Succession, la série à voir
La saison 4 de la série Succession arrive d’ici quelques jours !
Et je regrette de ne pas en avoir parlé dès la saison 1. Comment vais-je pouvoir faire un compte-rendu et vous dire combien c’est une des meilleures séries depuis longtemps ?
L’histoire : Logan Roy est à la tête d’un énorme conglomérat médiatique appelé Waystar RoyCo qui rappelle fortement Rupert Murdoch et News Corp. Lorsque Logan subit un accident vasculaire cérébral, ses quatre enfants – Kendall, Logan, Siobhan et, dans une moindre mesure, Connor – rivalisent tous pour voir qui a ce qu’il faut pour s’asseoir sur le trône et reprendre les affaires de papa…
Ça c’est la version courte de Succession. La version plus longue parlerait d’une comédie dramatique scabreusement satirique écrite par le formidable Jesse Armstrong. Voir la famille Roy se poignarder dans le dos sans qu’une goutte de sang ne coule est étrangement rafraîchissant.
C’est une comédie faite de trahisons brutales et de jeux de pouvoir violents. C’est une critique de la propriété des médias, du capitalisme avancé et des ultra-riches. C’est une pièce de moralité pour notre époque, un miroir de la réalité de la presse, de la collusion média/pouvoir politique. C’est une saga de haute qualité avec des insultes, du cynisme, des sentiments réprimés et de l’humour, beaucoup d’humour.
Que dire de plus ?
Le rythme est implacable, l’histoire aussi, qui atteint de nouveaux sommets fabuleux de cruauté et de tromperie.
Succession a toujours été plus que des insultes et des coups de poignard magnifiquement obscènes. Ses portraits de personnages sont ciselés, écrits dans la finesse car ils permettent une fente de lumière à travers laquelle on peut parfois sympathiser avec le sort des enfants Roys. Ils ont peut-être du pouvoir et la richesse, mais ils sont dans une famille d’âmes perdues. Ils cherchent l’affection ou la moindre reconnaissance de parents sans amour et sans sentiments.
Les enfants sont aussi amusants que pathétiques à tenter de manœuvrer, à tour de rôle, dans les méandres d’un pouvoir qui les dépassent.
Malgré tous ses drames à enjeux élevés, Succession reste incroyablement drôle. Sans doute parce que l’équipe de scénaristes est anglaise et que cet humour est pareil à aucun autre. Il essore Cousin Greg (Nicholas Braun) pour chaque dernière goutte de bouffonnerie. Son « Pas de commentaire ! devant une mêlée de journalistes vole la scène. Ses tentatives de prendre la «température culturelle» pour Kendall – c’est-à-dire lire Twitter et lui rapporter ce que les gens disent de lui – est une brillante combinaison d’absurdité commerciale et d’idiotie totale.
La réussite de la série doit également beaucoup aux acteurs : Brian Cox (le patriarche), Jeremy Strong (Kendall, le deuxième fils), Alan Ruck (Connor le fils aîné), Sarah Snook (Siobhan la seule fille), Kieran Culkin (Roman, le dernier), Matthew MacFadyen (le beau-fils, mari de Siobhan) et tous les autres. Aucune peur de leur part de montrer leur faiblesse, leur petitesse, leurs ambitions et perversions, leur ridicule. Tous subissent l’humiliation mais sont nés avant la honte.
C’est une série contemporaine qui mérite tous les prix qu’elle a reçus. Certains de ses épisodes précédents sont déjà en train de devenir des classiques de la télévision de tous les temps. Avec les meilleures répliques reprises dans les articles. Et surtout avec en plus une musique de générique magnifique – mélange de hip-hop et de classique – et composée par Nicholas Britell. Dès le générique, elle sait refléter les luttes externes et internes des personnages.
Je pense avoir dit le principal. À vous de la regarder et d’apprécier, si ce n’est déjà fait…
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2 commentaires
Fred
J’ai pensé à toi avec cet article :) https://www.vanityfair.com/news/2023/04/rupert-murdoch-cover-story
murielle
Merci pour l’article. C’est tellement ça. Fascinant et effrayant à la fois.