Succession : un adieu brutal et parfait
Et voilà. Ted Lasso vient de se terminer. Succession aussi. Il faut dire au revoir à des personnages auxquels on s’est attaché ou identifié, qu’on a appréciés ou moins appréciés mais qu’on a suivis.
Et dans le cas de Succession, quelle série ! Avec la conclusion qu’une bataille peut être gagnée et perdue.
Les rumeurs et les prédictions ont coulé à flots et rapidement, mais jamais massivement dans une seule direction. Il y avait tout simplement trop de possibilités dans un monde de trahison, de tromperie et d’ambition. Sans parler des forces plus sombres à l’œuvre dans la psyché des frères et sœur, formées au cours de leur enfance matériellement riche et émotionnellement pauvre.
Peut-être que le succès d’une fin est jugé par combien il nous semble – au fur et à mesure du générique – impossible d’en avoir une autre. Auquel cas, la conclusion de 90 minutes de Jesse Armstrong à sa brillante création – saga, satire, tragédie shakespearienne tout en un – se classe parmi les plus grandes. Une conclusion explosive grâce à une écriture et une réalisation parfaites et des acteurs tout aussi parfaits.
Parce que c’est – évidemment avec le recul – King Lear et Macbeth que l’on voit se dérouler. Tout ce qui a jamais été dépeint, suggéré, moqué ou ri, chaque alliance trahie, moment de vulnérabilité ou de dissimulation au cours des 40 dernières heures passées avec ces gens méprisables, brisés et convaincants, est là.
Avec son ingéniosité, Armstrong a fait ce que font souvent les grands écrivains : nous faire deviner ou réaliser une conclusion qui était juste devant nous depuis le début. Les enfants Roy avaient leurs noms. Ils avaient leurs sièges au conseil d’administration. Ils avaient un certain pouvoir. Mais leurs stratagèmes étaient amateurs et leurs plans déjoués évidemment. Ils étaient deux « ratés » et une « ratée ». Leur père le savait, et les gens qui comptaient – les gens sérieux – l’ont vu de cette façon aussi.
L’essence de tous est distillée, chaque extrémité est liée, un avenir crédible est posé (ou, dans un cas, fixé très fermement) dans les scènes finales de chacun. La plus fine des touches enlace le tout – ces points de suture sautés, les bouts de pain congelés, le canapé à motifs vache, les personnes en deuil de « deuxième niveau », le combat furieux qui va au delà des gifles, une main tendue et posée mais pas serrée, Colin suivant son patron.
Et puis il y a l’eau, encore l’eau, son gris scintillant sous le coucher de soleil.
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