L’amitié au temps de la pandémie
Alors… l’amitié pendant le Covid. Confiné.e.s dans nos maisons ou séparés par des frontières, avec trop de temps qui nous est offert dans l’isolement et de nouvelles façons de communiquer en ligne, il semblerait que nous nous sommes involontairement – ou dans certains cas délibérément – éloignés de la vie sociale.
Si on envisage le côté positif, on ne souffre plus du FOMO. Est-ce que je suis au bon endroit au bon moment ? Pourquoi je ne suis pas invitée à la soirée de mes amis ? Qui fait quoi pendant que je suis seule chez moi ?
Mais c’est aussi peut-être un pas de plus vers la solitude déjà croissante. Simplement sans énergie, sans rien à dire, sans cadre social ou engagement dans la vie, c’est compliqué de refaire le premier pas vers les autres. Et puis, ça nous a rendu très sérieux ce Covid. On se concentre sur le principal, sur un tout petit noyau, parfois juste sur soi-même, pour tenir le coup et se protéger. Et petit à petit, les amitiés se délient.
La difficulté est maintenant de s’adapter, de sortir de ce bunker personnel et de se ré engager dans ces connexions plus éloignées. Les réseaux sociaux sont devenus plus insulaires. Les groupes sur whatsapp ou messenger sont encore plus actifs.
Et je pense à toutes ces personnes plus vulnérables à la perte d’amitié ; les célibataires, les personnes souffrant d’anxiété sociale, de handicaps physiques et mentaux. Toute personne dont la vie sociale est vitale : les sorties entre ami.e.s, les rencontres associatives, les visites des travailleurs sociaux, etc. Toutes celles et ceux qui ont été à des croisements de la vie : l’école, la fac, un divorce, un déménagement, une maladie, un départ à la retraite, le deuil – tout ce qui stresse, peut faire souffrir et qui nécessite du monde autour…
Je ne sais pas. Est-ce qu’on a moins d’amis qu’il y a 2-3 ans ? Est-ce que ça nous convient ou est-ce qu’il est important de (re)créer un lien ? Et comment s’en faire de nouveaux si le cercle s’est réduit ? J’ai posé à Google la question suivante : combien de temps pour se faire un ami ? Sans surprise, il y a beaucoup d’articles sur l’amitié avec cette même question. Et beaucoup ramènent à une enquête d’un chercheur américain, Jeffrey A. Hall, publiée en 2018 : « Combien d’heures faut-il pour se faire un ami ? »
Il a réussi à déterminer des paliers d’amitié : environ 50 heures pour passer de la connaissance à une amitié légère. 90 heures pour un “vrai” ami. Et 200 pour le stade ultime : l’ami proche.
Hall a aussi constaté que lors du passage d’un palier à l’autre, deux personnes vont doubler voire tripler le temps qu’elles passent ensemble en moins de trois semaines. Selon lui, pour provoquer une amitié, il faut switcher le contexte et envoyer des signaux d’intérêt : si on est collègues, il faut proposer une sortie par exemple.
Ce sera alors l’occasion de découvrir que son ami potentiel est un féroce antivax alors qu’on est soi-même 3 fois vacciné. Que la collègue qui nous fait rire avec des allusions sur l’élection de Zemmour, ne plaisantait pas et compte vraiment voter pour lui. Et de regretter de les avoir un moment envisagés…
Car le collègue a quelque chose d’étranger et de curieusement familier. Mais ça, j’en ai déjà parlé !
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2 commentaires
Amaya Tartas
Un nouvel ami est apparu 1 an avant cette période, il m a sauvé d une grande solitude intérieure bien qu entourée, mariée….je me sens privilégiée, je vois autour de moi beaucoup de personnes fragiles isolées et qui se réduisent comme dans un petit espace d elle même
Je crois que les sourires legers de l amitié m ont sauvé
murielle
C’est une jolie histoire. Je tente tant bien que mal de garder les anciennes amitiés et j’en crée de nouvelles. Et j’aime ça.