Lire,  Sourire

Sens dessus dessous

Aujourd’hui je n’avais rien à faire. Enfin si, faire une lettre de motivation pour une fondation, faire mes comptes, répondre aux e-mails, des trucs qui demande l’usage du cerveau quoi. Et aucune envie de m’atteler à la tâche. Aucune envie non plus de culpabiliser parce que je ne le faisais pas. Ma technique d’évitement est simple et efficace; je fais du rangement. Je fais le ménage de printemps, automne ou hiver. Je remplis un sac poubelle de junk, je mets des vieilles fringues pour le secours populaire, je dépoussière, trie et je vais mieux.

Donc… aujourd’hui j’ai décidé de faire le tri dans mes dessous sens dessus-dessous. Je suis la fière propriétaire de magnifiques paires de chaussettes hautes, en laine et dans presque toutes les couleurs. C’est important de garder les pieds mais aussi les genoux au chaud. Je suis également ravie de voir maintenant ma lingerie, la jolie et la plus pratique, bien rangée par genre, couleur et fonction.

egon-schieleFonction, me dites-vous? Et bien oui. Un article de lingerie a un emploi, qui outre celui évident de séduire sa proie amoureuse, est beaucoup plus varié et intéressant. Le Cardinal Wolsey disait à Thomas Cromwell: « Essayez toujours … d’apprendre ce que les gens portent sous leurs vêtements« . Les chercheurs de Microsoft ont certainement lu Hilary Mantel puisqu’ils travaillent sur un nouvel usage du soutien-gorge: selon 01 net « Ce soutien-gorge intelligent est censé surveiller différents paramètres physiques de l’utilisatrice à l’aide de capteurs, pour déterminer son humeur. Ceux-ci sont capables de récolter le rythme cardiaque, la conductivité de la peau, ainsi que ses mouvements. »

Stylist Magazine a récemment créé une liste de 20 œuvres de la littérature qui parle de la lingerie: mais il y a encore beaucoup plus d’auteurs qui utilisent les sous-vêtements afin d’exprimer des émotions – déception, titillation et une protestation contre la répression .

Rob le dit clairement dans Haute-Fidélité de Nick Hornby :

J’ai été affreusement déçu par les slips des filles quand j’ai commencé à vivre en concubinage. Je ne me suis jamais remis de cette découverte: elles font comme les garçons, elles se gardent leurs plus beaux dessous pour les jours où elles savent qu’elles vont coucher avec un quelqu’un. Quand on vit avec une femme, les vieux slips Monoprix délavés, rétrécis, informes font soudain leur apparition sur tous les radiateurs; vos rêves lascifs d’écolier, où l’âge adulte apparaissait vautré dans la lingerie fine à jamais dans les siècles des siècles… ces rêves retournent à la poussière.

Dramatique, n’est-ce-pas? Certaines femmes n’en possèdent aucun; Lady Montdore conseille à une jeune fiancée « ne dépensez pas votre argent pour des sous-vêtements … J’emprunte toujours ceux de mon mari… »  (L’amour dans un climat froid de Nancy Montford).

Quant aux « maudits faux seins qui pointent un peu partout« , selon le toujours charmant Holden Caulfield, ils occupent, eux, une jolie place dans la littérature.

Dans A summer bird cage de Margaret Drabble, un des personnages porte un soutien-gorge sale le jour de son mariage. Un passage qui a choqué les jeunes lectrices de l’époque (1963) d’une manière que même le divorce romanesque, le sexe avant le mariage et les aventures extra-maritales ne le pourraient jamais.

Heureusement, plus proche des préoccupations des lectrices, Mary Smiling de Cold Comfort Farm, sans cesse à la recherche du parfait soutien-gorge, en possédait une collection énorme – « dont on espérait qu’elle serait laissée à la nation après sa mort« .

Un détail charmant dans un roman noir de John and Emery Bonett: l’héroine rentre chez elle après une soirée en ville et automatiquement relâche les bretelles de son soutien-gorge puis enlève ses bas afin de ne pas les filer. Je suis sûre que c’est la plume féminine du duo qui a écrit cette scène tant elle est familière pour des milliers de femmes.

Apparemment , les chercheurs du soutien-gorge à humeur ont essayé d’inventer quelque chose de semblable pour les hommes, mais le capteur était « trop loin du cœur pour être efficace« .

6 commentaires

  • Mag

    There’s a Martin Amis’ novel with a scene about dirty knickers left on the floor and how they put the man off sex. I can’t remember the title though but I like his idea that worn lingerie can be everything but sexy.

  • Nathalie

    J’aime ta conclusion. C’est rare aussi qu’un roman mette en scène ou parle des sous vêtements d’un homme. Un caleçon fait rarement le même effet qu’un soutien-gorge ou autre sous-vêtement féminin.
    En ce qui me concerne, mon humeur commande le choix de ma lingerie du jour et pas l’inverse.

  • Fred

    Le passage de Nick Hornby est très vrai. Les premier temps on a droit aux dessous chics, les trucs en dentelle, soie et sexy et puis après c’est le coton, les shorties, les dessous du quotidien. Mais ça ne me dérange pas du tout. J’aime tout. Puis pour être honnête, les hommes font la même chose.

  • Anne

    Bonjour. J’aime beaucoup cet article.
    Dans Les Fous Du Roi, Anne séduit Jack Burden avec une camisole, une culotte, et bien d’autres frou-frou pour arriver à ses fins. Cela prendra tellement de temps à enlever que ses parents seront rentrés avant qu’ils aient eu le temps de passer à l’acte!

  • Laurent

    « Rancid aluminium » de James Hawes. La description de l’effet sur un homme à la vue furtive d’un triangle de tissu de culotte. Aucune femme ne pourrait l’écrire.

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