La rupture à haut débit
Les ruptures sont difficiles aujourd’hui. Avant, Agathe se faisait plaquer ou plaquait. Une sortie en boîte pour oublier, passer le week end dans sa chambre pour pleurer, déchirer les photos, appeler sa meilleure amie pour se convaincre queouais c’est pas un mec pour toi! ». Et après quelques jours, semaines, mois, Agathe allait mieux.
Les ruptures sont difficiles aujourd’hui. Tortueuses. Internet impose à la « femme moderne » une série de tâches à accomplir en ligne. Un vrai parcours d’obstacles pour le coeur brisé. Au lieu de rester immobile à ne rien faire, sur son lit, à fixer le plafond, à écouter les musiques les plus sombres ou les plus mièvres, des tonnes de kleenex mouillés par les larmes sur le sol, les ruptures contemporaines nécessitent l’action.
Agathe doit « unfriend » son ex, « unfollow » son twitter, le retirer de ses cercles google +, l’effacer de sa liste Gchat et elle doit changer son statut sur facebook …
Une relation commencée en ligne allait finir en ligne.
Avant, elle pouvait disparaître, se faire oublier pour mieux se consoler. Décrocher le téléphone, changer de parcours, éviter les mêmes bars, ses endroits préférés. Avant elle se demandait ce que devenait l’ex et ça n’allait pas plus loin. Parfois, une amie toujours bien intentionnée lui donnait des nouvelles, « il a une nouvelle copine », « il est amoureux », plus rarement « il a changé », « il n’est plus le même sans toi »…
Maintenant il suffit d’un clic pour presque tout savoir. Impossible de revenir à un âge pré-numérique. Agathe doit suivre de nouvelles règles. Ne pas construire son propre récit de la nouvelle vie de l’ex par les brindilles qu’il offre sur facebook.
Elle se souvient avoir vu en vente sur e-bay des robes de mariées non portées, elle a lu des blogs où les largué(e)s jetaient leur venin, elle sait qu’il y a des sites pour les malheureux en amour, ou l’on peut déverser sa peine ou sa bile et être lu par le monde entier.
C’est ainsi que l’on se sépare maintenant, en ligne. C’est la rupture à haut débit. C’est la nouvelle réalité, moderne et bouleversée. Merci bien mais pas pour elle, Agathe s’est promis de ne plus faire la même chose. Elle ira bien. Elle sera bien.
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5 commentaires
berwisha
Et oui nos habitudes changent avec Internet et FB. En lisant ce livre: http://www.amazon.fr/Facebook-ma-tuer-Thomas-Zuber/dp/2266221442/ref=cm_cr_pr_product_top , j’ai eu une gifle et pour te dire j’ai désactivé mon FB depuis (Je sais c’est radical de ma part, mais je suis bien tranquille maintenant et tant mieux d’ailleurs)
Emilie
Est-ce que les rencontres en ligne sont plus fréquentes que les rencontres à l’ancienne? Je crois que cela devient de plus en plus fréquent.
Fred
Agathe devrait twitter et dire tout le mal qu’elle pense de son ex en postant des photos comprométentes. C’est la dernière mode à ce qui parait :-)
Laurent
Et pourtant les rencontres en ligne deviennent de plus en plus nombreuses. Mais il n’y a plus le mystère de la rencontre, apprendre à connaitre et découvrir quelqu’un petit à petit.
nuage1962
peut etre que les gens parlent trop eux meme sur facebook et tweeter .. pourquoi étaler toute sa vie comme ca … une rupture peut etre tellement difficile a vivre qu’on a pas besoin de se casser la tete avec internet .. sur ce sujet