Râler

Pas de nuances féministes, voilà c’est comme ça

Je ne suis pas sûre d’être une femme de nuance. J’aime la nuance dans les mots, l’attention dans les termes, le choix du vocabulaire approprié. Mais ma personnalité ne se prête pas aux nuances. Et je pense que cela va empirer.

Texte en blanc sur fond noir : don't touch me
©️trxxxjan

J’ai toujours eu une fibre féministe. Diffuse et confuse quand j’étais jeune. Mais c’était un ressenti. Quelques lectures, des expériences désagréables et l’âge aidant, je ne supporte plus qu’on parle de nuance féministe ou que le féminisme soit considéré comme un gros mot. Je ne supporte plus ces femmes alliées des hommes dangereux dans le discours et les actes. Quant aux hommes…

Je trouve notre société extrêmement violente pour les femmes. Elle l’a toujours été certes. Les femmes et enfants étant toujours les premières victimes. Mais dans une ère « me too » où les outils de compréhension et les témoignages sont légion, la violence – verbale et physique – est toujours aussi grande.

Comment expliquer clairement quelque chose qui touche aussi fortement à l’intime et à la liberté.

Vous avez sans doute entendu ou vu la question « homme ou ours » : « Vous êtes une femme dans une forêt. Avec qui préféreriez-vous vous retrouver face à vous : un homme ou un ours ? » Et beaucoup de femmes de répondre « ours ». Face à cette réponse incroyable et totalement compréhensible, beaucoup d’hommes se sont permis d’insulter les femmes en ligne en expliquant qu’un ours était plus dangereux. Oh l’ironie…

Je ne voulais pas parler de cette histoire ignoble actuellement dans l’actualité. Mais parlons-en quand même.

Parce que ceci explique beaucoup de choses. J’en suis arrivée à comprendre que tout acte est une agression et minimiser un comportement, c’est laisser la voie libre à pire. Et non les femmes n’exagèrent pas.

Le mari psychopathe aux actes insupportables – a été uniquement découvert parce qu’il a été surpris à filmer sous les jupes de femmes. « On » pourrait penser : ok le gars est un pervers pépère, on lui tape sur les doigts et on le laisse libre. Et « on » oublie qu’un acte, considéré un peu choquant mais surtout pathétique, cache certainement quelque chose de plus sombre et dangereux.

L’agression commence rapidement mais on la minimise. Elle commence quand on appuie son regard sur une partie intime du corps, quand on fait une réflexion à haute voix, quand on s’approche un peu trop, que la bulle de protection est touchée. L’agression est dans un mot ou un avis non sollicité, dans une blague lourde. C’est insupportable cette excuse de « oh ça va c’est une blague », « ok je suis lourd mais je ne suis pas un agresseur »…

Ah tiens ! C’est par ailleurs l’excuse retenue par Nicolas Bedos actuellement.

Il admet des gestes « d’amabilité lourde » « je respecte la parole de la plaignante (…) quand je suis sobre et qu’une femme me plait elle ne le sait pas. Quand je suis ivre qu’il y ait eu de la lourdeur de la tendresse oui »  je ne suis pas un agresseur sexuel on peut parler de lourdeur de drague mais toutes les femmes et les hommes qui me connaissent même les aspects les plus négatifs il n’y a pas d’intention sexuelle pas de désir d’imposer quelque chose de sexuel ». Et de pleurer sur son sort, cancel, incompris, etc.  Vraiment ?

Voilà. C’est comme ça. La drague lourde, les gestes déplacés et la volonté de se faire pardonner parce que ça va, c’est pas un viol non plus…
Voilà. C’est comme ça. Un autre plaisante que sa femme soit trop passive dans la relation intime sans se demander si l’acte est vécu comme un partage ou une relation forcée.
Voilà. C’est comme ça. Et puis ensuite on entend dans un autre procès « qu’il y a viol et viol.
Voilà. C’est comme ça. Et puis ensuite on entend « y’a pas de témoins, elle ment ». Mais même quand il y a des heures et des heures de vidéo montrant ces viols, on continue tout de même de mettre en doute la victime et de défendre les agresseurs.
Voilà. C’est comme ça. « On » demande des nuances féministes. Mais pourquoi, sinon pour protéger les hommes.

Voilà c’est comme ça.

quelque chose à dire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur DES CHOSES À DIRE

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading