Inventing Anna – Une histoire d’Anna Delvey

Written by murielle

Ouhhh, j’aurais pu proposer le pitch d’Inventing Anna, moi-même ! Après tout , j’avais déjà imaginé en 2018 que cela deviendrait un film ou une série.

Donc Inventing Anna, la nouvelle série sur Netflix fictionnalise ce fait pas si divers. Dans les années 2010, Anna Sorokin, une jeune Russe pro d’Instagram se crée un personnage d’héritière allemande « Anna Delvey » pour infiltrer la jet-set new-yorkaise, mener une vie de luxe aux crochets d’amis richissimes, et soutirer des fortunes à des investisseurs bien naïfs… Sorokin a été accusée de divers larcins et autres crimes, et en avril 2019, reconnue coupable de huit d’entre eux.

La productrice toute puissante Shonda Rhimes (Greys’ Anatomy, Scandal, etc.) s’est emparé de ce sujet croustillant dans le cadre de son accord Netflix et à la suite du succès massif de Bridgerton. Et elle en a fait une série hélas ratée. Ou pas. C’est selon ce qu’on en attend.

J’aurais voulu une analyse profonde sur le phénomène Delvey, sa pathologie, ses motivations, la fatuité et le ridicule de la jet set américaine sur fond de fiction. Je vais devoir attendre encore.

Mais si je la prends comme une série à la Marvel ou un soap opera moderne et glamour, je ne suis pas déçue.

Et en effet, on rencontre une anti-héroïne dans toute sa gloire glacée, brutale, méprisante et convaincante. Et on se met à suivre cet ego ravissant, à peine contenable pour voir où cela le mènera.

Inventing Anna raconte principalement l’écriture de l’article de Jessica Pressler, renommée Vivian Kent dans la série et jouée par Anna Chlumsky. Vivian voit dans Anna une belle histoire et une chance de prouver sa valeur de journaliste dans un monde dominé par les hommes. Il y a une comparaison tentée ici sur la lutte de Vivian contre ses éditeurs masculins avec la quête d’Anna contre l’élite « fraternelle » de New York. Mais elle ne fonctionne pas, Vivian semble constamment énervée en journaliste/future maman hormonale. Bonjour le cliché…

Julia Garner en Anna Delvey est mieux lotie. Son rôle est essentiellement divisé en deux : les scènes de prison/échanges entre elle Vivian et les flashbacks où on la voit se mouvoir dans l’autre monde. Garner relie bien ces moitiés. Son langage corporel assuré et sa suffisance communiquent la certitude et le sens de la supériorité du personnage.

Antipathique au possible, calculatrice et tellement vaine. Une des questions quand elle rencontre la journaliste : vous êtes enceinte ou grosse ? 

 

 

Anna Delvey est-elle détestable et vaine ? Absolument. Mais Garner projette une sorte d’armure impénétrable avec quelques moments rares de vulnérabilité.

Mais alors, comment Anna du haut de ses 26 ans a amené un fonds d’investissement à considérer un prêt de 40 millions de dollars ? Comment a-t-elle séjourné dans une série d’hôtels cinq étoiles sans le budget pour ? A-t-elle vraiment un père cruel qui n’a pas soutenu son rêve d’ouvrir un club social exclusif à New York ? 

C’est une escroc. Elle étudie, observe son environnement, manipule, met en confiance, amuse et rassure. Elle déplace ses pions avec intelligence mais aussi immaturité. Mais cela va au delà. Pour elle, il semble que ce soit aussi une façon d’être. Elle donne l’impression que, si elle ne vivait pas une vie de luxe, elle mourrait. Comme un requin qui arrêterait de nager…

Anna Delvey est un mélange kaléidoscopique de fureur et de défensivité (lorsqu’elle est mise au défi ou contredite), douceur, charme, intelligence féroce et, parfois, étrangeté simple.

Alors qui est réellement Anna ? C’est une question légèrement existentielle et peut-être un peu méta pour une histoire qui est déjà une pyramide de mensonges et d’obscurcies. Mais étant donné à quel point l’invention d’Anna est multicouche et à quel point certaines de ces couches semblent inutiles, pourquoi en rajouter ? 

À un moment donné, la journaliste s’inquiète d’avoir manqué la vraie histoire d’Anna Delvey et de ce qu’elle représentait dans le rêve américain. La série semble l’avoir manqué aussi.

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