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Tous les garçons et les filles

 

Quand j’étais enfant, je ne pouvais pas penser à quelque chose de pire que d’être amie avec une fille. Qu’est-ce que ça pouvait être bête une fille ; ça parlait de robes, de garçons et de sentiments. Et malheureusement, il semble que beaucoup de garçons pensent de cette façon. J’ai changé d’avis depuis. C’est bien les filles, ce sont les sœurs que l’on se choisit. Elles vous aiment, vous encouragent, vous font rire et vous consolent quand il le faut.

La sociologue Lisa Wade a écrit que les hommes hétérosexuels ont tendance à avoir très peu d’amies, et les relations amicales qu’ils ont avec d’autres hommes apportent peu de soutien affectif. Récemment, un autre journal expliquait que les jeunes garçons et filles ont du mal à entretenir des amitiés mixtes parce qu’ils font face aux taquineries et pressions pour transformer une relation platonique en une relation romantique ou sexuelle.

Peut-être que l’amitié est associée à l’intimité et la vulnérabilité ; partager des sentiments avec quelqu’un, se confier, chercher un soutien, des comportements qui pourraient suggérer une faiblesse. Je ne crois pas que les hommes soient naturellement moins sensibles que les femmes. Mais ils grandissent encore dans un monde où on se moque facilement de leur « sensiblerie » et où on considère que la poursuite d’amitié avec des filles cache quelque chose.

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Il m’a fallu moi-même une longue et embarrassante jeunesse pour voir et comprendre que les hommes et les femmes étaient égaux. Les dégâts avaient commencé à l’école: il était presque impossible d’avoir un garçon comme copain sans que l’on demande si c’était un amoureux. Les stéréotypes de genre étaient strictement appliqués par les adultes des deux parties et acceptés inconsciemment par les plus jeunes. Stéphane, Serge, Alain et les autres ne faisaient pas partie de ma cour de prétendants mais étaient mes compagnons de jeux, mes partenaires de pelote, mes gardeurs de secrets et partageurs de confidences échangées dans la fumée des premières cigarettes achetées en cachette.

Quand je suis devenue plus vieille – et la puberté ayant joué quelques tours –  j’ai compris que mon idée des sexes n’était pas toujours partagée par tous. La vision unilatérale des relations hommes-femmes dominait encore et il fallait encore beaucoup de travail pour faire comprendre que nous étions toutes et tous dans la même équipe. Ce n’est pas étonnant que les idées patriarcales prévalent lorsque de nombreux hommes grandissent en considérant les femmes comme des créatures sexuelles ou complètement étrangères.

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Si les garçons ne grandissent pas, en sachant que les filles peuvent être tout aussi drôles, idiotes, intelligentes et dégoûtantes qu’eux, ils auront du mal à compatir avec nous. S’ils ne connaissent que le rapport de séduction (même platonique), ils se comporteront comme des imbéciles auprès de l’autre sexe et passeront à coté d’amitiés formidables. S’ils pensent que les femmes doivent ressembler à leur fantasme et n’existent que pour satisfaire un besoin de gratification ou de reconnaissance, ils ne comprendront pas pourquoi les clichés sexistes peuvent être si décourageants et déshumanisants.

Ils ne comprendront pas pourquoi  l’écart de rémunération et la juste division du travail domestique sont un problème parce qu’ils n’auront pas de preuve que les préoccupations des femmes sont les préoccupations de chacun. Ils continueront de penser qu’ils sont modernes parce qu’ils « aident aux tâches ménagères » quand ils devraient simplement les faire.

S’ils ne connaissent pas l’amitié mixte, s’ils ne savent pas considérer à leur juste valeur l’affection  d’une femme, ils continueront à utiliser les discours convenus, les « j’aime les femmes » hypocrites, les platitudes insupportables du faux défenseur de le femme en parlant au nom de leurs mères, sœurs et filles – alors qu’ils devraient s’exprimer uniquement en tant qu’amis. Car une amie ne s’objectifie pas, une amie a un caractère et une âme au lieu d’être un corps ou membre de la famille.

