Neverhome
J’ai beaucoup lu ces derniers temps. beaucoup de romans français, avec des coups de cœur dont je parlerai une autre fois. Et puis il y a la littérature vers laquelle je reviens quand je ne sais plus quoi lire, l’anglaise et l’américaine. Et si j’ai aimé quelques livres anglais (pas encore traduits en français, donc on attendra la publication en français pour en parler), j’ai encore plus aimé la rentrée littéraire américaine.
D’autant que l’histoire américaine est un vivier sans fin pour les écrivains. Elle est ce mélange d’idéologie et de violence qui sied aux grands romans épiques. Et comme déjà dit auparavant, ce sont tout de même les américains qui savent le mieux raconter une histoire de guerre.
Je vais commencer par Neverhome de Laird Hunt qui raconte avec force et talent, la Guerre de Sécession.
Sa guerre, telle qu’il m’en parla, était celle que l’on trouve narrée dans les livres […] Il y a des dates de ceci, des batailles cela. Les hommes : des fantassins dans la guerre des cieux. Et bon nombre des femmes : des saintes voire des anges, tout aussi bénies que dépourvues de la moindre égratignure.
Mais cette guerre racontée par Ash n’est en rien la même que celle des livres.
L’histoire : Dans la ferme de l’Indiana qui l’a vue grandir, Constance jouit enfin, auprès de son compagnon, d’un bonheur tranquille. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate et que Bartholomew est appelé à rejoindre les rangs de l’armée de l’Union, c’est elle qui, travestie en homme, prend sans hésitation, sous le nom d’Ash Thompson, la place de cet époux que sa santé fragile rend inapte à une guerre qu’elle considère comme impensable de ne pas mener.
Pour Ash/Constance et pour des milliers d’hommes et de femmes.
« …combattre pour libérer l’homme qui est dans les fers était l’acte le plus admirable qu’on pût imaginer ».
L’histoire de Constance est celle de plus d’une centaine de femmes qui se sont engagées dans l’armée. Mais ce qui a commencé comme une quête héroïque, quelque chose proche d’une guerre honorable pour combattre l’esclavage devient un cauchemar.
« Le fait de rester debout en ligne dans votre uniforme bleu vif, le visage répugnant et la tête grouillante de poux, à compter les morts accumulés parmi vos connaissances tout en vous faisant tirer dessus sans arrêt, ça change votre façon de voir les choses. […] La mort était le sous-vêtement que nous portions tous. »
La guerre – même du coté « des bons » – laisse des ravages sur la pauvre âme d’Ash qui devient un narrateur faillible. Les fantômes et les morts la troublent autant que les vivants la tourmentent.
Ses lettres à l’homme resté derrière sont les marqueurs de ses batailles, ses combats, ses aventures mais aussi de ses doutes et réalisations. L’écriture de Laird Hunt donne aux combats extérieurs et intérieurs une force douloureuse.
L’imagination délirante prend parfois le dessus et on ne parvient plus à distinguer le vrai du faux :
« …. aussi ma mère vint-elle dans mon rêve se placer au centre des vestiges en cendre de notre maison, qui avait été la sienne, et se mit à pleurer. Les larmes de ma mère durent se frayer un chemin hors du rêve et jusqu’à mon visage, car quand je m’éveillai, elles étaient là ».
Cette histoire est également l’histoire de la violence. L’histoire d’une volonté sans faille, d’amour intense et d’esprit pur qui cachent, sous ce vernis magnifique, la férocité et l’injustice qui continuent à vivre dans les vies et les esprits américains.
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2 commentaires
Burntoast
On a pensé longtemps que le rêve était un moyen pour nos proches disparus de nous contacter. Quelque chose d’aussi étrange que le rêve, avec ses images parfois saisissantes d’exactitude, était tout a fait accepté comme faisant partie des choses en relation avec l’autre monde.
Fred
J’ai rarement lu sur la guerre de sécession donc je vais faire confiance à ta critique et le lire.