J’ai souvent entendu que culture et sport ne faisaient pas bon ménage. La nature humaine est telle qu’elle aime opposer les genres et les esprits.
Albert Camus serait d’accord avec moi, lui le gardien de but du Racing Universitaire Algérois: « Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. »
Les écrivains, tout comme les cinéastes, les photographes, les musiciens et les sportifs veulent être lus, aimés, suivis, voire même adorés.
Ce sont les médiateurs et les intermédiaires de la culture et du sport qui ont la responsabilité de les rendre de les rendre populaires et accessibles au plus grand nombre. Que ce soit sur le plan financier mais aussi social et physique en ne délaissant aucune tranche de la population. Parler d’une culture élitiste, c’est alors oublier qu’il existe aussi des sports inaccessibles.
Culture et sport sont populaires. Ou élitistes. C’est selon. C’est le regard qu’on leur porte – ou l’usage qu’on en fait – qui donne à quelque chose ou quelqu’un sa noblesse.
Être digne d’estime et de considération n’a rien à voir avec une classe sociale, une richesse quelconque ou une popularité.
Il est avant tout des films, des livres, des photos et des sports qui donnent des frissons, qui touchent et qui racontent une histoire. Voilà où se situe la noblesse d’une œuvre.
Je pourrais faire un copié-collé paresseux de la page wiki Sport et littérature en France et faire un lien vers l’Association des Écrivains Sportifs et de l’Union des Journalistes de Sport en France – qui décernent chaque année des prix littéraires sur le thème du sport.
Je pourrais parler de ces clubs et associations sportives qui organisent des prix littéraires moins connus, moins médiatiques mais tout aussi populaires pour souligner l’auteur d’un texte sportif paru dans la presse ou sur internet par un anonyme ou par un professionnel de la profession.
Je ne pense pas qu’il faille choisir un camp quand il s’agit d’amour, de culture, de littérature et de sport. Ils peuvent ensemble vivre un amour courtois ou sensuel, fait de d’attirance physique, de marivaudage, de passion, de sensations fortes, parfois de tromperie, de manipulation psychologique, de rejet et de colère puis de grandes réconciliations.
Fiction, poésie, pièce de théâtre, essais, photographie, cinéma, musique ont célébré le sport. Les sportifs aguéris tout comme les littéraires, les historiens et les « cultureux » en général savent déjà que le sport a toujours été pris au sérieux par les écrivains. Comme le compte-rendu d’un jeu ou d’un combat mais aussi comme le spectacle d’une compétition contre un ou plusieurs opposants ou comme une lutte personnelle interne.
Le sport est l’une des toiles de fond sur laquelle dessiner puis observer la nature humaine dans ce qu’elle a de plus profond pour ensuite créer l’art qui transcendera le sujet lui-même. Les artistes explorent les complexités de la vie, ses défis, des déceptions aux grands plaisirs. Ils célèbrent aussi la fissure dans une batte de baseball, le rugissement d’une foule, le coup de massue et la mort subite.
« Les grands mythes naissent des rites, quand ils ne les suscitent pas. Le rituel où les pas retrouvent leurs empreintes est cher au cœur de l’homme. » Antoine Blondin.
Citations, références ou sujet principal, le sport est là dans les consciences parce que nous sommes tous marqués par un événement, un exploit ou une défaite cuisante, par un visage, par un physique ou par un geste. Parce qu’avec le sport il y a également l’agressivité, l’échec, les illusions perdues, la solitude, l’honneur perdu, l’humiliation, l’orgueil, et la perte.
« Pratiqué avec sérieux, le sport n’a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d’autres mots, c’est la guerre, les fusils en moins » disait Aldous Huxley.
Le stade, le ring ou la route est un théâtre, un champ de guerre, où certains touchent le ciel et deviennent des dieux tandis que d’autres resteront à terre, dans les larmes, tout juste humains, presque morts…