Caméra dessinée sur fond jaune
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Lady Bird

Christine McPherson (Saoirse Ronan) préfère être appelée « Lady Bird » (« given name » en anglais, le nom donné parce qu’elle se l’est donné à elle-même). Elle veut être actrice, mais n’obtient que de petits rôles sans nom dans les pièces de théâtre de son lycée. Elle veut aller à une université comme Yale, mais probablement pas Yale, parce que ses notes ne sont pas assez bonnes pour y entrer.

Elle bouillonne constamment avec des passions qui se heurtent à sa mère (Laurie Metcalf), infirmière fatiguée, et sont écoutées par son père, patient et bienveillant (Tracy Letts), un programmeur informatique au chômage. Et surtout elle est sûre de toutes les choses passionnantes qu’elle veut faire dans la vie.

Avec Lady Bird, portrait personnel et autobiographique, la réalisatrice et scénariste Greta Gerwig a créé un incroyable portrait de jeunesse – intense, parfois insensible et cruel, parfois drôle et toujours émouvant – dans un film à voir. 

Lady Bird FilmLady Bird possède le sort et le don liés à la jeunesse, avec ce que cela a de familier et souvent douloureux : la certitude absolue. Elle ressent tout fortement, exprime ses opinions à haute voix, énerve et charme tout autant les gens autour d’elle sans le vouloir. Au bord de l’âge adulte, elle est si résolue dans son désir d’aller à l’université sur la Côte Est (loin de sa maison de Sacramento – Californie) qu’elle se jette hors de la voiture en marche de sa mère Marion lorsque cette dernière tente de la raisonner.

Un autre film pourrait définir ce moment comme effrayant ou stupide, mais celui-ci célèbre la volonté adolescente de Christine, peu importe à quel point cela peut parfois être extrême. Ce qui motive le désir fou de Lady Bird de quitter le « mauvais côté des rails » de Sacramento ce n’est pas tant de devenir actrice que de secouer sa vie et la transformer.

Ses parents ont leurs faiblesses ; sa mère cherche la petite bête – ce qui donne lieu à des réparties pleines d‘humour, son père est un gentil mais ils sont présentés avec sensibilité et sont des personnes aimantes. Son lycée n’est pas oppressif ou strict, il est même plutôt ouvert et bienveillant. 

Lady Bird n’est pas un film sur les problèmes et les brûlures de l’adolescence ; c’est juste la merveilleuse et rare étude de caractère d’un jeune femme qui détermine son identité et affrontent les obstacles qui en découlent.

Le film, qui se passe en 2002, porte une grande attention aux détails : la musique, les vêtements et l’attitude post 11 septembre. Les différences de classe sociale sont apparentes mais discrètes, les angoisses qui en découlent aussi. La mère prend les désirs d’envol de sa fille à cœur, peut-être trop personnellement et s’inquiète qu’elle ne soit pas capable de financer ses envies. « Mon travail est que vous restiez réaliste » explique la conseillère du collège, et Christine de répondre dans un soupir, « il semblerait que ce soit le job de tout le monde« .

Laurie Metcalf est formidable dans le rôle ingrat d’une mère protectrice, affective et maladroite, dont l’amour pour sa fille est aussi évident que frustré et frustrant. Le film montre ce lien entre mère et fille, un lien connecté mais conflictuel. Greta Gerwig sait combien les enfants peuvent blesser leur parent et vice-versa.

Elle met en scène une galerie de portraits très réels, émouvants, comme une série d’hommages à celles et ceux qui sont dans sa vie ou l’ont traversée à un moment.

Le père dans un rôle plus effacé, mais tout aussi important, est un homme de 50 ans qui connaît le chômage banal et douloureux, « l’humiliation » des entretiens d’embauche en compétition avec des plus jeunes, dont son fils, etc. Le premier copain issu d’une famille aisée, gay et dans l’impossibilité de faire son coming out. Le prêtre (Stephen Henderson), professeur de théâtre, qui lui aussi connaît une histoire douloureuse. La meilleure amie, Julie (Beanie Feldstein), émouvante et drôle dans sa sincérité naïve. Le frère aîné (Jordan Rodriguez), moins rebelle et tout aussi sympathique. Et tous les autres dont Timothée Chalamet, qui joue Kyle, la « première fois » de Christine.

C’est un film qui ne raconte pas grand-chose quand on y pense. Quoi de plus universel, de plus banal que de grandir. Et pourtant..
Et de souhaiter que toutes les adolescentes puissent se créer un destin similaire.

 

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