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Comment je continue d’être déléguée syndicale

Je continue d’être déléguée syndicale. Le RH est parti vers d’autres horizons. En laissant des dossiers non terminées, des comptes bloqués, etc. Eh oui, la demande de rigueur et de professionnalisme est toujours dans un seul sens. Tout le temps je me dis qu’on est un reflet de ce qui se passe au gouvernement.

Un manager/RH toxique à la tête, des ministres tout dévoués à ce manager, tant pis pour la crédibilité, la fierté ou un sens de l’honneur de ces amateurs. Et d’autres dans l’opposition, à tenter de rester à peu près exemplaires, à bosser, travailler les dossiers, se former.

Donc le RH parti, une autre a pris la place. Enfin, pas vraiment pris la place. Elle a juste repris son rôle. Parce que pendant quelques années, elle avait été un peu mise à l’écart. L’autre parti, elle peut exister à nouveau. Mais cela se résume à être la voix de son maître, le gros directeur RH basé au siège social. Il lui dit, elle répète. On conteste, elle s’énerve car cela sort du périmètre. On bosse les questions, elle s’empêtre dans les réponses. Et on ajourne alors les réunions. Le temps qu’elle soit au point sur le discours à tenir, les documents à fournir, etc.

C’est parfois fatiguant, parfois amusant, parfois stressant mais jamais barbant. Et puis, même si parfois je sens les petits couteaux dans le dos, si j’entends les bruits de couloir, si on me rapporte des réflexions pas toujours agréables, finalement peu importe. La preuve, parmi les rescapés de l’autre syndicat, certains se confient, balancent les dossiers…

Je suis comme je suis : un peu trop Mélenchon et pas assez Gandhi. Je parle beaucoup mais j’écoute aussi. Je m’améliore.

Et la souffrance au travail est partout. La peur aussi. De mal faire, d’être « recadré », d’être jugé ou mis au placard. Les mails, les avertissements se font plus fréquents : « Ton comportement est négatif, j’aurais attendu plus d’enthousiasme de ta part… ». La boîte est rachetée, des têtes vont sans doute changer mais la politique managériale sera sans doute la même.

Et on en est à se demander comment ça va se passer. Un syndicat a parfois si peu de poids. Une déléguée syndicale a si peu d’armes.

On réussit à déclencher une enquête sur la toxicité du management dans un service. L’enquête prouve les alertes, le manager démissionne et la direction positionne un autre manager tout aussi toxique. Les lanceurs d’alerte reçoivent des mails d’avertissement sur leur comportement. Un travail mal fait, des retards accumulés sont tout autant de raisons de les convoquer en réunion RH. Et pour la plupart de se dire que cela n’aura servi à rien.

Je les vois, les entends, les conseille, les accompagne mais peine perdue. Ils partent, au compte-goutte, demandent une rupture conventionnelle ou sont mis en inaptitude par un médecin du travail qui constate la dérive de l’entreprise.

Quant à moi ? Il y a des hauts et des bas.

 

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