Le divorcé

Et voilà, j’ai 50 ans et je divorce. Je ne sais plus qui l’a décidé le premier. Je ne sais même pas si je dois être surpris ou soulagé. Je ne sais pas vraiment comment le vivre.

Ce que je sais c’est que j’ai aimé ma femme, mon ex-femme, et je l’aime encore. 25 ans passés avec elle – la moitié de ma vie – ça laisse des traces. Elle est celle qui comptera le plus. C’est quasi mathématique. Même si je rencontre quelqu’un d’autre et que je tombe à nouveau amoureux, ce ne pourra jamais être aussi long.

J’ai 50 ans et je divorce. Je le répète parce que c’est une réalité à laquelle je n’avais pas pensé. J’ai besoin de le concrétiser. Mettre des mots sur des actes. Analyser. Comprendre. Puis aller de l’avant.

Elle a été forte quand j’étais faible, calme quand j’étais anxieux, douce quand j’étais brusque. Elle a été ma compagne et mon amante. L’amitié je la cherchais ailleurs. L’amitié cachée dans les fonds de verres, partagés avec les gens de passage, de rencontres aux comptoirs de bars. Elle comprenait, elle acceptait. Je n’allais pas changer. Je lui avais assez répété.

J’ai 50 ans et je divorce. Je vous soûle un peu je suppose. Je me soûle aussi. Trop, quasi toutes les nuits. Comme s’il fallait que je me rende malade pour qu’elle parte de mon système. Combien de gueules de bois, de maux de ventre, de corps avant qu’elle sorte de ma tête…

Elle a peut-être cessé de m’aimer quand j’ai continué à trop m’amuser. Et qu’elle s’est sentie mise de côté. Quand mes envies sont devenues mes priorités. Je ne lui ai rien interdit mais tous les jours, les enfants, la vie… On oublie. Finalement elle a eu raison. Elle mérite de vivre une nouvelle passion. Une rencontre qui la fasse frémir. Un amour qui la fasse rire.

J’ai 50 ans et je divorce. Je sais, il faut changer. Je vais me reprendre. Elle ne reviendra pas. Elle continue sa vie sans moi. Et je ne lui en veux pas.