Philip Larkin
Ce poème est un des plus connus de Philip Larkin, (1922-1985). Poète, romancier et critique de jazz, il est considéré comme l’un des plus grands auteurs anglais du XXe siècle.
This be the Verse
They fuck you up, your mum and dad.
They may not mean to, but they do.
They fill you with the faults they had
And add some extra, just for you.
But they were fucked up in their turn
By fools in old-style hats and coats,
Who half the time were soppy-stern
And half at one another’s throats.
Man hands on misery to man.
It deepens like a coastal shelf.
Get out as early as you can,
And don’t have any kids yourself.
Larkin est loin d’être le misogyne qu’un biographe avait voulu faire de lui, raciste oui, misogyne, non. Il a fallu attendre l’année dernière pour que ses lettres à sa partenaire Monica Jones soient publiées. Ces missives montrent l’homme tendre, prévenant, amoureux et surtout incroyablement drôle. Sa vie de bibliothécaire était loin d’être ennuyeuse; il a vécu trois histoires d’amour à la fois, il était l’ami de Kingsley Amis, il aimait la musique, travaillait dur et était un homme, collègue, ami, amant aimé et chéri. C’était aussi un être complexe et talentueux.
Peu ou pas du tout connu en France, un livre en français lui est enfin consacré, 26 ans après sa mort.
La vie avec un trou dedans, choix de poèmes en édition bilingue, précédés de « Le principe de plaisir » et suivis d’un entretien à l’Observer, trad. de l’anglais par Guy Le Gaufey, avec la collaboration de Denis Hirson, Éd. Thierry Marchaisse, 2011.
Tel soit le Dit
Ils te niquent, tes père et mère.
Ils le cherchent pas, mais c’est comme ça.
Ils te remplissent de leurs travers
Et rajoutent même un p’tit chouïa – rien que pour toi.
Mais ils furent niqués en leur temps
Par des fous en chapeaux claques,
Tantôt sérieux et larmoyants
Et tantôt à s’traiter d’macaques.
L’homme refile la misère à l’homme.
Ça devient très vite abyssal.
Tire-toi de là, mets la gomme,
Et n’essaie pas d’avoir des mômes.
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6 commentaires
Yvains
Ma version:
Ici les Vers
Ils te bousillent, ta maman,
Ton papa – même si c’est pas
Intentionné – en te gavant
De leurs maux sots, de leurs faut-pas,
Et bien sûr, en y ajoutant
D’autres, uniquement pour toi.
Mais loin avant, les bousillèrent
Des sots, vêtus façon désuète;
C’étaient parfois des poings de fer,
Des fadasses parfois, des bêtes –
Et parfois des époux en guerre
Sans trêve, victoire, ou défaite.
Transmise, ainsi, à l’infini,
En maudit patrimoine oral,
La misère s’approfondit
Comme le gouffre au littoral;
Sauv’-toi, donc, si tu peux – et puis
Fais pas d’enfants, c’est la morale.
Ping :
Eli
Bonjour. Je viens sur votre blog suite à l’émission ONPC où ils parlaient de Larkin. Mais ils n’ont pas donné la même traduction « ils vous bousillent vos parents »
Je préfère cette version.
Je reviendrai vous lire.
murielle
Quelle drôle de traduction?! Niquent est plus proche de l’original en ce sens que Larkin faisait un « jeu de mots » avec « fuck you uo ».
quelque chose proche de : Ils vous fabriquent en niquant et ils vous bousillent également. Le sens sexuel donne aussi l’idée de procréation.
Merci pour la visite.
nuage1962
c’est un poeme différent pour cette période ..
murielle
Eh oui. Et venant d’un bibliothécaire, je trouve ce poème très moderne. Il est très utilisé en Angleterre.