Il est temps que les garçons se fassent des copines pour apprendre à bien aimer, à respecter et à se connaître. Même si à un moment ou un autre, ils voudront aussi jouer au docteur…

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25 commentaires

  • Sylvie

    Oui aussi quand j’étais beaucoup plus jeune les filles m’emmerdaient. J’étais une vrai fille, mais j’avais un côté garçon manqué ce qui m’a effectivement amené à toujours préférer la compagnie des garçons plus simples plus basique, vu qu’en plus les filles faisaient toujours des histoires. Mais ça c’était avant ;)
    Car maintenant j’ai grandi et j’ai découvert l’amitié « femelle » ;)) et j’ai trouvé ça très beau, très complice, un je-ne-sais-quoi en plus que j’ignorais. Puis surtout je me suis rendu compte que, passé l’innocence de l’enfance, les hommes faisaient autant d’histoires que les femmes, d’une autre façon, mais pas mieux au final. Sous une apparence de « bon pot », beaucoup avaient une idée derrière la tête et étaient prêts à pas mal de bassesses pour arriver à leur fin.

  • Ranx Ze Vox

    Excellente analyse qu’on peut poursuivre en parlant du comportement des femmes face à un homme qui n’attend d’elles que cette fameuse relation d’amitié sans arrière pensées. Sans doute que vous êtes toutes sincères en prétendant la rechercher mais de par mon expérience je peux témoigner que le rapport de séduction et l’exigence d’une finalité sexuelle n’est pas le seul apanage des hommes. C’est d’une tristesse infinie, je suis bien d’accord avec toi, mais il semble que le sexe soit devenu le seul moyen de communication qu’hommes et femmes aient encore envie d’employer lorsqu’ils se rencontrent.
    En ces temps de mixité à tout va, les deux sexes n’ont jamais été aussi opposés. Paradoxalement par une attitude trop similaire qui empêche chacun de trouver en l’autre la complémentarité qu’il recherche sans cesse au cours de sa vie.
    Heureusement, les exceptions existent.
    Concernant Nicolas Bedos, je pense qu’il cherche désespérément à exister par lui même alors que sa personnalité est inexistante, il n’est qu’un replica mal dégrossis de son père et semble en vouloir au monde entier de s’en être rendu compte. Son attitude envers les femmes est sans aucun doute déplorable mais quoi penser des femmes qui se laissent séduire par un tel pitre ?
    Hugo

  • burntoast4460

    De 13 à 16/17 ans, les garçons sont – sauf exceptions – nettement plus bêtes et moins fins que les filles. Je sais que c’est aussi l’âge chez les filles des « gloussements », mais nous (les garçons) sommes quand même plus empotés.

    • murielle

      Oh je ne sais pas. Je pense que la pre-adolescence/adolescence c’est l’âge bête et surtout maladroit. Les « jeunes » deviennent « bi-polaires » tout est magnifié psychologiquement, tout est fort et on sait que scientifiquement, le corps devient réellement maladroit. Un truc d’équilibre et de centre de gravité. Les ados méritent notre bienveillance. Il y a des perles formidables qui n’attendent que de s’ouvrir. Oui je sais je sonne un peu naïve :-)

  • Benoit

    J’apprécie cet article parce-qu’il n’est pas de parti pris. Hommes et femmes, en fait parents, famille et enseignants sont responsables de cet état de fait. Le cercle familial tout comme la cour de récréation sont des lieux sexistes. On encourage les filles à rester entre elles et pareil pour les garçons. Il suffit de voir les activités familiales comme les sorties au square. Les papas jouent au foot avec leurs fils et les mamans restent sur le banc.
    A la maison les mamans font le ménage et les papas le font moins, et on n’encourage pas le garçon à débarasser, faire la vaisselle, ranger sa chambre, etc. La fée magicienne (maman) le fera :-)
    A l’école, c’est pareil. Les groupes se forment quand ce devrait être l’adulte qui impose la mixité, la variété des activités quite à obliger les garçons à faire des « trucs de filles ». Mon fils est à la maternelle et j’aime que sa maitresse progressiste impose gentiment le coin cuisine, le coin bébé et le coin bricolage à tous les gamins des deux sexes.

