Caméra dessinée sur fond jaune
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Sanctuaire et un autre film

 

J’ai enfin regardé le film qui fait parler ici dans la région. Sanctuaire. Création originale pour Canal +, projetée à la FIPA de Biarritz cette année, c’est un film d’après un scénario original de Xabi Molia et réalisé par Olivier Masset-Depasse.

Un scénario de Xabi Molia n’est certainement pas dégueu. Après tout il a écrit et réalisé 8 fois debout qui est à mon humble avis un film à regarder et aimer, très touchant, très humain, avec des acteurs parfaits. (Petite aparté pour tous les non cinéphiles qui ironisent sur Julie Gayet en questionnant ses faits d’arme. Ils ne devraient plus se poser de questions après ce film.)

sanctuaire

J’ai donc vu ce film qui me rappelait vaguement des faits quand j’étais bien trop jeune pour en mesurer la portée politique. Quelques souvenirs où on me disait de ne pas aller dans le quartier du Petit Bayonne avec « son lot de terroristes et les assassinats ».

Le film est bien. Inutile d’en écrire une critique, celle-ci est déjà faite ici.

 

D’autant plus, que j’ai un mea culpa à faire. Je ne m’intéresse que de loin à la politique basque. Et mon esprit de cinéphile a pris le dessus quand, dès l’apparition à l’écran du personnage de Txomin – le chef charismatique de l’appareil militaire de l’ETA – je n’ai pu m’empêcher de me demander où je l’avais vu auparavant.

C’est toujours la même chose, j’ai beau apprécier un film et vouloir le suivre, mon esprit se rebelle et me distrait. J’ai tout de même attendu la fin pour chercher le nom de l’acteur. Voilà, Txomin est incarné par l’homme aux yeux d’acier, Alex Brendemühl, qui a joué dans un film vu l’année dernière, Le médecin de famille. Thriller argentino-franco-hispano-norvégien dont je voulais parler sur ce blog sans le faire.

Sanctuaire m’en donne donc l’occasion.

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Le synopsis :

Patagonie, 1960. Eva, Enzo et leurs trois enfants s’apprêtent à ouvrir une chambre d’hôtes au bord du lac Nahuel Huapi. La famille accueille avec enthousiasme son premier client, un médecin allemand fort distingué. L’homme a en effet du charisme, des manières exquises, et il éblouit ses nouveaux amis par son intelligence et son argent. Intrigués, Eva et Enzo finissent pas se poser des questions. Ils découvrent alors que leur compagnon est en réalité un criminel de guerre nazi qui a envoyé à la mort nombre de juifs durant la Seconde Guerre mondiale..

Le malaise est perceptible, constant et troublant. Il est toute une partie de l’histoire argentine encore trop méconnue, mal assumée et malgré tout fascinante. Le film est sur ce décalage. Des montagnes enneigées à l’école allemande de Bariloche, tout surprend. On s’attendrait presque à voir une soirée choucroute et on l’aurait pardonné: tout porte à croire que l’intrigue se déroule dans un massif montagneux des Alpes. Et pourtant, l’accent chantant des personnages, du « yo » prononcé « cho » a la manière locale aux ‘r’ délicieusement roulés sur la langue, nous replonge dans la réalité: nous sommes en 1960, en Argentine.

Au fur et à mesure, un sentiment dérangeant émane de l’obsession du médecin pour la famille qui l’accueille: le coup de grâce est donné lorsqu’Eva accouche de deux jumeaux. C’est tout ce que l’esprit tordu d’Helmut avait espéré jusque la: un cobaye, et une référence. Lorsque la voix-off de Lilith – mise en scène réussie qui nous hante tout au long du film – emploie ce vocabulaire, on s’y attendait, mais le sentiment d’horreur est quand même là.

Évidemment Helmut n’est pas son vrai nom, puisqu’il s’agit en fait de Josef Mengele (nazi, scientifique en chef du camp d’Auschwitz, réfugié en Amérique Latine sous une fausse identité afin de continuer ses expériences réalisées dans les camps de concentration durant le IIIème Reich).

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Ce film est inspiré d’une histoire vraie ce qui lui donne un caractère encore plus inquiétant et difficile. Alex Brendemühl joue donc le rôle de Josef Mengele et semble incarner le diable en personne. Ce monstre indétectable – bien élevé, prévenant, presque altruiste – il aide Enzo à mener à bien un projet professionnel, la fabrication de poupées. Si Mengele s’y intéresse, c’est parce que ces poupées sont l’incarnation parfaite de la race aryenne, « le mélange salit le sang et dévaste la mémoire ».

Outre le travail de ressemblance physique avec le nazi, Alex Brendemühl est effrayant par son apparente sympathie et sa froideur extrême. L’acteur est fascinant par la justesse de son jeu, figure insupportable qu’il parvient à porter à l’écran.

Je n’ai vu que deux films avec Brendemühl, mais maintenant je me souviendrai de son nom tant cet acteur sait avec talent se fondre dans un personnage.

3 commentaires

  • Benoit

    Le film Sanctuaire était décevant. Les explications pas assez nombreuses pour comprendre ce qu’il se passait vraiment. le personnage de Yoyes, la femme était confus. Je n’ai toujours pas compris ce qu’elle a fait comme acte avant son exil au Mexique. Ça aurait pu être mieux mais les acteurs principaux étaient bien.
    Par contre j’ai moi aussi envie de voir le film sur le nazi. Je vais le chercher en ligne!

  • Nathalie

    J’ai envie de voir les deux films simplement basé sur les photos. La première il est beau et la deuxième il fait inquiétant.

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