Je n’aime pas Sylvain Tesson et j’ai de bonnes raisons. Les anars de droite m’ont toujours emmerdée. Souvent des gens aisés qui ont pour seul plaisir de choquer parce qu’ils peuvent se le permettre. Nourris dans le sérail, il sera toujours temps de se ranger quand leur révolution d’ados retardés les fatiguera. Sylvain Tesson en est un bon exemple actuel.
Un écrivain talentueux – selon ses amis ou les amis de papa journalistes – moi je l’ai lu une fois. Pas la foi. Un baroudeur-aventurier qui part au bout du monde, qui boit beaucoup, saute beaucoup, les femmes et les toits. Puis il revient dans les librairies et les plateaux télé où il est beaucoup invité, nous faire la leçon. Nous sommes un pays d’assistés, consuméristes et vains, plus plongés dans les réseaux sociaux que dans la contemplation du monde et d’une nature sauvage et merveilleuse.
Lui sait, nous pas. Lui connaît, nous pas. Et sa dernière salve m’écœure. Dans un entretien pour Gallimard relayé le 8 avril par L’Obs, l’écrivain tacle le mouvement des gilets jaunes. « Subitement, on a moins envie d’aller brûler les ronds-points, non ? ».
Connard.
Et de trouver une tribune dans le Figaro Vox sur ces mêmes gilets jaunes. On peut déjà affirmer que la pandémie aura permis de mettre en lumière un contraste frappant que nous avions tous intégré, sans forcément le questionner, entre l’utilité sociale de certains métiers et leur degré de reconnaissance salariale et symbolique. Chauffeurs routiers, livreurs, caissières, magasiniers et caristes, aides-soignantes et infirmières, éboueurs… sont brusquement devenus des héros, alors qu’ils étaient hier encore des rouages invisibles et souvent méprisés de notre économie.
Jusqu’au bout du but Sylvain Tesson et ceux qu’il représente ne comprennent pas, ne cherchent pas à comprendre et ne veulent pas comprendre. Quel que soit notre avis sur le mouvement des gilets jaunes ou sur ceux qui l’ont porté – et je fais partie des parfois dubitatifs sur quelques revendications – ce sont eux qui sont encore aux premières lignes de cette « guerre ». Ce sont eux qui nous portent. Et pardon, mais s’ils ont été souvent méprisés, c’est par cette économie libérale ou capitaliste.
Je n’aime pas la littérature d’un privilégié de la vie qui se voit héros d’un monde hors du temps. Aucune jalousie de ma part, juste un gros mépris pour son esprit petit.
Autant terminer par la réplique formidable d’un médecin Dr Laurent Thines sur twitter
N’en déplaise à #SylvainTesson, on vit dans un pays où les 1ers de cordée sont:
– les 1ers de corvée #caissiere #eboueur #livreur #ouvrier
– les moins bien payés #soignant #MiniJob
– les plus méprisés #grevistes
– les plus réprimés #giletsjaunes
– les grands oubliés #FrancedenBas— Dr ou Pr. Laurent Thines (@LaurentThines) April 9, 2020