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Slow Horses : le meilleur anti-Bond

Okay, j’ai mis du temps pour parler de  Slow Horses alors que la série termine sa 4e saison sur Apple. Mais il me fallait le temps de tout revoir pour savourer chaque épisode.

Slow Horses est une comédie noire sur des espions pas très doués et c’est fondamentalement anglais. Personne n’est vraiment heureux. Les rues sont sales et le filtre de la caméra est de la couleur d’un livre de poche humide oublié au fond d’une bibliothèque. On se sent comme à la maison.

C’est peut-être cette odeur d’échec mêlé d’ironie qui est aussi typiquement anglaise. Slow Horses tourne autour des rebuts du MI5, ou des agents secrets dépourvus de la classe de 007.

Ça commence avec un exercice d’entraînement à l’aéroport de Stansted qui tourne mal. L’espion en herbe River Cartwright (Jack Lowden) est relégué dans un immeuble de bureaux crasseux appelé Slough House en guise de punition. Là, le travail de base de l’espionnage est pris en charge sous l’œil semi-vigilant du bizarre Jackson Lamb (Gary Oldman).

Ce dernier sert d’intermédiaire entre ses « ânes » et les « espions adultes » gérés par la chef des opérations au MI5 Diana Taverner (Kristin Scott Thomas). Le MI5 les garde pour des travaux non officiels trop inconvenants pour « The Park », et comme des agneaux sacrificiels, ils sont facilement blâmés lorsque les choses tournent mal.

Basée sur les romans de Mick Herron, la série Slow Horses a été adapté pour la télévision par le comédien Will Smith, dont le travail inclut The Thick of It et Veep. L’apathie comique est familière. Les personnages compensent les sujets sérieux par un humour pince-sans-rire. Contre toute attente, tout cela s’accorde bien : la série ne vire jamais trop loin dans la légèreté au point de prendre le dessus sur le drame, et vice versa.

Finalement peu importe les intrigues – le chantage terroriste, le nationalisme du milieu des années 2000 – d’autres éléments prennent le dessus. Les personnages…
Fatigué, grossier, à l’hygiène discutable et flatulent, Jackson Lamb a réuni tous les mécanismes de défense pour empêcher quiconque de s’approcher de lui. Et c’est fait avec drôlerie.  Vers la fin de la première saison, il y a un gros plan dans lequel il chante une chanson des Proclaimers sous la menace des armes, et c’est un plaisir.

Tous les autres sont tout aussi bons. Jack Lowden, qui joue ce qui se rapproche le plus d’un « héros », est capable de saper cet héroïsme avec un timing comique précis.
L’humour qui coule dans le drame est formidable. Les agents secrets sont presque des salariés du tertiaire. Dans quelle série d’action voit-on un espion venir au travail en vélo, aller aux toilettes, demander de la monnaie pour la machine à café, aller à la laverie et quitter le bureau pour aller prendre une pinte au pub avec les collègues ?

Aussi une partie du charme de Slow Horses est que Lamb et cie possèdent toujours une sorte de compas moral. Les questions sont posées, les valeurs sont présentes. Un charme dans un registre très différent d’autres séries anglaises mais tout aussi présent.

Les moments de bienveillance de Lamb sont généralement liés à l’aide qu’il apporte à ses espions, alias ses « Joes » – certains vivants, beaucoup morts. Sa conscience, pour autant qu’elle existe, est son assistante Catherine Standish, jouée par Saskia Reeves. Lamb a un faible pour Catherine dont il a assassiné l’ancien patron, tandis que Catherine pense que c’était un suicide qu’elle aurait pu éviter si elle n’avait pas été alcoolique. Maintenant, elle passe ses journées à assister à des réunions des AA et à essayer d’empêcher Lamb de faire exploser ce qui reste de sa carrière.

L’humanité se cache puis se révèle dans les duels de Dame Ingrid Tearney (Sophie Okonedo)- ancienne DG du MI5 – face à Diana Taverner. Elle est présente aussi dans les échanges de River et de son grand-père David Cartwright (Jonathan Price) ancien espion qui a recruté Lamb. Et dans Louisa Guy (Rosalind Eleazar) qui porte l’émotion sans jamais se laisser envahir par elle.

Bref. Si vous aimez l’humour noir, le cabotinage d’acteurs de premier ordre, des histoires géopolitiques, des histoires de famille, des intrigues, de l’action mais pas toujours, alors cette série est faite pour vous.

 

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