Le procès du siècle
Au centre du film Le procès du siècle, un bigot auto-glorifié fanatique s’arroge le droit de faire circuler des mensonges blessants et odieux parmi ses admirateurs/followers – dont les neo-nazis et les suprémacistes blancs – sans en subir les conséquences ou être mis en cause pour ses actions.
Cela peut sembler « déjà vu » à quiconque a suivi la campagne présidentielle américaine. Mais apparemment, la notion qu’un mensonge, répété souvent et fort, devient magiquement un fait, n’est pas une nouvelle tactique.
Aussi méprisable que puisse être le mouvement « Birther » du futur président américain, l’événement historique présenté dans cette procédure juridique moralement chargée, va au-delà : Adolf Hitler n’a jamais ordonné l’extermination de six millions de juifs européens pendant la seconde guerre mondiale. En d’autres termes, l’Holocauste n’a pas existé.
Le timing est ironique. Le réalisateur Mick Jackson et le scénariste David Hare le savaient-ils quand ils ont adapté le livre de l’historienne et auteur américaine Deborah E. Lipstadt – compte-rendu à la première personne du procès en calomnie menée contre elle par « l’historien » le négationniste anglais David Irving (Timothy Spall).
Le procès, qui a commencé en , fut particulièrement médiatisé au Royaume-Uni. En effet, la loi anglaise sur la diffamation (Libel law) a ceci de particulier et de difficile à comprendre que la responsabilité de prouver son innocence repose sur l’accusé ; c’est le burden of proof. En bref, innocent jusqu’à prouvé coupable n’existe pas Outre-Manche. C’est l’inverse…
Même si le procès a attiré la couverture de la presse, ne vous attendez pas à une représentation dramatique. Tout comme Lipstadt elle-même, les spectateurs ne sont pas au courant du fonctionnement intérieur de la défense, sauf quelques explications parfois. Certes, Irving arrive avec une sorte de slogan accrocheur : « pas de trous, pas d’holocauste » – à propos du manque supposé d’ouvertures sur le toit pour les nazis des chambres à gaz dans les camps de concentration.
La vue des journalistes qui se précipitent pour imprimer ce refrain dans leurs titres est destinée à nous faire penser que tout pourrait être perdu. Mais tel n’est pas le cas. Bien que beaucoup, sinon la plupart, connaissent déjà le résultat du procès, le film ne dilue pas la conviction que beaucoup est en jeu dans la décision capitale du juge. Si Irving gagne le procès, il sera légitime de tenir une opinion et de douter de l’Holocauste. Si le juge décide en faveur de Lipstadt, pour la première fois dans l’histoire, une décision juridique importante confirmera son existence.
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