Caméra dessinée sur fond jaune
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La délicatesse

Grrrrr. Ça y est, voici la « colère » de la semaine. Grâce à film médiocre qui me donne raison, une nouvelle fois, de penser que les français ne savent pas faire des comédies romantiques intelligentes.

La preuve avec La délicatesse. Recommandé par plusieurs d’entre vous, on s’est enfin décidé à le voir hier soir. Quelle erreur! On aurait mieux fait de regarder la peinture sécher sur les murs.

L’histoire: Nathalie a perdu son mari il y a trois ans. Hantée par le souvenir, elle se réfugie dans le travail et semble avoir mis un terme à sa vie sentimentale. Elle rejette tous les hommes, y compris son séduisant patron. Son entourage s’inquiète. Pourtant, un jour, sur un coup de tête, elle embrasse Markus, un collègue de travail, qui n’est même pas beau garçon. L’événement aurait pu être sans lendemain. Mais de fil en aiguille, Markus s’attache à la fragile Nathalie, tandis que cette dernière s’adoucit au contact de cet être un peu gauche. Markus et Nathalie suscitent rapidement les interrogations de leurs collègues, puis leur franche désapprobation…

Bon alors, déjà le synopsis est stupide. « Elle embrasse Markus qui n’est même pas beau garçon »… Ça vous choque pas cette phrase? Parce que moi oui.

Mais si y’avait que ça… C’est un film tiède, plat, sans relief, ni vraiment une comédie ni vraiment un drame. Le début commence comme un drame à l’eau de rose; ils s’aiment fort, il meurt, elle est malheureuse. Ensuite la comédie arrive avec la présence de François Damiens mais ce n’est pas entièrement drôle. Donc ce n’est pas très triste mais ce n’est pas comique non plus. C’est un film qui se cherche et qui nous a perdus. Je n’y ai absolument pas cru, le deuil y est trop glamour, les dialogues sonnent faux, tout est creux. Ce film sacharrine est la version filmée incroyablement longue du chapitre du renard dans Le Petit Prince.

– Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?

– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »

– Créer des liens ?

– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

Voilà, c’est ça le film. Un film fait pour ceux qui ne lisent pas assez de littérature, ceux qui ne voient pas assez de films, les sans imagination ou les naïfs. Un film sans caractère, plat, insipide, bourré de lieux communs et de fausse poésie. Parce que là, esthétiquement tout est beau. La photographie est belle, les teintes sont pures, les lignes sont adoucies et délicates, presque surannées… Audrey Tautou aussi est délicate, qui épouse parfaitement le cliché du faon gracile, fragile qu’il faut protéger et que l’on va forcément aimer (elle est tellement mieux que ça dans Thérèse Desqueyroux). Ce film est assurément sponsorisé par les marques chamallows® et canderel.

Une seule scène, courte, a trouvé grâce à mes yeux, une scène peut être difficile à comprendre mais qui a résonné en moi. Et puis il y a tout de même François Damiens qui rend par sa présence tout film médiocre un peu plus regardable.

La musique d’Emilie Simon est en revanche parfaite, poignante et vraie. Juste parfaite et magnifique. Et les seuls mots dans ce film qui fassent pleurer…

et je regarde,
pendant des heures,
tous ces nuages,
je vois des fleurs,
des trains, des arbres,
mais même là
au fond du ciel,
je ne te vois pas

alors je prie,
dieu me pardonne,
sans croire en lui,
je prie l’homme
qui m’aimait tant,
que j’aimerai
toute ma vie,
mon chevalier

13 commentaires

  • nhetic

    Je n’aurais peut etre pas un avis aussi tranché que toi sur le film bien que j’avoue que je reviens de ma première critique (http://nhetic.wordpress.com/2011/12/24/mon-avis-sur-la-delicatesse/).

    Le film bénéficie d’un scénario plat, assez téléphoné et semble être une version très fidèle du livre éponyme. Les trois bons points à retenir (à mes yeux) sont Audrey Tautou, François Damien et surtout l’ambiance musicale portée par Emilie Simon à travers ses différentes compositions. Et c’est justement, cette osmose si particulière entre les images et la musique d’Emilie Simon qui rend à mes yeux le film très précieux. Au même titre qu’un certain Sucker Punch dans un autre style musical/visuel.

    En revanche, la vision du couple dans La Delicatesse est effrayante avec le fameux qu’en dira t on suite à la relation « impossible » entre les deux tourtereaux (une femme jolie ne pourrait pas aimer un homme laid). Pourtant, l’on retrouve cette vision assez souvent dans la vie de tous les jours. Le couple social… (http://nhetic.wordpress.com/2012/05/28/catharsis-onirique-et-unique-dun-plaisir-lineaire-et-etonnant/)

    Malgré pas mal de points noirs dans ce film, mon côté fleur bleu continue de me faire pleurer sur la scène finale de La Délicatesse, dans ce jardin où Markus va se coucher. Le moment est symbolique tout en étant d’une tendresse profonde.

  • Nathalie

    Quand tu n’aimes pas, tu n’aimes pas! Quelle est la scène que tu as aimée? Moi je l’ai un peu aimé, ce n’est pas un grand film mais il y a des moments agréables, tendres et touchants. Mais je comprends que tu n’aimes pas. Je pesne que c’est trop eau de rose/harlequin pour toi, il n’y a pas la noirceur que tu aimes dans tous les genres de films. Il te faut quelque chose d’un peu plus ambigu et tordu. :-) De la passion!

  • Fred

    J’avais lu le livre et détesté. J’avais ensuite lu une critique du livre que j’avais aimée:
    j’ai trouvé ce bouquin aussi délicat, poétique et subtil qu’un mode d’emploi de perceuse à percussion sans fil. Cohérent cependant car, avec un sujet aussi larmoyant, l’écriture aussi est à pleurer : ultrabasique et d’une platitude qui relève de l’exploit. Les personnages, eux, brillent par leur inconsistance et les événements se succèdent sans inspiration à la cadence d’une chaîne de montage. Bref, un objet-à-pages désopilant de niaiserie.
    Aucune envie de voir le film.

    • murielle

      C’est une critique bien faite qui donne absolument l’envie de lire autre chose que du Foenkinos. Je suis curieuse tout de même de savoir ce qu’il vaut à l’écrit car je n’ai encore rien lu de lui.

  • Audrey

    C’est sévère! Il est loin d’être parfait mais il a des moments romantiques, tendres et drôles. Et ça finit bien avec une fin douce dans le jardin. Damiens est toujours bien!

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