Une question de résilience
Le timing est amusant. Je lisais des articles plus poussés sur la résilience suite à une conversation avec le psy quand je vois qu’une opération « Résilience » est lancée par les armées françaises. Alors est-ce que le mot est adéquat ? Vu comment la résilience est utilisée à toutes les sauces aujourd’hui.
Norman Garmezy, psychologue du développement et clinicien à l’Université du Minnesota, a rencontré des milliers d’enfants au cours de ses quatre décennies de recherche. Mais un garçon en particulier l’a marqué. Il avait neuf ans, avec une mère alcoolique et un père absent. Chaque jour, il arrivait à l’école avec exactement le même sandwich : deux tranches de pain sans rien entre les deux. À la maison, il n’y avait pas d’autre nourriture disponible et personne cuisiner. Même ainsi le garçon s’assurait que «personne ne ressentait de la pitié pour lui et que personne ne connaissait l’inaptitude de sa mère ». Chaque jour, sans faute, il venait avec le sourire aux lèvres et un sandwich au pain dans son sac.
Le garçon avec le sandwich au pain faisait partie d’un groupe spécial d’enfants. Il appartenait à une cohorte d’enfants – le premier de nombreux – que Garmezy continuerait à identifier comme réussissant, voire excellant, malgré des circonstances incroyablement difficiles. Ce sont les enfants qui présentaient un trait que Garmezy identifierait plus tard comme «résilience». (Psychologue largement reconnu pour avoir été le premier à étudier le concept dans un cadre expérimental.)
La résilience présente un défi pour les psychologues. Que l’on puisse dire que vous l’avez ou non ne dépend pas d’un test psychologique particulier, mais de la façon dont votre vie se déroule. Si vous avez la chance de ne jamais éprouver d’adversité, vous ne saurez pas à quel point vous êtes résilient. Ce n’est que lorsque vous êtes confronté.e à des obstacles, au stress et à d’autres menaces environnementales que la résilience, ou son absence, émerge : comment le vivez-vous ?
Il a été prouvé que la résilience, parmi d’autres éléments, était d’ordre psychologique et concernait la manière dont les enfants réagissaient à l’environnement. Dès leur plus jeune âge, les enfants résilients avaient tendance à « rencontrer le monde selon leurs propres conditions ». Ils étaient autonomes et indépendants, recherchaient de nouvelles expériences et se considéraient comme maître de leur propre destin. Une manière de ne plus subir ce que la vie leur avait posé comme obstacles.
Chaque événement effrayant, qui semble négatif, a le potentiel d’être traumatisant ou non pour la personne qui en fait l’expérience. En fait, l’expérience n’est pas inhérente à l’événement ; elle réside dans la conception psychologique de l’événement.
C’est pour cette raison que les événements «stressants» ou «traumatisants» en eux-mêmes n’ont pas beaucoup de pouvoir prédictif en ce qui concerne sa vie future. En d’autres termes, vivre l’adversité, que ce soit endémique ou un autre évènement plus personnel, ne garantit pas que vous souffrirez à l’avenir. Ce qui importe, c’est de savoir si cette adversité devient traumatisante.
La bonne nouvelle est que la construction positive peut être enseignée. Nous pouvons nous rendre plus ou moins vulnérables par la façon dont nous pensons aux/les choses. Les histoires vraies mais aussi les romans le prouvent.
Mais la résilience est aussi un calcul incessant de comment gérer cette malchance et s’épanouir dans l’adversité. Et ce calcul peut parfois cesser quand les évènements négatifs sont incessants. Vous connaissez tous certainement quelqu’un.e dans votre entourage et au travail prône à créer ou exagérer des facteurs de stress très facilement dans son propre esprit.
C’est le danger de la condition humaine. Les êtres humains sont capables d’inquiétude et de rumination : nous pouvons focaliser sur une chose mineure, la faire exploser dans notre tête, la ressasser encore et encore et nous rendre fous jusqu’à ce que nous soyons persuadés que cette chose mineure est la plus grande chose qui soit jamais arrivée. Dans un sens, c’est une prophétie auto-réalisatrice.
Alors il est temps d’envisager l’adversité, n’importe quelle adversité, comme un défi. Et de devenir plus flexible, capable de la gérer, de passer à autre chose, d’apprendre d’elle et de grandir. La plupart du temps…
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