Caméra dessinée sur fond jaune
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Quand tu seras grand

Quand tu seras grand montre le quotidien d’un EHPAD, où la vie du personnel se mêle à celle des résidents. La pression est permanente, entre les restrictions budgétaires et le manque de personnel, l’accompagnement humain est de plus en plus difficile.

L’histoire : Yannick (le toujours bon Vincent Macaigne), aide-soignant, se voit en plus imposer une classe d’enfants par le directeur de cette maison de retraite. Leur arrivée ainsi que celle de son animatrice, Aude (Aïssa Maïga) vont bousculer les habitudes de tous et surtout des résidents…

Le film met en scène le quotidien de plus en plus difficile des aide-soignants (entre pressions de la direction et manque de personnel), la relation entre un jeune adolescent délaissé par ses parents et un résident qui voit en lui le reflet de son passé, ou encore le bouleversement de cette relation suite à l’irruption d’une maladie neurologique qui se fait de plus en plus présente. Son ton doux-amer est plein de bonnes intentions, mais il reste un film simple et parfois brouillon. Ceci dit, c’est certainement intentionnel.

Les EHPAD tout comme les écoles ne sont pas une machine au fonctionnement bien huilé. Tout est fait d’incidents, d’accidents, d’erreurs, de bavardages dans les couloirs ou à la machine à café (qui encore une fois ne rend pas la monnaie), de course à la montre, de stress et de grosse fatigue, de complicité et de fous rires partagés. Ils sont la vie.

Mais attention à ne pas la confondre avec les défaillances politiques, aux décisions des gouvernements qui réduisent comme peau de chagrin les moyens (2 couches par jour par résident) et le personnel (la fatigue et le sommeil qui manque, le mal de dos…) et qui porte atteinte à l’intégrité des personnes, de toutes les personnes.

Ce sont les carences d’un système qui délaisse les vieux. Ceux-là même dont on oublie qu’ils ont toute une vie de souvenirs, qu’ils ont eu une famille, un métier, une histoire, et que l’on se contente de laisser végéter dans leur chambre, loin des regards.

Puis, il y a les plus jeunes. Ceux qui sont le monde de demain. Ceux qui représentent l’avenir et pour lesquels, là aussi, les gouvernements successifs se sont désengagés, réduisant mandat après mandat les budgets, les moyens humains et matériels.

La force des films d’Andréa Bescond et d’Éric Métayer est d’aborder des sujets graves et d’y mettre de la lumière notamment grâce à un humour salvateur. Et aussi beaucoup d’empathie et de tendresse. Comment ne pas verser quelques larmes sur l’amitié entre le vieux Yvon (Christian Sinniger) et le jeune skateur Brieuc (Kristen Billon).

 

Une scène qui m’a amusée : quand un animateur musique vient pour une session musique à la carte et qu’un homme veut chanter David Bowie, il commence même « Ashes to ashes »

Ashes to ashes, funk to funkyWe know Major Tom’s a junkieStrung out in heaven’s highHitting an all-time low

et l’animateur est perdu, suggérant alors Étoile des neiges. L’homme se tait et prend son livre de poche de la Série Noire… C’est subtil et tellement vrai. Un vieux de maintenant est peut-être plus le jeune que Mick Jagger, Steven Tyler, Paul McCartney et autres… Encore et toujours on met tous les vieux dans une case infantilisante. Ceux-là même dont on oublie qu’ils ont toute une vie de souvenirs, qu’ils ont eu une famille, un métier, une histoire, et que l’on se contente de laisser végéter dans leur chambre, loin des regards.

Alors oui Quand tu seras grand semble un peu cliché parfois mais il est encore plus essentiel aujourd’hui.

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