Respire
Mélanie Laurent a décidément tous les talents. J’avais déjà beaucoup aimé son premier film Les adoptés. Elle montre avec Respire, qu’elle n’est pas qu’une actrice qui pratique la réalisation comme un passe-temps ou une lubie.
Respire coupe le souffle. Oui je sais c’est facile mais vous n’étiez pas dans la salle à regarder les spectateurs hésitant entre le point d’interrogation et l’exclamation.
L’histoire :
Charlie est une ado normale et discrète, entre émotions timides et vague spleen. Et voilà que Sarah déboule dans sa classe : une fille magnifique, qui semble déjà tout savoir de la vie et qui la choisit comme meilleure amie. Auprès de Sarah tout devient plus intense et exaltant. Mais jusqu’à quand ?
Loin du film pour ados façon LOL ou La Boum pour les plus vieux, ici c’est une histoire d’amitié au lycée, l’année du bac. Des familles où les pères sont absents et les mères défaillantes chacune à leur façon. Des émotions rentrées, des passions subies, bien entendu, des questionnements sans réponse, des vies rêvées.
Ce n’est pas facile d’être une jeune fille de 18 ans. Pas enfant mais pas encore femme.
Mais au fond, à quelle âge gagne-t-on en maturité ? Cette maturité qui ne rend pas esclave des sentiments. Celle qui nous fait nous dresser seule. Celle qui nous fait dire « non assez » au lieu de céder encore une fois au chantage sentimental. Cette maturité qu’une maman encore jeune et assez larguée (la toujours parfaite Isabelle Carré) ne peut donner en exemple à sa fille perdue.
Les quelques premières minutes on se demande où va le film. Les images bien léchées, des jeunes filles belles comme un film de David Hamilton, des ados sympas. Puis très vite on rentre dans l’histoire et on ne lâche pas. On se retrouve soi-même au même âge, combien c’était compliqué les années lycées, combien on vit dans le doute, l’interrogation, le besoin de sécurité de la tribu et l’envie d’indépendance. On sait combien il est facile de passer au dégoût de soi (un brossage des cheveux un peu trop énergique) à l’envie de plaire (séance de maquillage sensuel). On ressent tout très fort et quand on ne sait pas verbaliser cette intensité, on fait des crises d’asthme.
Le film repose sur les épaules de deux jeunes actrices formidables Lou de Laâge et Joséphine Japy. Les deux faces d’une même pièce, elles sont impeccables. Belles mais différentes, l’une dans la sensualité narcissique et affichée, l’autre dans la discrétion.
On voit aussi ces adultes, parents trop jeunes, absents ou incapables pour la plupart ou sans le recul nécessaire pour voir ce qui se passe autour d’eux
Puis insidieusement, facilement, les rapports changent, les signes sont là, on sait que rien ne sera simple dans l’amitié de ces deux jeunes filles. L’histoire devient sombre, inquiétante. On imagine le pire. On comprend que c’est tout ou rien. Et on attend le dénouement, on le redoute. On sait que rien ne sera plus jamais comme avant.
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4 commentaires
Nathalie
Je l’ai vu ce week end et j’ai beaucoup aimé. C’est bien plus qu’un film d’ados et je conseillerai à tous les parents de jeunes filles d’aller le voir. Et de pouvoir en discuter ensuite. Et puis la fin!! Complètement clouée au siège. C’était brutal.
murielle
Tout à fait!
burntoast4460
Mon truc c’est plutôt Hunger Games, j’avoue. En plus, les rapports compliqués de deux jeunes filles, j’aurai du mal à m’identifier. :)
murielle
Ha ha. C’est marrant, parce que justement je disais à ma compagne de cinéma combien j’aimais Hunger Games. Oui je crois que Respire a son public :-) Idéalement, ce serait bien que les parents y aillent avec leur enfants.