Amis de la poésie, bonjour
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Charles Baudelaire
Une des poésies qu’on devait apprendre en classe. Je l’ai apprécié beaucoup plus tard.
oui l’attitude de quelqu’un m’y a fait penser, ce spleen…. Je la trouve méconnue, elle est si forte et si pleine de sens, c’est magnifique.
« …Lui, naguère si beau, comme il est comique et laid !… » à ce propos je repensais à ton autre billet sur Yeezus ; plus facile pour moi ainsi d’avoir de la compassion en lieu et place d’un certain dégout pour
l’étroitesse d’esprit des milieux où seules les peintures de guerres comptent … il y a des humains maladroits dans leur humanité et leurs apparats ne sont pas toujours là pour les aider
très bien résumé!