Withnail & I
J’ai revu la nuit dernière, pour la énième fois, Withnail and I. Film culte en Angleterre depuis sa sortie en 1987, c’est le film à voir pour connaître toute une génération d’Anglais, pour demander les vins les plus fins que l’humanité puisse goûter, pour comprendre aussi que l’on puisse aller en vacances par erreur et que la carotte de Camberwell (quartier du S.E de Londres) est puissante… C’est un de ces films qui me rappelle pourquoi je suis si amoureuse des britanniques.
L’histoire:
Londres, 1969. Deux acteurs sans travail, Withnail et Marwood, commencent à ne plus supporter la précarité, le froid, les piles de vêtements sales et la colère de leurs dealers. Alors, ils quittent leur appartement sordide de Camden pour prendre des vacances à la campagne chez Monty, l’oncle de Withnail (formidable Richard Griffiths). Seulement, sur place, ils ne trouvent rien d’autre que la pluie et des placards vides. Les choses ne s’arrangent pas lorsque Monty les rejoint : l’oncle, très excentrique, se montre rapidement très affectueux envers Marwood…
C’est assez librement basé sur la vie de son réalisateur Bruce Robinson (qui est en ce moment à l’affiche avec Rhum Express).
Ce film est drôle, noir, sentimental, excessif, burlesque, intelligent, amer, triste, dramatique mais encore une fois tellement drôle. Le film est pratiquement dénué de toute présence féminine, claustrophobe (les extérieurs – inhospitaliers qu’ils soient urbains ou ruraux – sont rares et souvent filmés sous une pluie battante). Comme toutes les grandes comédies, vous remarquez une nouvelle phrase, une nouvelle situation, un nouveau « gag » à chaque nouveau visionnage.
Withnail and I est drôle, mais il est aussi très émouvant.
C’est le portrait dévastateur de ce moment où l’âge adulte finit par vous rattraper. Quand vous êtes jeune vous pensez que tout est possible et qu’un jour, pour paraphraser le discours de Withnail au ciel vide : vous leur montrerez que vous allez être une star. Mais ces gens avec qui vous avez planifié votre succès, finiront par vous trahir : vos pairs vont s’installer, ils suivent une formation en gestion commerciale, ils ont des enfants, ils oublient leur promesse de jeunesse.
Quand Marwood (I) trouve enfin un boulot d’acteur et l’annonce à Withnail, dehors sous la pluie, Withnail est effrayé. Pas de dernier verre de cette bouteille volée chez Oncle Monty. Marwood refuse son offre, pressé de quitter Withnail pour rejoindre le nouveau monde.
Withnail est égoïste, égocentrique et lâche. Mais cette dernière scène est incroyablement émouvante ; la solitude criante de Withnail et l’abandon par Marwood, vécu comme une trahison. Et de réaliser que Withnail est en effet, un merveilleux acteur. Et quelle parade magnifiquement ironique de réciter (vivre ?) le soliloque d’Hamlet, « what a piece of work is a man »…
http://youtu.be/RPNA_BoCFPs
C’est une amitié qui cesse, et plus encore, un pan de vie qui se termine. L’âge adulte. Les responsabilités. Le passage du temps. Le théâtre. Les beuveries. Shakespeare. La solitude. On devient un adulte ou on devient un « perdant ». Voilà ce que Withnail and I nous apprend.
I have of late—but wherefore I know not—lost all my mirth, forgone all custom of exercises, and indeed it goes so heavily with my disposition that this goodly frame, the earth, seems to me a sterile promontory; this most excellent canopy, the air—look you, this brave o’erhanging firmament, this majestical roof fretted with golden fire—why, it appears no other thing to me than a foul and pestilent congregation of vapors. What a piece of work is a man! How noble in reason, how infinite in faculty! In form and moving how express and admirable! In action how like an angel, in apprehension how like a god! The beauty of the world. The paragon of animals. And yet, to me, what is this quintessence of dust? Man delights not me. No, nor woman neither, though by your smiling you seem to say so.
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8 commentaires
Senta
J’ai vu ce film à l' »Utopia » à Bayonne en VO sous titrée (il y a tellement longtemps que je ne saurais dire quand) et je l’ai adoré!
murielle
Ouh là il y a longtemps si c’était l’Utopia, bien avant l’Atalante! :-) Souvenirs…
Fred
J’ai trouvé le dvd en anglais avec sous tutre anglais aussi mais ça valait le coup. Pas toujours facile à suivre mais j’ai beaucoup aimé et ri. Le gag des vacances par erreur est extraordinaire. C’est très fin, très humain et le rire est parfois celui du désespoir. Je me répète mais c’est dommage que le film n’existe pas en français.
murielle
Je suis ravie que tu ais aimé. ce film fait partie de mes top 10. Et je sais du coup ce que je vais regarder cette nuit.
Alain
Trop anglais pour moi. Je comprends pas l’humour british.
murielle
Dommage. Moi c’est ce que j’aime.
Fred
C’est dommage de ne pas trouver le film en français. je ne sais pas assez bien l’anglais pour tout suivre dans la langue ou sans sous titrage.
murielle
Oui je ne comprends pas pourquoi ce film n’a jamais été dans les salles de ciné françaises. Et je devrais arrêter de commenter des trucs pas français…