Stories – Chris Ware

La vie et les questionnements existenciels d’une jeune trentenaire cherchant l’âme soeur, d’un vieux couple qui ne peut plus se supporter, et d’une vieille demoiselle propriétaire de cet immeuble de Chicago dans lequel tout ce petit monde habite. Je vous en avais déjà parlé dans un post précédent. C’est un ouvrage qui vieillit bien. Très bien.

 

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