Les merveilles
Voici un conte envoûtant sur le passage à l’âge adulte : doux et léger, mais vivant, avec une puissance qui semble surgir du plus profond dans un paysage rugueux et ensoleillé.
Comme pour le premier (Corpo celeste), Les merveilles est fortement inspiré par la propre enfance de la réalisatrice Alice Rohrwacher dans la campagne entre l’Ombrie et la Toscane. Il est centré sur une famille italo-allemande d’apiculteurs, et en particulier, Gelsomina, l’aînée de quatre sœurs et l’héritière théorique d’une vie traditionnelle et de plus en plus rare.
Le synopsis :
Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père, qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge.
Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du « Village des merveilles », un jeu télévisé qui envahit la région.
Chaque jour est constitué des mêmes tâches: vérifier les ruches, récupérer les cadres, les faire tourner dans une centrifugeuse et sensiblement non stérile, et collecter le filet de miel épais. Quand un essaim d’abeilles disparaît, Gelsomina (Maria Alexandra Lungu) et son père (Sam Louwyck) vont le trouver dans un arbre voisin, où elle monte et le secoue pour les renverser dans une boîte. Ensuite, elle doit retirer les dards sur le dos de son père. Ce n’est pas un travail pour les faibles ou les peaux fines. Les enfants ne devrait pas s’en approcher, mais le miel est délicieux.
Un jour, alors que Gelsomina et ses sœurs jouent dans la mer, elles voient une équipe de tournage à proximité qui tourne une annonce pour un programme de télévision à venir. L’animatrice, jouée par la magnifique Monica Bellucci, porte une robe blanche décolletée et une coiffure absurde, comme une déesse de la nature, ou une fée marraine. C’est un moment d’étrangeté onirique – comme un tableau de Fellini.
Elle promet à la famille qu’avec l’argent du prix, elle pourra acquérir un meilleur matériel d’apiculture, et peut-être même maintenir l’entreprise un peu plus longtemps. Cela ressemble à une intrigue, mais elle prête au film un vague sentiment de but: Rohrwacher se préoccupe surtout de la gestion de la ferme au jour le jour, et les diverses mésaventures de Gelsomina.
Dans une séquence qui colle à la mémoire, elle voit que le seau de collecte du miel a débordé sur le plancher de l’atelier, elle s’agenouille immédiatement et écope de grandes brassées d’or.
Tant de choses sont posées dans ce film à l’apparence modeste: l’apparition lente de l’âge adulte, mais aussi la disparition des anciennes méthodes de travail, et la légère discordance des nouveaux venus. Le film lui-même a été fait en 16 mm : une façon de voir les choses mourir, et pourtant tout ce que la pellicule capture semble s’enflammer et crépiter avec la vie.
Beaucoup d’images rappellent les dessins des studios d’animation japonais Ghibli, avec la magie sous-jacente du Tombeau des Lucioles et Mon voisin Totoro, sur les enfants dont la vie rurale ont une profondeur tranquille qui transcende les accidents ou les problèmes.
Le film va et vient sans agitation, mais son rythme s’installe en vous doucement et régulièrement.
http://youtu.be/PwOGhpyYEKQ
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2 commentaires
burntoast4460
Un film qui a l’air intéressant. Ma femme n’est pas du tout enthousiaste après la bande annonce.
Marie-Claire
C’est une description originale du film. Comme je l’ai vu je peux comprendre ta comparaison avec les films pour enfants japonais, comme Candy mais en histoire positive, il y a un truc rétro dans ce film en effet.