August Landmesser, histoire de courage et d’amour

Written by murielle

En cette période agitée… Oui je sais, c’est une phrase cliché puisque l’Histoire montre peu de périodes calmes et sereines… Mais bon, je ne sais pas comment mieux introduire mon sujet sur le courage.

Donc. En cette période agitée, avec des grèves, des manifestations, des guerres, la question du courage, du vrai courage se pose.

Perso, je suis suffisamment courageuse pour devenir déléguée syndicale dans mon taf parce que personne ne voulait du mandat. M’opposer parfois avec la direction qui a eu la pertinence de me dire, dès notre deuxième réunion, que j’avais le dos large… Je suis assez courageuse pour donner mon opinion même si ça déplait. Je reste encore un peu courageuse parce que j’ai des principes. Et comme Van Gogh, je pense que les principes ne sont bons que s’ils engendrent des actes. Donc je suis assez courageuse pour faire grève, participer aux manifs, etc. Mais vraiment vraiment courageuse ?

Le vrai courage se trouve dans les actes solitaires, ceux où on est seul contre les autres, contre l epouvoir, jusqu’au bout.

J’ai retrouvé aujourd’hui, dans mes bookmarks, un vieil article et une vieille photo que je comptais utiliser un jour pour ma défunte « rubrique » Photo #). Puis je ne l’ai pas fait. Et là, je me suis dit qu’elle illustrait parfaitement le vrai courage.

Cette photo a fait le tour d’internet depuis des années. Elle est  populaire pour l’un des actes de non-conformité subtils mais profonds. Elle représente August Landmesser qui refuse de faire le salut nazi.

August Landmesser refuse de faire le salut nazi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On ne sait pas combien d’hommes dans cette foule agissaient par peur, pleinement conscients que ne pas saluer le Führer équivalait à signer son propre certificat de décès.

Savoir qu’il s’agissait, en fait, d’Hitler debout devant la foule rend la désobéissance d’autant plus admirable, mais ce qui peut sembler être un acte de transgression justifié était à la base un geste d’amour.

L’histoire de l’anti-geste d’August Landmesser commence, assez ironiquement, avec le parti nazi. En 1930, l’économie allemande était en ruine et la nature instable du Reichstag a finalement conduit à sa disparition et finalement à la montée d’Adolf Hitler et du parti nazi. Croyant que cela l’aiderait à décrocher un emploi, Landmesser a joint le parti. Il ne savait pas qu’une rencontre allait ruiner son « ambition ».

En 1934, Landmesser rencontre Irma Eckler, une femme juive, et les deux tombent profondément amoureux. Leurs fiançailles un an plus tard l’ont fait expulser du parti et leur demande de mariage a été rejetée en vertu des lois de Nuremberg. Ils ont une petite fille, Ingrid, en octobre de la même année. En 1937, la famille – avec Irma enceinte – a tenté en vain de fuir vers le Danemark où ils ont été appréhendés à la frontière. August a été arrêté et accusé de « déshonneur de la race » et brièvement emprisonné.

 

Au tribunal, les deux ont affirmé ne pas être au courant du statut juif d’Eckler car elle avait été baptisée dans une église protestante après le remariage de sa mère. En mai 1938, August est acquitté faute de preuves, mais avec un avertissement : ils seraient punis si Landmesser osait répéter l’infraction. Et seulement un mois plus tard, August est de nouveau arrêté et condamné à trente mois de travaux forcés dans un camp de concentration. Il ne reverra plus jamais Irma.

Pendant ce temps, une loi a été adoptée exigeant l’arrestation des épouses juives dans le cas d’un homme « déshonorant la race ». Irma a été enlevée par la Gestapo et envoyée dans plusieurs prisons et camps de concentration, où elle donne naissance à Irène, le deuxième enfant du couple.

Les deux enfants sont d’abord été envoyées dans un orphelinat. Puis Ingrid (de son statut de « demi-caste ») a été forcée de vivre avec ses grands-parents aryens. Et Irène, condamnée à repartir dans un camp, est sauvée par une connaissance de la famille et emmenée en Autriche pour la garder en lieu sûr. Au retour d’Irène en Allemagne, elle est à nouveau cachée – cette fois dans une salle d’hôpital où sa carte d’identité juive sera « perdue », lui permettant de vivre sous le nez des nazis jusqu’à leur défaite.

L’histoire de leur mère est beaucoup plus tragique. Irma est morte en 1942 dans les chambres à gaz de Bernburg.

August lui, libéré en 1941, commence à travailler comme contremaître. Mais deux ans plus tard, il est enrôlé dans une infanterie pénale avec des milliers d’autres hommes. Il est porté disparu en Croatie où il est présumé mort, six mois avant que l’Allemagne ne se rende officiellement.

Et si cette histoire vous touche, il existe un roman : Celui qui disait non d’Adeline Baldacchino.

 

quelque chose à dire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.