    • murielle

      C’est une bonne maitresse alors! Tout à fait d’accord sur la responsabilité générale et le devoir des adultes en charge de changer la norme au lieu de la suivre sou sprétexte de paresse et de facilité. Il faut faire des efforts!

  • Fred

    Oui Nicolas Bedos est un exemple parfait. Ses interventions à la télé,et son dernier bouquin sont tous basés sur une séduction qui devient répétitive et ennuyeuse. Le mec parle d’amitiés féminines alors qu’il les mets dans son lit, il y a un rapport de pouvoir très gênant puisque finalement les femmes dont il ne veut et qu’il ignore ou critique sont prises ou moches. Les autres il les baise et en parle.

  • Fred

    C’est un point de vue intéressant qui montre aussi comment le féminism est incluant. En tant qu’homme j’avoue que j’ai été coupable de discrimination amicale :) une femme qui dit qu’elle nous veut comme ami est souvent considéré comme un rejet. On ne comprend pas qu’il n’y ait pas plus et on passe assuremment à coté d’amitiés enrichissantes. Si on sent qu’elle ne sera pas une petite amie potentielle on passe à autre chose. On fait l’effort pour un ou deux rendez vous mais pas plus. C’est souvent blanc ou noir : cul ou rien. L’ambiguité est de rigueur alors qu’il faudrait enlever les rapports de séduction qui fausse les relations, je suis d’accord. C’est pas gagné.

      • Fred

        Je suis d’accord mais je suis suffisamment cynique pour savoir que beaucoup d’hommes et de femmes ne font pas la différence entre nature et culture. Que ce qu’ils pensent un comportment normal est une conséquence d’une société qui définit les roles dans une relation amicale ou amoureuse. De la même façon les femmes basent aussi leur rapport aux hommes sur la séduction: elles veulent plaire pour se rassurer. Bien entendu, avant que Murielle me tombe dessus, je préfère dire que je généralise. :)

  • Elodie

    J’apprécie cet article qui va dans le sens des décisions politiques d’amener du féminisme dans les écoles. Encore faudrait-il que les enseignants et les parents comprennent l’importance de changer eux-mêmes de comportement et d’idées. Ce qui est quasi mission impossible. Ça éviterait plus tard les rapports ambigus entre hommes et femmes. Combien de fois je n’ai pas eu de deuxième rendez vous avec des hommes avec qui je m’entendais bien quand je leur disais que je ne voulais qu’une relation amicale. Ils passaient à une autre parce qu’ils n’envisageaint pas une amitié avec moi, or dès le début je posais des bases honnêtes.

  • Nathalie

    Ton avant dernier paragraphe me fait penser aux hommes comme Nicolas Bedos qui semble avoir un problème avec l’amitié au féminin. Ils basent leur rapport aux femmes sur un rapport de séduction, ils disent aimer les femmes (mais les femmes dont ils parlent sont mannequins) parce qu’ils ont une mère ou une soeur, ils n’ont aucune amie avec qui la relation est platonique.
    On continue beaucoup sur les rapports de séduction, sur les rapports amoureux. C’est toujours la question : est-ce que l’amitié entre hommes et femmes est possible?

    • Laurent

      Je pense que oui, l’amitié est possible si elle est apprise dès le plus jeune âge. Si la mixité, le respect et le mélange des genres sont apris dès la crèche ou l’école maternelle, par exemple dans les classes faire des « couples », les jeux mélangés et pas garçons contre filles, les enfants apprennent à se connaître et prendre les uns des autres. C’est parce que le mélange est superficiel ou inxesistant que la plupart des garçons grandissent en pensant aux filles que d’un point de vue sexuel. Et ensuite l’amitié n’existe que s’il y n’y a pas d’attirance. Je trouve cet article intéressant Murielle parce qu’il y un sexisme inavoué ou inconscient chez les adultes qui se transmet chez les enfants. C’est important de faire attention aux actes et paroles sexistes.

    • murielle

      He he. Bedos est assez exemplaire dans son comportement (du moins médiatique) et de son traitement littéraire. Et bien entendu, je suis d’accord avec ce que tu dis. Une de mes bêtes noires.

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