Écrire

Gilles

Un beau jour tout est devenu subitement clair. J’ai compris qu’il était mon ennemi. Tout s’expliquait. Ses sourires en coin quand je parlais, ses haussement d’épaules quand je demandais une explication. Il avait aussi tendance à lever les yeux au ciel quand je prenais la parole.

J’ai enfin compris qu’il n’avait aucun respect pour moi. Sans cesse il m’a traité comme de la merde. Comme si lui-même était parfait. Il me faisait sans cesse des remarques, à croire qu’il savait toujours mieux que moi ce qu’il fallait faire, dire ou écrire. Ce que je prenais pour de l’amitié n’était en fait que de la manipulation. J’avais confiance en lui mais il m’a trahi.

Ne me demandez pas comment ou pourquoi. Je le sais c’est aussi simple que ça. J’ai toujours eu une intuition hors du commun. Je ressens les gens, je sais dès que je les rencontre, sans même leur parler si ce sont des gens bien ou pas. Je sais lire les personnes, j’ai un don pour voir leur aura, je peux ressentir leur énergie. Il ne me faut que quelques minutes pour apprécier quelqu’un. C’est pourquoi je suis troublé. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas vu tous les signes plus tôt. Il a su prendre un masque. J’aurais du comprendre bien avant que son humour déguisait de la méchanceté. J’aurais du réaliser que son amabilité n’était que de façade. Il me voulait du mal, il se réjouissait de mes failles et je ne l’ai compris que bien tardivement.

Mais maintenant je sais. Il ne peut plus rien contre moi. Je ne veux plus le revoir. J’ai coupé les ponts et je ferai en sorte qu’il ne me nuise plus. Je le hais de tout mon être.

16 commentaires

  • Audrey

    Je suis sure que Gilles est celui qui parle. Ça rend le « il » de l’ami/ennemi plus mystérieux et plus ambigu parce que je pense que Gilles est presque une illusion. Est-ce qu’il existe au moins? Dans la paranoia les ennemis sont aussi invisibles.

  • Laurent

    J’aime l’ambiguité. Je pense que Gilles est celui qui parle parce que en lisant les autres nouvelles de Murielle, le titre est souvent le prénom du narrateur. Quoi qu’il en soit le narrateur ne m’est absolument pas sympathique parce que quelqu’un qui dit qu’il peut voir l’aura des gens et qu’il a un don pour ressentir les énergies est à coté de la plaque. Je n’aime pas ceux qui jugent en quelques minutes. Il y a quelque chose de pas là avec cette haine. Comme une désillusion.

      • Sylvie

        Je n’ai pas d’antipathie pour lui, ces choses là arrivent et je ne pense pas que l’on puisse avoir de jugements aussi simplistes et hâtifs le concernant. Personne d’entre-vous n’a été dupé par la fausse sincérité d’une personne ? D’après moi Gilles a été manipulé par un profiteur à l’intérêt quelconque…

  • Franck

    A l’instar de Nathalie, je pensais aussi que Gilles était le méchant. Ce qui me pousse à dire que si tel est le cas, il faut toujours se remettre en question et ne jamais perdre de vue que ses propres impressions peuvent être erronées. On est toujours sur de ses opinions et pourtant… Pourtant il y a souvent, la vie me l’a appris, ce petit détail qu’on n’a pas su appréhender, ce grain de sable dans l’engrenage de nos pensées.Pour conclure, je dirais qu’une opinion ne doit jamais être acquise, définitive et qu’il y a toujours plusieurs solutions à un problème, plusieurs opinions contradictoires qui ont pourtant droit de cité. On appréhende tous différemment une même chose, et nul n’a tort ou raison. Il y a seulement plusieurs vérités.

    • murielle

      Bonjour et bienvenue.
      Il y a plusieurs vérités, peut-être mais il y a aussi effectivement parfois le grain de sable qui fait dérailler la machine de la pensée raisonnable. Quelque chose qui pousse à croire ce qui n’est pas. C’est aussi une façon de chercher refuge contre un extérieur qui peut faire peur et/ou créer l’angoisse.

  • Fred

    Gilles est dans le délire. Je trouve comme Audrey que c’est horrible de penser comme ça. Ce n’est pas si rare de rencontrer des gens qui rationalisent des impressions et des idées complètement subjectives proches du délire. Ce que Gilles pense est complètement illusoire avec des idées de grandeur. Mon ex boss était comme ça…

  • Audrey

    C’est horrible de penser et de vivre comme ça. La paranoïa est un truc horrible. C’est horrible pour celui qui la vit parce qu’il n’arrive pas à raisonner et il est persuadé que ce qu’il pense est la vérité. Puis c’est aussi horrible pour celui qui en fait les frais. C’est comme la jalousie. Ça me rappelle le film « La Jalousie » avec Emanuelle Beart et Cluzet.

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