Questionner,  Sourire

Réflexion personnelle sur 2016 et des clowns

C’est l’heure des bilans et l’année 2016 a donné de quoi faire des listes. Mais c’est compliqué. Je pourrais parler en vrac des gens vrais contre les élites, en me demandant encore et toujours qui sont ces gens vrais dont on parle. Je pourrais aussi parler d’un référendum anglais auquel personne ne croyait ou d’un président élu contre toute attente et qui parlait de la taille de son pénis dans un discours…

J’aurais aussi envie de parler de cette étudiante anglaise qui a le courage de dire en quelques mots ce qui est pensé par beaucoup face à son premier ministre. Ou de la sans peur ni reproche Elise Lucet qui fait un super boulot de journaliste d’investigation.

Je pourrais aussi râler sur les transports en commun à Angoulême, qui sont chers, pas toujours efficaces, qui démarrent trop tard et se terminent trop tôt. Je pourrais dire tout le mal que je pense de Cyril Hanouna, de ce qu’il représente, de sa vulgarité, de sa bêtise crasse. Pareil pour Morandini.

Je pourrais me lamenter sur l’inutilité/impuissance du « fact checking » puisque maintenant un mensonge répété mille fois devient une vérité. Ou du scandale des abattoirs. Je pourrais pleurer sur le sort des lycéennes toujours otages de Boko Haram depuis 2014 même si 21 d’entre elles ont été libérées en octobre.

Je voudrais souligner que la Suède ferme ses prisons, parce que comme la Finlande, elle est un pays qui vise la réhabilitation plutôt que la punition. Que Taïwan est sur le point de devenir le premier pays asiatique à légaliser le « mariage pour tous », et que la Gambie et la Tanzanie ont interdit le mariage des enfants.

Mais je voudrais surtout parler des clowns. Parce qu’il n’y a rien de plus beau dans la vie que d’entendre les rires d’enfants – et d’adultes. Parce que rire de bon coeur, c’est faire le lien entre les humains, c’est ce qui permet de vivre et tenir. Parce que se marrer et faire marrer est un plaisir et un devoir.

Je voudrais rendre hommage à Anas al-Basha. 
Anas al-Basha, 24 ans, était un travailleur social d’Alep. Il dirigeait le centre « Space for hope » (Un espace pour l’espoir), qui figurait parmi les initiatives locales pour les enfants et proposait de nombreux services à la société civile dans les régions de Syrie frappées de plein fouet par la guerre. C’était un clown… avec lui, les enfants souriaient et blaguaient. Anas a été tué mardi 29 novembre 2016, lors d’une attaque aérienne russe sur le quartier de Mashhad, dans la partie assiégée d’Alep-Est.

Enfin, je voudrais que vous connaissiez Clowns sans Frontières. Organisation internationale, elle est faite de clowns, comédiens, artistes, acrobates, etc. qui partent partout dans le monde pour faire rire les enfants. Ils ne révolutionnent rien, il ne résolvent pas les conflits et ne changent pas la face du monde. Mais parce que quelqu’un que j’aime en fait partie et me raconte ses moments forts, ces instants de grâce et de temps suspendu avec des enfants qui vivent des choses inimaginables, je suis plus que persuadée que ce qu’ils font est vital et indispensable.

Enfants syriens à Beyrouth. ©Alex Hinchcliffe

 

Alors que 2017 soit une année du rire, du rire malgré tout.

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