Caméra dessinée sur fond jaune
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Jimmy’s Hall

Le film d’adieu de Ken Loach – quoiqu’il puisse encore changer d’avis – trouve le réalisateur en mode lyrique et en colère. Il raconte l’histoire vraie de Jimmy Gralton (Barry Ward), un Irlandais qui a été expulsé de son propre pays sans procès en 1933. Son crime : avoir mis en place une salle publique dans le comté de Leitrim, un lieu d’éducation et de loisirs, d’activités communautaires, et de musique la fois traditionnelle et de jazz que Gralton a ramené d’Amérique. Une MVC avant l’heure…

Gralton, un socialiste, suscite la levée des forces locales d’intolérance et de murmures choqués par la « musique jazzy … poussées pelviennes » et « losangelisation » des irlandais. Dans un pays tiraillé, coincé entre les pouvoirs de l’Eglise catholique et de l’IRA, la place pour un autre voie/voix est quasi impossible.
Pour l’Eglise et la classe dirigeante, la salle et Gralton représentent quelque chose de dangereux et subversif – le fait que les gens ont commencé à penser et à agir par eux-mêmes.

Le dialogue porte parfois la pédagogie directe et un peu plate du théâtre politique de la vieille école et le scénariste a la main lourde à certains moments. L’approche est ouvertement dialectique, présentant scrupuleusement une position et son contraire: Le discours se veut universel et intemporel. Ce qui est évident quand le charismatique Gralton prend la parole après la repossession d’une ferme irlandaise et parle de la cupidité qui crée la crise : « I saw the wild speculation and greed … I saw the bubble burst.”

Mais il y a quelques étincelles grâce à une performance robuste mais nuancée de Jim Norton, en Père Sheridan acariâtre et jusqu’au-boutiste obsessionnel, qui apporte un regard terrifiant et un humour caustique. « what we’d do without a cup of tea »

 

Les paysages irlandais sont beaux, les lumières aussi. La scène de la danse de couple dans le dancing hall déserté est une moment de passion refrénée, de romantisme et de douleur imbibée d’une lumière grisée magnifique.

 

Le cadeau que Loach apporte à ses films, c’est le fait qu’il ne raconte pas des histoires – il motive le public à sauter de son siège et prendre parti. Et parfois de désespérer. En fait, Loach a beaucoup en commun avec Jimmy Gralton.

3 commentaires

  • burntoast4460

    Des images impressionnantes qui font passer un peu le côté très didactique du film (dans le sens marxiste). Bien que les errements de l’Eglise Catholique de l’époque furent, hélas, très réels.

  • Nathalie

    Je l’ai vu hier soir. J’ai été déçue par les longueurs, j’attendais quelque chose de plus épique, un peu comme dans « Le vent se lève ». Mais c’est vrai que la photographie est superbe. Les acteurs sont tous bien et les paysages donnent envie de visiter l’Irlande

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