Max et les maximonstres : un morceau d’enfance
Maurice Sendak a écrit Max et les Maximonstres pour les enfants et les grands en 1963. C’est un classique de la littérature jeunesse et à juste titre. C’est un album magnifique de psychologie, de tendresse et d’humour. Spike Jonze en a fait un film avec l’écrivain scénariste Dave Eggers, en 2019. Et ce film est un bijou qui oscille entre fantaisie et aventure avec une touche de comédie dramatique. Je voulais vous en parler. Mieux vaut tard que jamais.
Vu et revu avec mon neveu, Max et les Maximonstres fait partie des films favoris.
L’histoire : Max a 9 ans et une imagination débordante. Il se sent assez seul avec une maman divorcée préoccupée par les choses de la vie et une grande sœur Claire. Cette dernière ne fait rien lorsque ses amis détruisent l’igloo construit par Max – avec lui à l’intérieur – lors d’une bataille de boules de neige. Vexé et frustré Max met le désordre dans sa chambre et détruit un cadeau qu’il a fait pour elle.
Plus tard, sa mère, Connie (Catherine Keener), invite son ami Adrian à dîner. Max se fâche contre elle aussi car elle ne passe pas assez de temps avec lui. Vêtu de son costume de loup, il s’agite et commence à faire des ravages dans la maison. Alors que Connie le gronde, il se déchaîne en la mordant à l’épaule. Elle lui crie dessus et il se réfugie dans sa chambre puis dans son imagination.
Dans le livre, sa chambre se transforme en jungle. Dans le film, il navigue sur une mer agitée dans un petit bateau qui ressemble à un jouet de bain. Il arrive sur une île habitée par des Maximontres.
Ces monstres géants sont des créatures lugubres, maladroites, querelleuses, méchantes ou tendres, qui, après quelques paroles échangées, l’acceptent comme roi. Et au lieu d’avoir peur ou de paniquer, Max prend le dessus. Ils sont finalement moins effrayants que les adultes ou les enfants plus grands et en tout cas moins décevants.
Les quelques pages de l’album de Sendak – seulement 9 phrases – deviennent un long métrage drôle et tendre sur un morceau de l’enfance. Ces moments quand la colère ou la peine prend le pas sur la raison. Le film a été développé en une étude psychologique complète sur la solitude et les dysfonctionnements de l’enfance, dans laquelle un garçon indiscipliné explose de tristesse et de rage face aux frustrations à la maison.
Max et les Maximontres est un bijou dans la façon de montrer de manière métaphorique la colère qui monte contre un parent, la fuite provocatrice dans l’imaginaire, la rebellion, la conversation difficile, puis le besoin fondamental de rentrer à la maison et d’être aimé et rassuré. Toutes ces étapes sont explorées dans l’album et le sont puissance mille dans le film.
L’île des Maximonstres a une étrangeté qui n’est pas immédiatement évidente. C’est en partie une forêt, en partie une série de falaises menant à une plage déserte balayée par le vent et bombardée de vagues dangereuses. Pourtant, ce vent fort s’éteint lorsque Max se promène avec l’une des créatures dans un désert sans limite. C’est une terre souvent baignée dans une lumière éclatante de coucher de soleil, ce qui ajoute un niveau supplémentaire d’irréalité et de désorientation.
Et alors qui sont ces Maximonstres ?
Il y a :
- Carol, le chef impulsif et colérique dont Max devient le confident
- KW, la solitaire du groupe qui devient une figure maternelle bienveillante pour Max
- Douglas, un monstre gardien de la paix ressemblant à un cacatoès qui est le meilleur ami de Carol
- Ira, un monstre doux à la voix douce
- Judith, ressemblant à un lion à trois cornes qui est la petite amie agressive et bruyante d’Ira
- Alexandre, ressemblant à une chèvre qui est ignoré, rabaissé et parfois maltraité
- Le Buffle, intimidant et calme ressemblant à un taureau qui reste dans son coin et parle rarement
- Enfin, Bob et Terry, deux hiboux qui sont les amis de K.W
Je laisse le psy en chacun de vous d’analyser ce que cela veut dire.
Ces monstres maintenant plus ou moins sous la gouverne de Max acceptent son plan de construire un grand fort. Mais il est clair que son règne, si c’est bien ce qu’il est, est condamné. Max semble en désaccord avec quelques créatures sauvages, et il existe une division garçons/filles dans ce nouveau monde qui fait écho à sa vie à la maison où l’autorité est féminine.
Mais avant tout : ils vont faire une fête épouvantable !
Je vous laisse découvrir la suite par vous-même.
Malgré des récits qui semblent aux antipodes, il y a, comme dans Her, deux mondes dans Max et les
Maximontres : le réel de la maison de Max et l’île imaginaire des Maximonstres. D’un côté un monde décevant, terre-à-terre, et de l’autre un monde merveilleux ou fantasmatique : la vraie vie et la vie rêvée. Ce second monde ou ce nouveau monde se révèle de prime abord bien plus drôle et excitant que le premier, même s’il n’empêche pas les accès de tristesse ou de doute, même s’il se révèle à l’usage intenable… Max ne peut rester indéfiniment dans l’île.
Les voix des monstres sont incroyables que ce soit en VO ou en VF. Les monstres sont un mélange de marionnettes et d’animation numérique. Les prises de vues ont été réalisées grâce à de véritables costumes et d’animatroniques avant que les mouvements des visages soient complétés et affinés numériquement par la suite (dixit Wikipédia).
La lumière et les couleurs, comme toujours dans les films de Spike Jonze, sont magnifiques. Les musiques le sont tout autant, entre autres grâce à Karen O.
C’est amusant, frustrant, drôle, triste, émouvant et oui j’ai un peu pleuré. La faute de Max Records, qui joue Max, et qui est très attachant. La faute de Carol aussi… Et d’Alexandre… Et… Et…
J’aime décidément beaucoup le travail de Spike Jonze.
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